Quand il ne reste plus au cinéma que la lourdeur du symbole, le sujet, à coup sûr, est polémique. Le conflit israëlo-palestinien en est un, et pas des moindres. Kedma, d’Amos Gitaï, s’ouvre sur un entassement d’hommes et de femmes. Un bateau les emmène. Leur anxiété, un inévitable pressentiment, défend toute réjouissance. La ligne d’horizon puis cette terre d’accueil leur sont à jamais hostiles. Ils arrivent à Latrun, quelques jours avant la création d’Israël. Une bataille historique s’y prépare et l’ennemi est nomade. La stratégie de cette guerre tient de la course-poursuite. Au réalisme d’une brève confrontation sanglante, Amos Gitaï préfère la distance parcourue et les arrêts successifs. Autour d’un feu ou le long des camions finalement, s’exprime la gêne d’un malentendu, la cause du non-dit. Kedma ne mène nulle part sinon vers la tuerie. Le cinéaste le sait, seuls les héros connaissent la juste valeur de l’immobilisme. A chacun sa pause comme on dit. Sur une longue tirade haletante et désespérée, le film s’achève. C’est le cri d’un juif saoulé de fatigue. Amos Gitaï l’étire à l’envi, vraisemblablement persuadé d’atteindre à travers la parole et l’hystérie son expression la plus juste. Ainsi il répond à une histoire. L’imagination du cinéaste rencontre les limites d’un engagement trop sérieux pour être violé, ne serait-ce qu’un instant.

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