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Sueurs (c) D.R. SUEURS
de Louis-Pascal Cauvelaire
Par Gilles LYON-CAEN


SYNOPSIS : Pour réussir son coup, Noh n’avait pas d’autre choix que de s’associer. C’est avec Simon, le tueur à gages, Harvey, le chauffeur d’expert, et Victor, le jeune mécano, qu’il a dérobé un énorme chargement de minerai d’or dans un désert africain. Lancés au cœur de l’immensité brûlante, les quatre associés ont chacun une idée précise de la suite de l’aventure. Qui va trahir le premier ? Qui va mourir le premier ? Qui remportera la mise ?


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POINT DE VUE

  Sueurs (c) D.R.
Pour un Sueurs à trois euros en plein été, combien de petits films refusés à l’avance sur recettes ou qui ne verront jamais le jour ? Qu’est-ce que Sueurs ? Un jeu vidéo ? Une escapade sous la canicule, nouveau Convoi de la peur remake du Salaire de la peur, ou expérience de néo-Loft dans le désert de l’ennui, aux frais d’une production Paramount ? Sueurs : pas un film de genre ; presque un genre de film. Juste rien. Quatre hommes, collègues par nécessité, par survie, traversent un désert de plomb, des champs de mine. Ils cohabitent tout en s’éliminant à tour de rôle. Rois du désert, de la frime (Sagamore Stévenin vide ses chargeurs par la vitre, cul par-dessus tête) et de l’arrogance (Anglade aboie, éructe ou jacte) ; tous détenteurs d’un convoi d’or liquide. Première erreur : Cauvelaire ne sait jamais à qui confier le magot, hésitant entre le fade d'Almeida, acteur anonyme au texte inaudible, le beau minois du frêle Thouvenin et le vieux jeune peroxydé, Anglade, éternel looser énervé. Au début, on croit à une blague : une route, un filtre gris bleu, un sac plastique qui vole au vent. Il aurait fallu ensuite que Cauvelaire se regarde moins filmer, composer les plans : sempiternel insert de mégot de cigarette cramant en accéléré, vision floue de mirage, de camion fendant la route, poursuite au son de décharges hard-rock et autres bouillies visuelles disjonctées. Le moindre raccord se charge ici d’une accélération sonore, brève, inutile.

On aurait tort de ne pas prendre Sueurs au pied de la dune : Sueurs est empêtré, moteur bloqué, petit blockbuster qui n’en veut, incapable de remanier les fils entre eux. Moins un scénario, en vérité, qu’un ramassis de séquences enchaînées : route barrée de pierres, halte de nuit et hélicoptère menaçant, pause-pipi qui se transforme en défonçage de crâne… Dégénérescence totale des êtres au sein d’un matériau squelettique, la vision du monde de Sueurs se résume à un mot d’ordre sous forme de crachat : " On va leur niquer leur race ! " Honorons cette boutade projectile, songeons-y bien fort sans taxer impulsivement les dialoguistes de réactionnaires.

Sueurs (c) D.R.
Sans doute, les producteurs, le système n’auront trouvé rien à y redire. Pur scandale. Dans Le Boulet d’Alain Berbérian, l’Arabe est un terroriste et un voleur, une horde anonyme que corrompent les deux compères en les constituant comme armée personnelle et bouclier humain. De même, la seule femme de Sueurs est arabe et lors du seul plan où s’apaise le film (le blanc caresse la beur), le poignard surgit de sa main. Illustration visuelle d’un cliché colonialiste : méfiance de l’arabe, si l’on lui tend la main, on se fait en un instant poignarder de l’autre (elle est en fait une traître). Le film rejoint ainsi la constellation raciste Le Boulet, La Boîte de Zidi, phase terminale de la régression générale (que draine aussi Le Raid de Bensallah), où circulent de l’un à l’autre une même haine ou xénophobie de l’autre. Dernier chaînon en date, Sueurs, qui prône la destruction de la communauté : le quatre contre quatre équivaut ici au zéro absolu. On peut se demander qui le verra en surfant sur le site du film, qui propose des liens vers des sites de camion. Qui va le défendre ? Luc Besson en personne, qui lance un quasi-inconnu en pilotage automatique, avant Michel Vaillant ? Le sujet de Sueurs est déjà la vitesse, mais le film reste à faire, en effet. De leitmotiv, ladite invective sur la race devient donc promesse et paramètre de qualité...




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Sueurs
 :
Site officiel français du film
Sueurs : Site officiel américain du film




Titre
 : Sueurs
Réalisateur : Louis-Pascal Couvelaire
Scénariste : Benoît Philippon, Louis-Pascal Couvelaire
Directeur de la photographie : Michel Abramowicz (AFC)
Acteurs : Jean-Hugues Anglade, Joaquim de Almeida, Cyrille Thouvenin, Sagamore Stévenin, Nohza Kouadra, Thierry Ashanti, Hubert Saint-Macary, Grégoire Lavollay, André Duhamel, Hugues Dal Magro
Monteur : Sylvie Landra
Chef décorateur : Jimmy Vansteenkiste
Son : Antoine Deflandre
Compositeur : Pascal Lafa
Chanson : Non, je ne regrette rien
Interprétée par : Johnny Hallyday
Producteur : Samuel Hadida, Leslie Jean Porter
Production : Davis Films
Distribution : Metropolitan Film Export
Sortie France : 24 juillet 2002.
Pays : France, USA
Durée : 1h43