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Bowling for Columbine (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2002
Sélection officielle

BOWLING FOR COLUMBINE

de Michael Moore
Par Yann RAYMOND


SYNOPSIS : Le titre du nouveau film de Michael Moore s’inspire d’un fait divers réel. Les deux adolescents qui, en 1999, massacrèrent 13 personnes avant de se suicider à la Columbine High School. Bowling for Columbine est une critique cinglante, acerbe, dévastatrice de l’industrie de l’armement, de l’usage des armes et du droit constitutionnel qu’à tout citoyen américain d’en posséder. C’est aussi le portrait désopilant d’un pays au lendemain du 11 septembre.

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POINT DE VUE

  Bowling for Columbine (c) D.R.

En 1997, le film documentaire The Big One avait été un événement cinématographique lors de sa sortie en France. Déjà Michael Moore se mettait en scène dans son propre documentaire, notamment lors d’un entretien avec le patron de Nike, qui restera dans les annales du genre. La sélection du Festival de Cannes de cette année contient le dernier opus en date de ce réalisateur provocateur : Bowling For Columbine.

Michael Moore multiplie les rencontres, mélange ses propres images avec celles issues de la télévision, du passé guerrier de l’Amérique, d’images animées, d’images issues des caméras de surveillance de l’école de Columbine au moment du drame. L’esprit toujours en alerte, il ne se fixe aucune limite pour mener son enquête, dont le cadre est la psychose de la violence et de la peur aux Etats-Unis. Les raccourcis sont fréquents pour mieux mettre en évidence les propos absurdes de ses interlocuteurs, notamment ceux de Charlton Heston membre éminent de la NRA (National Rifle Association). A la fin du film, le passage avec l’acteur mythique de Ben Hur, à coup sûr modifiera notre appréciation de l’homme, tenant un discours proche des thèses les plus extrémistes.

Michael Moore (c) D.R.

Ces provocations peuvent en irriter certains, mais lorsqu’elles amènent l’un des propriétaires de supermarché, K-Mart, à s’engager à retirer sous 9 mois de ses rayons la vente de balles pour armes à feu, on ne peut que s’incliner face au pouvoir des images et à l’utilisation qu’en fait Michael Moore. Le premier jour de sa visite au siège de K-Mart, il attend plusieurs heures avec deux victimes de la fusillade de l’école de Columbine, dont les corps contiennent encore des balles qui n’ont pu être retirées, sans pouvoir rencontrer les responsables de la société. Le lendemain, Michael Moore fait jouer à l’évidence ses relations : débarquement de journalistes, dizaines de caméras devant le siège de la société pour couvrir l’événement. Objectif réussi : K-Mart cède.

Les exemples de ce type se multiplient à l’écran. Michael Moore c’est le gars qui se pose des questions avec simplicité, prend son bâton de pèlerin (sa caméra) et va rencontrer ceux qui ont fait une actualité qui lui pose problème pour tenter d’y apporter des réponses, en tout cas pour mettre en évidence les complexités d’un système voire ses aberrations. Il s’agit là d’un " work in progress " d’une efficacité redoutable tant l’enchaînement des situations est évident. En suivant sa réflexion, ses interrogations, Michael Moore prend position, s’engage politiquement. C’est certainement la principale force du film. Depuis les années 70, les films documentaires engagés, militants, ont presque disparu de nos écrans. Ce retour doublé d’une mise en scène (en particulier due au montage) au ton humoristique apporte une fraîcheur que seul le cinéma indépendant américain, très loin des majors et de leur satellite (Miramax, etc), est capable de produire.