SYNOPSIS :
Dans un cinéma porno hétérosexuel... Une
histoire d'amour entre la caissière du cinéma,
un homme de cinquante ans et un projectionniste nettement plus
jeune... La caissière abusera de la naïveté
du projectionniste pour draguer l'homme de cinquante ans...
L'homme de cinquante ans se servira de la complicité
de la caissière pour draguer le jeune projectionniste...
La caissière se racontera... On découvrira qu'elle
est partie de chez elle à seize ans... Qu'elle s'est
prostituée... Qu'elle a eu la même vie que l'homme
de cinquante ans... L'homme de cinquante ans, écrivain
à ses heures... ancien gigolo... se racontera avec humour... |
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POINT DE VUE
Jacques Nolot poursuit un
sillon autobiographique et hyper intimiste, amorcé
avec L’Arrière –pays, en poussant peut-être
un peu plus loin la mise en danger inhérente à
la représentation de soi puisqu’il a aborde la question
sexuelle, domaine intime par excellence et aussi domaine central
de l’existence, où s’accomplit la vérité
d’un être.
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Soit un cinéma porno,
unique lieu du film, que Nolot divise rigoureusement en deux
espaces distincts : le hall, où trône une
caissière inamovible et un projectionniste amoureux
d’elle, et la salle, lieu obscur et sordide où les
hommes viennent se rincer l’œil voire se faire des gâteries.
Il faut reconnaître que Nolot a plutôt habilement
tiré parti de ce lieu et le filme plutôt bien.
La salle est cradingue à souhait (sièges défoncés,
papier peint immonde, toilettes atroces …) favorisant une
promiscuité obscure et anonyme. Il y a là une
sorte de poésie de pissotière que Nolot semble
parfaitement assumer (Nolot a un coté Nuits Fauves).
Paradoxalement, l’extrême laideur de l’endroit s’accompagne
d’une certaine élégance de la forme cinématographique :
beauté des mouvements d’appareils, des travellings,
des éclairages ; mouvement des corps, qui s’attirent
ou se repoussent, réglés comme un véritable
ballet du désir. Nolot dit d’ailleurs avoir été
influencé par In the mood for love.
Ce qui est très curieux
dans ce film un peu bancal, c’est le caractère pour
une part fantasmé de la reconstitution, qui se voit
à la façon dont Nolot mêle des éléments
rétro et contemporains. Ces cinémas là
ont un parfum années 70 et ils ont presque tous disparus,
terrassés par la vidéo. Dans cette œuvre aussi
centrée sur le moi, il faut peut-être voir un
propos politique : la salle porno comme utopie concrétisée
où s’accomplit un communisme (homo)sexuel, brassant
les classes et inversant les genres ; de la portée
politique, c’est à dire subversive, du travesti. En
tout cas, avec cette chatte à deux têtes,
Nolot confirme une conception du cinéma comme mise
en danger de soi, mise à l’épreuve. Pour reprendre
une phrase de Leiris, le cinéma comme une tauromachie.
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Titre : La Chatte à deux
têtes
Réalisation :
Jacques Nolot
Scénario : Jacques
Nolot
Interprètes :
Vittoria Sconamiglio, Jacques Nolot, Sébastien
Viala, Olivier Torrès, Lionel Goldstein,
Frédéric Longbois, Fouad Zeraoui,
Jean-Louis Coquery, Raphaëline Goupilleau,
Pascal Varley
Photo : Germain Desmoulins
Montage : Sophie Reine
Son : Jean-Louis Ughetto
Décors : Patrick
Durand
Production : Elia Films
Producteur : Pauline
Duhault
Presse : Agnès
Chabot
Distribution : Mars
Films
Sortie France : 16 octobre
2002
Durée
: 1h 27 mn
Pays : France
Année :
2001
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