SYNOPSIS :
Un Japon imaginaire, du présent plutôt que de l’avenir.
Un jeune aspirant scénariste vit dans un bidonville pittoresque
du style Dodes’caden. Celui-ci se situe en bordure d’un champ
de ruines, où la Seconde Guerre Mondiale continue à
se poursuivre. De l’autre côté du champ de ruines
/ batailles, la tour de Babel : le siège de la télévision.
La vie du jeune scénariste alterne entre son quotidien
dans l’univers démoniaque (et pourtant parfaitement réaliste)
de la TV, sa cohabitation avec ses étranges voisins de
bidonville et la guerre, qui, peu à peu, déborde
du cadre délimité où elle se déroule.
Le jeune scénariste cherche à terminer son premier
scénario. Il rencontre l’amour de " l’Idiote ".
Les cataclysmes commencent, puis s’enchaînent. Réalité
ou fiction ? |
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POINT DE VUE
J’avais écrit aux
Cahiers du Cinéma pour regretter que Laure Charcossey
y assassinât le film en quelques lignes, critiquant
surtout la contre-plongée vertigineuse du dernier plan,
qui était pourtant une très vertigineuse plongée,
et ne s’attardant guère sur le fait, pourtant capital,
que Tezuka Makoto soit le fils de Tezuka Osamu, le Disney
nippon. Evidemment, il n’y a jamais eu de réponse.
A propos de l’impressionnant, et pourtant souvent ennuyeux,
Les Bateaux de l’Enfer, Bazin avait naguère,
dans ces mêmes Cahiers, regretté à
juste titre qu’une partie de l’intérêt du film
soit obérée par le caractère indistinct
des physionomies qu’on peut y voir. Dans l’indifférence
de Laure Charcossey pour l’identité du réalisateur
semble transparaître, au mieux, un héritage de
la lucidité du génie AB… En 2001, il était
beaucoup plus important d’enchaîner dossier sur dossier
sur le " Loft " que de s’attarder sur
un film que seules deux courageuses salles passaient.
Pourtant, ceux qui ont vu
ce film, Hakuchi de Makoto Tezuka, donc, ne peuvent
nier qu’il s’agit du film le plus inventif, le plus imaginatif,
le plus original sorti en 2001, peut-être même
du meilleur, en tout cas du plus marquant. C’est un des films
les plus baroques jamais réalisés, un incroyable
fourre-tout certes déséquilibré et stéréotypé
par moments, mais d’une richesse visuelle et d’une puissance
d’imagination qui contrastent, de toutes les façons,
le plus salutairement qui soit avec l’univers étriqué,
plat, mesquin, borné, qu’on célèbre trop
souvent en tant que cinéma " d’auteur ".
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Le résumé
de l’intrigue ne donne qu’une idée insuffisante de
l’habileté finalement très grande avec laquelle
l’auteur nous fait accepter, par le réalisme qu’il
emploie pour les décrire, la cohabitation des trois
univers du film, et la lente progression vers une suite d’apocalypses
qu’on peut certes trouver totalement grandiloquentes, mais
que, pour ma part, je trouve d’une audace inouïe dans
leur démesure, une audace que strictement personne
n’a encore jamais eue en France. Traiter cela de prétention
est évidemment facile, mais il y a, à la vérité,
beaucoup plus d’humilité dans l’étalage en une
seule fois de toutes ses inspirations (signe de la certitude
qu’on a de ne peut-être jamais plus refaire quelque
chose), que dans la distribution parcimonieuse de ses bonnes
idées, dans l’idée qu’on fera certainement des
films toute sa vie. Réalisé en 1999, Hakuchi
est à ce jour le seul film de Tezuka junior. Voyez-le.
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Titre : Hakuchi l'Idiote
Titre Anglais :
Hakuchi The Innocent
Réalisateur :
Tezuka Makoto
Scénario :
Makoto Tezuka
Acteurs : Tadanobu Asano,
Miyako Koda, Masao Kusakari, Reika Hashimoto,
Syunji Fujimura, Kyoko Enami
Directeur de la photographie :
Junichi Fujisawa
Montage : Yoshiyuki
Wada
Musique : Ichiko
Hashimoto
Producteur : Binbun
Furusawa, Toshihiro Isomi
Festivals : Venice
99: Dreams And Visions (Prix), Helsinki, Pusan,
Goteborg, Lake Arrowhead (Best Film), Deauville
Asian, Singapore, Nantes
Durée :
2h30
Année :
1999
Pays : Japon
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