SYNOPSIS :
Happy Times est à la fois une farce et un conte
de fées. Il nous est en tout cas présenté
comme tel : un jeune et pauvre retraité cherche
une épouse par agence interposée. Lorsqu’il trouve
enfin chaussure à son pied, celle-ci lui demande une
forte somme d’argent pour le mariage. Il s’invente alors directeur
d’un grand hôtel. Son seul recours est un bus abandonné
qu’il improvise cachette (payante) pour les amoureux en mal
d’intimité. |
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CENDRILLON ET LES SEPT
NAINS
A première vue, le
film s’approche plus du théâtre de boulevard
(ce qui est confirmé lorsque, rentrant chez sa " fiancée ",
il la découvre déjà mariée), avec
en outre les fondations du conte de fées qu’affectionnait
Walt Disney : la femme qu’il doit épouser est
une marâtre énorme et hypocrite, gavant son non
moins imposant fils de sucreries, et exploitant la fille de
son ex-mari, aveugle de surcroît.
Le film oscille alors entre
comique et tragique, penche vers le mélodramatique.
Le futur époux prend la jeune fille sous son aile et
tente de lui redonner le sourire en lui mentant à son
tour : aidé de six camarades (ce qui nous fait
un total de sept, sept apprentis sauveurs, sept nains avec
chacun une particularité distincte : prof, farceur,
etc…), il lui fait croire qu’elle travaille pour un grand
hôtel en tant que masseuse.
L’aspect théâtral
se renforce alors. Les sept compères établissent
une salle de massage fictive dans un entrepôt désaffecté
et se relaient afin de se faire masser. Les autres épient
alors d’en haut (la salle n’a pas de plafond) les saynètes,
s’assurant que la jeune fille " n’y voit que du
feu ". Happy Times serait-il un métafilm ?
Tout est mis en place : un décor, des acteurs,
un metteur en scène, mais, faute de réel public,
du dispositif présenté comme tel il ne reste
qu’une mascarade qu’on hésite à prendre au premier
degré.
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Décidément,
les sept nains semblent être de plus en plus présents :
gentils mais un peu niais; aucun ne soupçonne que leur
jeune protégée est plus intelligente qu’eux,
elle dont les sens sont affinés par son infirmité.
Celui que l’on aide n’est peut-être pas celui qu’on
croit. Un tragique accident clôt le film en demi-teinte.
Le triomphe des sentiments vrais est-il préférable
s’il met la vie et les sens en péril ? Le monde
que les sept nains s’étaient créés ne
pouvait palier à la réalité. La morale
serait-elle : le cinéma est fictif, les contes
de fées le sont également, la réalité
en est d’autant plus dure.
Le film reste tout de même
d’une grande simplicité, à l’image des contes
dont il s’inspire. Le bien et le mal, d’abord clairement définis,
semblent se complexifier, mais les naïfs nains, malgré
leur supercherie, non conscients de pouvoir faire le mal ne
blessent personne. La réelle question que l’on est
amené à se poser devant Happy Times est,
elle aussi, morale : le mal qu’ils se donnent pour aider
la jeune-fille, en plus d’être d’une profonde naïveté,
n’est-il pas au contraire de l’égoïsme ?
A cela, Zhang Yimou semble nous dire " on ne
voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour
les yeux ", en prenant la citation au pied de
la lettre. Reste un sentiment contradictoire : à
quel degré prendre le film ?
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Titre : Happy Times
Titre V.O : Xingfu
shiguang
Réalisateur :
Zhang Yimou
Scénario : Gui
Zi
D'après le roman de :
Mo Yan
Acteurs : Zhao
Benshan , Dong Jie , Fu Biao , Dong Lifan
Photo : Hou Yong
Musique : San Bao
Production : Guangxi
Films Studios, Zhu Hai Guo Gi Ent., Beujing New
Pictures, 20th Century Fox
Distribution : Diaphana
Distribution
Sortie France : 10 Juillet
2002
Durée : 1h 36mn
Année :
2000
Pays : Chine
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