SYNOPSIS:
L'assemblée annuelle des copropriétaires est la
scène où se dénouent les drames dont un
immeuble est le vivier. Patrimoniaux, financiers et affectifs
sont les liens qui ligotent le propriétaire à
son bien... un mélange qui monte vite à la tête.
Sous la houlette de Jean-Louis, syndic roublard et dépressif,
s'affrontent les copropriétaires du 29 rue des Oursins.
Certains, pourtant, ont des ailes, et l'assemblée ne
peut pas les suivre là où ils rêvent d'aller...
"L’épanouissement personnel
exige un détour par autrui. C’est une très vieille
vérité, l’un des rares secrets de l’existence
probablement." Robert Solé.
Ce film est un véritable cahier
de doléances exécuté par une pléthore
de personnages et consiste en une succession de petites saynètes,
la plupart se jouant dans les réunions syndicales au
café. Mais c’est bien là aussi sa singularité.
Certes, comme il fallait s’y attendre, la réalisation
n’est pas très originale, cadrant surtout les visages
qui font écho aux bons mots de Waterhouse (scénariste
de "Ridicule"). Mais parlons un peu de ces mots ! Ce film-monde
réussit l’exploit d’être, malgré les réserves
exprimées, particulièrement piquant et juste
dans sa cruauté. Comme le fait observer l’un des personnages
(Wladimir Yordanoff, jouvetien), "Ici, l’humanité
n’est pas très reluisante". En effet, tous les
personnages concentrent les plus bas défauts possibles
: ce n’est quand même pas commun. La précision
et l’exubérance congrue des dialogues rappelle même
le style brillant de Louis Guilloux !
Etonnants personnages du XXIe siècle qui ne s’enferment
pas dans leurs vies privées comme on pourrait s’y attendre
mais qui se réunissent dans un nouvel espace publique
: après la polis, le syndic ! Le portrait du zappeur,
de "l’individualisme défaillant" selon Solé,
n’est plus de mise. La conception du vivre-ensemble a réapparu
mais en plus minimaliste : soit un ensemble de compromis régis
par des cuistres plus ou moins cossus, mesquins, bornés
et égoïstes. Entre l’individualisme hédoniste
qui va de pair avec une apathie dangereuse et la destruction
de la vie privée, les personnages (interprétés
par des acteurs à la hauteur qui osent être odieux)
semblent avoir trouvé leur petitesse. Seule réserve
sur le constat : le personnage d’Irène Jacob, et sa
romance avec le falot Canet, bien trop humaine et naïve
au milieu de ce petit tableau d’une autre petite humanité,
dans une autre petite France, dans un autre petit Paris que
ce qu’on voit d’habitude. Mille millièmes, malgré
des aspects faciles et des maladresses, se targue d’être
une critique de mœurs virulente et caustique. Waterhouse est
finalement digne d’être un bon (petit, quand même)
cousin d’Altman, loin d’Amélie Poulain, et c’est très
bien comme ça.
Titre : Mille
millièmes Réalisateur :
Rémi Waterhouse Scénario : Rémi
Waterhouse, Eric Vicaut Acteurs : Patrick
Chesnais, Jean-pierre Darroussin, Irène
Jacob, Grégori Dérangère,
Wladimir Yordanoff, Luis Rego, Suzanne Flon Photo : François
Catonné Montage : Marc Daquin
Décors : Ivan
Maussion Son : Alain Curvelier,
Anne Le Campion, Alexandre Widmer Production : Magouric
Productions Producteur : Daniel
Wuhrmann Producteur délégué
: Laurent Benegui Distribution : Diaphana
Distribution Sortie le : 07 août
2002 Durée : 1h 30
mn Année :
2002 Pays : France