SYNOPSIS :
La prison de Brandenbourg, 2000 : Martin Schultz est relâché
après 11 ans d'emprisonnement. Comme citoyen de l'ancienne
République Démocratique Allemande, il a vécu
de sa cellule la chute du Mur. A sa libération, il reçoit
les effets qu'il avait en sa possession au moment de son arrestation
: une carte d'identité bleue, un permis de conduire de
l'Allemagne de l'Est, et un portefeuille rempli de billets de
l'Est. Martin est plein d'espoir quand il rentre chez lui, mais
c'est à peine s'il reconnaît encore Berlin Est.
Le " Nouveau Berlin " a déjà pris le dessus et
le " Vieux Berlin Est " s'accroche désespérément
à ses traits restants. Cette absence de 11 ans est comme
une machine à remonter le temps et Martin rencontre de
nombreux problèmes tandis qu'il cherche sa place dans
ce " nouveau " monde. |
....................................................................
|
POINT DE VUE
Il s’agit du premier film
d’un jeune cinéaste de 32 ans (30 ans à l’époque
du tournage). L’histoire, solidement construite, est bâtie
autour d’un personnage aussi décalé que volontaire,
sorte d’autoportrait idéal du réalisateur, à
qui l’acteur principal ressemble d’ailleurs un petit peu.
Celui-ci, Jörg Schüttauf, est la principale attraction
et la seule véritable justification du film. Impeccablement
dirigé, cet homme, star du petit écran originaire
de RDA, dégage une force retenue, un magnétisme
extraordinaire. Composant une espèce de James Cagney
de notre temps (petit, blond, râblé, le
verbe haut quand il daigne parler) il promène une présence
menaçante, à tous moments au bord de l’explosion.
Sa performance d’acteur en ex-taulard désabusé,
qui ne demande plus qu’à ne plus se méfier de
tout, est une des plus impressionnantes qu’on ait pu voir
au cinéma au cours de ces dernières années.
Il y a vraiment des prix d’interprétation masculine
qui se perdent.
Autour de ce personnage
fabuleusement interprété, gravite toute une
galerie de figures malheureusement très stéréotypées :
le pornographe roumain, sentencieux mais au grand cœur ;
le noir musclé traité de singe ; le gentil
raté un peu crétin, un peu suicidaire ;
la pute polyglotte, mystérieuse et charismatique ;
l’ex-épouse très embourgeoisée et son
cercle d’amis du même acabit (dont un très risible
personnage de " Français "). L’idée
même du décalage, né du fait que le héros
aura passé les années de réunification
et de transformation de la société allemande
en étant lui même coupé du monde, est
réduite à néant par le fait que le prisonnier
connaît absolument tout via la télévision :
il n’aura rien à apprendre, il pourra juste, pour la
première fois, voir en vrai ce qu’il n’a toujours vu
qu’en image. La disparition de l’Allemagne de l’Est et de
toutes les habitudes qui allaient avec, n’est que très
sommairement effleurée. Pourtant, l’idée du
Robinson revenant de son île, qui semble être
à la base du scénario, est a priori on ne peut
plus intéressante. Par ailleurs, l’esthétique
du film est assez pauvre, très télévisuelle,
et les scènes d’action manquent un peu de nerf.
|