SYNOPSIS :
Les existences parallèles et entrecroisées d’une
mère et de ses deux filles, sœurs jumelles séparées
à la naissance. Toutes trois privées d’amour filial,
instables et incapables de sentiments durables, elles poursuivent
la quête désespérée de leurs origines,
ne trouvant d’apaisement que dans le sexe et les drames provoqués… |
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POINT DE VUE
Récit d'une fragmentation,
fragments d'une dérive narrative, Deux gagne
en onirisme touffu ce qu'il perd en confusion. Deux
est double et multiple, toujours hétérogène
: film schizophrène qui se projette dans la marge et
touche par sa poésie grotesque, sa douceur malsaine.
Ici, le sang figure la vie, les larmes la mort : ce qui fait
surface n'importe pas tant que les vibrations, les soubassements
du récit qui régissent une folle propension
évitant la narration et ne tenant aucun plan comme
acquis ou valable. Film nomade et itinérant, film bohème
qui ignore où ses expérimentations synoptiques,
musicales ou visuelles le mènent, sinon loin, très
haut (inserts de ciel qui empruntent à diverses religions
dans un fourre-tout polythéiste), envolées lyriques
incarnées par un oiseau bleu, une figurine, ou sous
forme de boucle d'images (le visage éthéré
et cendré tout en effluves d'Isabelle Huppert, derrière
la vitre du plan). Traversé de gargouilles rococos,
de statues baroques, Deux prône, comme il peut
ce qu'il veut, à la fois l'anarchie (il avance à
rebours) et l'athéisme (ni morale, ni religion).
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Affirmant sa défiance
envers toute stabilité du plan ou du récit,
feignant parfois son ralentissement comme il feint la compassion
ou l'empathie pour ses personnages, Deux se déploie
dans l'anecdotique (il ne se raconte pas), l'anodin bruyant
(on peut que ne l'écouter), et érige le détail,
l'insert en principe de collage graphique, photographique
et musical. A l'élévation diffuse d'une voix
(un extrait d'opéra de Donizetti), un rideau s'ouvre,
sur une scène apparaît Isabelle Huppert qui se
met à tournoyer. Le film fait autant songer à
une épure d'opérette (récitation de dialogues
en airs lyriques), qu'à un dérivé personnel
et transgressif de patrimoine antique. En quête de sa
propre identité, manifeste expérimental qui
tutoie Un Chant d'amour et l'ombre poétique
de Jean Genet, il milite pour la fuite perpétuelle,
fuites du récit, fuites du sens. Deux est un
corps essoufflé et exténué qui saigne,
un organisme vivant asexué. Dans son art fumiste de
la ristourne, parfois du non-avenu et du codifié, dans
son art profane, Deux devient blasphématoire.
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Titre : Deux
Scénario : Werner
Schroeter, Cédric Anger
Image : Elfi
Mikesh
Interprétation : Isabelle
Huppert, Bulle Ogier, Manuel Blanc, Arielle Dombasle,
Annika Kuhl, Robinson Stévenin, Philippe
Reuter, Pascal Bongard et Jean-François
Stévenin
Son : Philippe
Morel.
Décor : Alberte
Barsarcq
Montage : Juliane
Lorenz
Producteur : Paulo Branco
Production : Gémini
Coproduction :
Road Movies, France 2
Presse : Bruno Barde
& Laurence Hartmann-Churlaud
Distribution : Gémini
Films
Festival : Quinzaine
des réalisateurs Cannes 2002
Pays : France,
Allemagne
Année :
2002
Durée :
2h01
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