Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
La Chatte à deux têtes (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2002
Un Certain Regard

LA CHATTE A DEUX TETES

de Jacques Nolot
Par Marc LEPOIVRE


SYNOPSIS : Dans un cinéma porno hétérosexuel... Une histoire d'amour entre la caissière du cinéma, un homme de cinquante ans et un projectionniste nettement plus jeune... La caissière abusera de la naïveté du projectionniste pour draguer l'homme de cinquante ans... L'homme de cinquante ans se servira de la complicité de la caissière pour draguer le jeune projectionniste... La caissière se racontera... On découvrira qu'elle est partie de chez elle à seize ans... Qu'elle s'est prostituée... Qu'elle a eu la même vie que l'homme de cinquante ans... L'homme de cinquante ans, écrivain à ses heures... ancien gigolo... se racontera avec humour...

....................................................................

POINT DE VUE

Jacques Nolot poursuit un sillon autobiographique et hyper intimiste, amorcé avec L’Arrière –pays, en poussant peut-être un peu plus loin la mise en danger inhérente à la représentation de soi puisqu’il a aborde la question sexuelle, domaine intime par excellence et aussi domaine central de l’existence, où s’accomplit la vérité d’un être.

  La Chatte à deux têtes (c) D.R.
Soit un cinéma porno, unique lieu du film, que Nolot divise rigoureusement en deux espaces distincts : le hall, où trône une caissière inamovible et un projectionniste amoureux d’elle, et la salle, lieu obscur et sordide où les hommes viennent se rincer l’œil voire se faire des gâteries. Il faut reconnaître que Nolot a plutôt habilement tiré parti de ce lieu et le filme plutôt bien. La salle est cradingue à souhait (sièges défoncés, papier peint immonde, toilettes atroces …) favorisant une promiscuité obscure et anonyme. Il y a là une sorte de poésie de pissotière que Nolot semble parfaitement assumer (Nolot a un coté Nuits Fauves). Paradoxalement, l’extrême laideur de l’endroit s’accompagne d’une certaine élégance de la forme cinématographique : beauté des mouvements d’appareils, des travellings, des éclairages ; mouvement des corps, qui s’attirent ou se repoussent, réglés comme un véritable ballet du désir. Nolot dit d’ailleurs avoir été influencé par In the mood for love.

Ce qui est très curieux dans ce film un peu bancal, c’est le caractère pour une part fantasmé de la reconstitution, qui se voit à la façon dont Nolot mêle des éléments rétro et contemporains. Ces cinémas là ont un parfum années 70 et ils ont presque tous disparus, terrassés par la vidéo. Dans cette œuvre aussi centrée sur le moi, il faut peut-être voir un propos politique : la salle porno comme utopie concrétisée où s’accomplit un communisme (homo)sexuel, brassant les classes et inversant les genres ; de la portée politique, c’est à dire subversive, du travesti. En tout cas, avec cette chatte à deux têtes, Nolot confirme une conception du cinéma comme mise en danger de soi, mise à l’épreuve. Pour reprendre une phrase de Leiris, le cinéma comme une tauromachie.



Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir




Vacarme
: interview de Jacques Nolot




Titre
 : La Chatte à deux têtes
Réalisation : Jacques Nolot
Scénario : Jacques Nolot
Interprètes : Vittoria Sconamiglio, Jacques Nolot, Sébastien Viala, Olivier Torrès, Lionel Goldstein, Frédéric Longbois, Fouad Zeraoui, Jean-Louis Coquery, Raphaëline Goupilleau, Pascal Varley
Photo : Germain Desmoulins
Montage : Sophie Reine
Son : Jean-Louis Ughetto
Décors : Patrick Durand
Production : Elia Films
Producteur : Pauline Duhault
Presse : Agnès Chabot
Distribution : Mars Films
Sortie France : 16 octobre 2002
Durée : 1h 27 mn
Pays : France
Année : 2001