SYNOPSIS :
Un vieil homme célibataire et une femme sexagénaire
tombent irrésistiblement amoureux dans un centre pour
personnes âgées, comme si le destin se devait de
les réunir. Ils décident de vivre ensemble et
leur amour grandit en chanson, étude et sexe, ce qui
paraît impossible à leur âge. En redécouvrant
la vie, ils se sentent trop jeune pour mourir. |
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POINT DE VUE
Issu de la télévision,
Park Jin-Pyo réalise avec Too Young To Die un
film étrange, bouffon et limpide, qui s’attache à
décrire la naissance de l’amour chez un couple de personnes
âgées. Un vieil homme rencontre dans un parc
une vieille veuve. Ils décident d’habiter ensemble.
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Les péripéties
anodines du scénario, vraisemblablement véridiques,
composent un continuum figé dans l’a-temporalité
propre à l’amour. En choisissant de donner à
voir la vie de ce couple en autarcie, Park Jin-Pyo rend sensible
le caractère catastrophique que revêt le moindre
accident du quotidien : un réveil fiévreux,
une absence trop prolongée de l’une s’offre comme autant
de bouleversements susceptibles de remettre en cause l’équilibre
vital et amoureux de l’autre. La fusion de la futilité
et de la gravité caractérise ainsi la tonalité
globale du film. Quasi-entièrement tourné en
huis clos, Too Young To Die adopte une mise en scène
hétérogène, mais privilégiant
surtout le plan-séquence. Ce découpage a deux
mérites. Tout d’abord celui de déployer dans
le temps l’avènement d’une vérité de
" jeu " de la part des " comédiens " (Too
Young To Die constitue en effet le prolongement fictionnel
d’un documentaire réalisé par la télévision
coréenne et consacré au couple). Chaque plan-séquence
donne à voir la transformation d’une situation imposée
par le scénario en " jeu amoureux " :
la réalité de ce couple fait retour dans le
partage des rôles que chacun endosse. Successivement
l’homme, puis la femme, prennent le dessus sur l’autre, donnant
à voir la construction du couple, non pas comme une
fusion, mais comme l’acceptation mutuelle du désir
de domination de l’autre. Le couple ne se construit pas tant
à deux, qu’à " un plus un ".
En ne se focalisant que
sur le rapport amoureux, en soustraction des autres pans de
la vie de ses protagonistes, Too Young to Die relève
le pari de montrer, dans la plus grande proximité,
la vieillesse - qui plus est amoureuse. Dès lors, Park
Jin-Pyo n’élude pas le ridicule de certaines attitudes
du couple, la sénilité qui tronque leurs gestes
et leur discours, mais aussi leurs poussées d’exaltation
enfantine. Fidèles au paradoxe que contient son titre,
les personnages sont jeunes de leur amour et se comportent
aussi comme des adolescents ; mais Too Young To Die
dépasse le cliché qui veut que le vieillard
et l’enfant se retrouvent, par une mise en scène qui
prend acte de cette conjonction en juxtaposant les influences
et les esthétiques, et en ne reculant jamais devant
la bouffonnerie. En adoptant le parti-pris du grotesque dans
certaines séquences, Park Jin-Pyo a l’intelligence
de prévenir les dérives sentimentalistes ;
c’est un parti-pris risqué, que le film assume profondément.
Dans Too Young To Die, affleure la mémoire d’un
cinéma attaché à scruter la douce complexité
de la construction d’une joie dans l’amour, à l’instar
des premiers films Milos Forman.
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