Objectif cinéma : Spirit, l'étalon des plaines de Kelly Asbury et Lorna Cook (Points de vue)

En ce premier jour ensoleillé du festival de Cannes, peu avant 15h, un coup de téléphone me prévient qu’une projection privée du film Spirit va se tenir dans une demi-heure pour quelques acheteurs et journalistes. Accord avec l’attaché de presse sur ma présence, suivie le lendemain d’un interview des réalisateurs et des animateurs du film. Je me précipite donc aux Arcades voir le film qui fera l’événement quelques jours plus tard dans le grand auditorium Lumière, en présence de Hans Zimmer et de Bryan Adams qui joueront " en direct " et dont la projection se fera en Digital.

Le film, destiné - ne serait-ce que par son propos - à un très jeune public, nous conte les aventures d’un Mustang au temps de la conquête de l’ouest américain. Il reprend tous les ingrédients des classiques de Disney sans véritablement les renouveler et sans nous séduire. Les thèses mises en présence demeurent caricaturales. Les bons chevaux avides de liberté et de tranquillité se retrouvent face aux méchants hommes blancs qui ont soif de poursuivre la construction du chemin de fer. Seul un Indien, lui aussi chassé de ses terres, deviendra l’ami de ces chevaux. Victoire finale de notre héros qui laisse le spectateur un peu perplexe. La condition des Indiens fut souvent synonyme d’affrontements, de déplacements de population, de manipulations, d’enfermement dans des réserves, bien plus que de victoires héroïques sur l’envahisseur venu de l’Est. C’est là le dilemme que pose ce genre de film. Que dire : simplification à outrance de l’histoire, sujet mal amené, personnages stéréotypés. Question : Que fait ce film à Cannes ?

A un scénario désastreux, s’ajoute une animation pratiquement inexistante. Dreamworks, producteur unique du film, nous avait habitué lors de ses collaborations avec le studio PDI, aux bonnes surprises ; notamment l’an dernier avec Shrek. Spirit demeure l’un des moins bons films sélectionnés par le festival de Cannes. Par conséquent, le lendemain, le choix qui se posait entre une rencontre avec les créateurs du film et la projection de Bowling for Columbine de Michael Moore ne fut pas très difficile à faire.