SYNOPSIS :
Grand seigneur, magicien, phénix, légende vivante,
autodidacte de génie, John Lee Hooker africain… Aucun
mot ne semble assez fort pour qualifier l’aura mystique qui
entoure le personnage d’Ali Farka Touré, surnommé
le "bluesman du désert". Le film évoque
avec moult détails l’histoire de cette incroyable vie,
véritable récit initiatique qui l’a mené
sur les pistes occidentales pour s’achever par un retour aux
sources : le Mali. |
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POINT DE VUE
Il y a un an, Kiarostami
nous livrait un film politique sur l’Afrique : ABC
Africa, avec lequel il tentait d’unir le cinéma
- en tant qu’art - avec des essais poétiques, et le
cinéma documentaire - et plus encore, engagé
- sans que l’un et l’autre arrivent réellement à
se fondre en un : l’enjeu du film et le désir
du réalisateur ne battant sans doute pas à l’unisson.
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Avec Ali Farka Touré, Marc
Huraux nous livre également une œuvre poétique,
mais d’un genre tout à fait différent de celui
de Kiarostami. Les deux cinéastes étrangers
débarquent en pays inconnu : l’Afrique, chargée
de mystère mais néanmoins attirante. Mais alors
que Kiarostami décide de présenter son film
comme un voyage, un exil temporaire dans une contrée
ouvertement définie comme étant différente,
le cinéaste, accompagné d’Ali nous entraîne
dans un voyage intérieur : intérieur au
pays, car ils parcourent le Mali d’un bout à l’autre,
et nous font découvrir par là même la
vie et l’intériorité de celui qui est notre
point d’ancrage, le pivot du film, et présenté
comme tel : le musicien Ali Farka Touré.
Une profonde communion se
fait alors sentir : celle du réalisateur et du
musicien, celle de l’homme et de sa terre, celle enfin de
la musique et des lieux qu’elle habite, ce son si spécifique
qui la rend unique.
Voguant entre la réalité
miséreuse de l’avant-récolte et les mythes " génétiques ",
nous nous imprégnons peu à peu d’un pays sec
mais vivant. Et quel ambassadeur serait mieux désigné
que Ali Touré, dit Farka, le miraculé, seul
survivant d’une famille de dix enfants… Ce musicien qui vit
par la musique à travers le monde est un homme qui
vit pour son pays. Il créa son hymne, qui devient celui
de son pays et vit désormais bien au-delà. Mais
son destin semble être trop imposant, et la musique
est devenue, à plus de soixante ans, un sacerdoce qu’il
désire transmettre, dont il veut se séparer
afin de se consacrer à sa famille et à la religion.
Une ambition bien mystérieuse pour les occidentaux
avides de fortune et de notoriété… Un désir
aussi mystérieux que les génies qui peuplent
le fleuve, aussi mystérieux que celui qui est apparu
à Ali, il y a cinquante ans, lors d’une crise de démence,
aussi mystérieux enfin que la vie de ce musicien dont
le cinéaste note méticuleusement dans un carnet
les dates butoirs.
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