SYNOPSIS :
Pour réussir son coup, Noh n’avait pas d’autre choix
que de s’associer. C’est avec Simon, le tueur à gages,
Harvey, le chauffeur d’expert, et Victor, le jeune mécano,
qu’il a dérobé un énorme chargement de
minerai d’or dans un désert africain. Lancés au
cœur de l’immensité brûlante, les quatre associés
ont chacun une idée précise de la suite de l’aventure.
Qui va trahir le premier ? Qui va mourir le premier ? Qui remportera
la mise ?
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POINT DE VUE
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Pour un Sueurs
à trois euros en plein été, combien de
petits films refusés à l’avance sur recettes
ou qui ne verront jamais le jour ? Qu’est-ce que Sueurs ?
Un jeu vidéo ? Une escapade sous la canicule, nouveau
Convoi de la peur remake du Salaire de la peur,
ou expérience de néo-Loft dans le désert
de l’ennui, aux frais d’une production Paramount ? Sueurs
: pas un film de genre ; presque un genre de film. Juste rien.
Quatre hommes, collègues par nécessité,
par survie, traversent un désert de plomb, des champs
de mine. Ils cohabitent tout en s’éliminant à
tour de rôle. Rois du désert, de la frime (Sagamore
Stévenin vide ses chargeurs par la vitre, cul par-dessus
tête) et de l’arrogance (Anglade aboie, éructe
ou jacte) ; tous détenteurs d’un convoi d’or liquide.
Première erreur : Cauvelaire ne sait jamais à
qui confier le magot, hésitant entre le fade d'Almeida,
acteur anonyme au texte inaudible, le beau minois du frêle
Thouvenin et le vieux jeune peroxydé, Anglade, éternel
looser énervé. Au début, on croit
à une blague : une route, un filtre gris bleu, un sac
plastique qui vole au vent. Il aurait fallu ensuite que Cauvelaire
se regarde moins filmer, composer les plans : sempiternel
insert de mégot de cigarette cramant en accéléré,
vision floue de mirage, de camion fendant la route, poursuite
au son de décharges hard-rock et autres bouillies
visuelles disjonctées. Le moindre raccord se charge
ici d’une accélération sonore, brève,
inutile.
On aurait tort de ne pas
prendre Sueurs au pied de la dune : Sueurs est empêtré,
moteur bloqué, petit blockbuster qui n’en veut,
incapable de remanier les fils entre eux. Moins un scénario,
en vérité, qu’un ramassis de séquences
enchaînées : route barrée de pierres,
halte de nuit et hélicoptère menaçant,
pause-pipi qui se transforme en défonçage de
crâne… Dégénérescence totale des
êtres au sein d’un matériau squelettique, la
vision du monde de Sueurs se résume à
un mot d’ordre sous forme de crachat : " On va leur niquer
leur race ! " Honorons cette boutade projectile, songeons-y
bien fort sans taxer impulsivement les dialoguistes de réactionnaires.
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Sans doute, les producteurs,
le système n’auront trouvé rien à y redire.
Pur scandale. Dans Le Boulet d’Alain Berbérian,
l’Arabe est un terroriste et un voleur, une horde anonyme
que corrompent les deux compères en les constituant
comme armée personnelle et bouclier humain. De même,
la seule femme de Sueurs est arabe et lors du seul
plan où s’apaise le film (le blanc caresse la beur),
le poignard surgit de sa main. Illustration visuelle d’un
cliché colonialiste : méfiance de l’arabe, si
l’on lui tend la main, on se fait en un instant poignarder
de l’autre (elle est en fait une traître). Le film rejoint
ainsi la constellation raciste Le Boulet, La Boîte
de Zidi, phase terminale de la régression générale
(que draine aussi Le Raid de Bensallah), où
circulent de l’un à l’autre une même haine ou
xénophobie de l’autre. Dernier chaînon en date,
Sueurs, qui prône la destruction de la communauté
: le quatre contre quatre équivaut ici au zéro
absolu. On peut se demander qui le verra en surfant sur le
site du film, qui propose des liens vers des sites de camion.
Qui va le défendre ? Luc Besson en personne,
qui lance un quasi-inconnu en pilotage automatique, avant
Michel Vaillant ? Le sujet de Sueurs est déjà
la vitesse, mais le film reste à faire, en effet. De
leitmotiv, ladite invective sur la race devient donc promesse
et paramètre de qualité...
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Titre :
Sueurs
Réalisateur :
Louis-Pascal Couvelaire
Scénariste :
Benoît Philippon, Louis-Pascal Couvelaire
Directeur de la photographie :
Michel Abramowicz (AFC)
Acteurs :
Jean-Hugues Anglade, Joaquim de Almeida, Cyrille
Thouvenin, Sagamore Stévenin, Nohza Kouadra,
Thierry Ashanti, Hubert Saint-Macary, Grégoire
Lavollay, André Duhamel, Hugues Dal Magro
Monteur :
Sylvie Landra
Chef décorateur :
Jimmy Vansteenkiste
Son
: Antoine Deflandre
Compositeur :
Pascal Lafa
Chanson :
Non, je ne regrette rien
Interprétée
par : Johnny
Hallyday
Producteur
: Samuel Hadida, Leslie Jean Porter
Production :
Davis Films
Distribution :
Metropolitan Film Export
Sortie France :
24 juillet 2002.
Pays :
France, USA
Durée
: 1h43
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