SYNOPSIS :
Anne Verrier, 25 ans, est restée
7 ans en prison, pour avoir commis un meurtre alors qu'elle
n'était pas encore majeure au moment des faits. Après
un an de libération conditionnelle, elle est enfin libre.
Refusant de poursuivre l'intégration sociale qu'on lui
propose, elle part sur les routes pour retrouver dans les Alpes,
le père de celui qu'elle a tué. |
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POINT DE VUE, MOTS JETES
Sur la terrasse d’un chalet
alpin, un homme nu cherche son ombre. On ne sait pas encore
qui il est, cet homme calme, faussement apaisé. On
le saura plus tard. Peu importe, il s’est déjà
insinué dans notre mémoire. On devine instinctivement
qu’il réapparaîtra, quelque part dans le film,
révélant des blessures, des sentiments mêlés
de haine et de douleur déjà palpables dans l’esquisse
d’un geste, dans l’imperceptible frémissement d’un
visage fermé, dans la disparition d’un regard caché
derrière de grosses lunettes noires.
Bientôt une femme
apparaît, une jeune femme endormie s’envolant bientôt
dans la ville sur un vélo. Là aussi, nous ne
la connaissons pas encore. Elle est pourtant une présence
familière en liberté, que l’apparition soudaine
de quelques doux accords de guitare nous rend encore plus
inexplicablement émouvante.
Elle, c'est Anne Verrier
, qui nous enveloppe déjà de sa beauté
fatiguée et revêche. Elle achève une année
de liberté conditionnelle, consécutive à
7 ans de prison pour homicide. En ce jour gris d'automne,
la juge d'application des peines lui signifie sa liberté.
Définitive ? Non, Anne est encore prisonnière
d'une cage invisible dont elle va s'efforcer d'écarter
les barreaux, le temps du film.
La cage est l'histoire
d'une reconquête. Sur soi, sur la vie. L'espoir de retrouver
l'innocence passée, perdue. La lente récupération
d'un oiseau blessé, d'un enfant perdu dans le monde
qui ne se désespérerait pas de se cogner aux
murs pour retrouver le chemin d'un paradis perdu. Car Anne
(Caroline Ducey, habitant littéralement l'espace des
plans) manifeste à l'égard d'une société
sournoisement bienveillante, l'aplomb des héroïnes
modestes, assumant son passé, imposant son désir
de liberté absolue. Anne Verrier est un corps en fusion
qu'on ne peut arrêter, un être d'errance lancé
dans une marche continue, en désir de disparition.
Pour mieux réapparaître, pour mieux nous surprendre.
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Après La vie sauve,
moyen-métrage qui pouvait sauver la vie de n'importe
déraciné de la vie, Alain Raoust impose sa geste
cinématographique. La marque des grands cinéastes,
capables, l'air de rien, l'humilité en bandoulière,
de nous balancer des plans séquences saisissants d'une
émotion inattendue. Voir un film d'Alain Raoust, c'est
s'embarquer dans une expérience certes limitée
dans le temps de la projection, mais prolongée inévitablement
dans l'ébranlement même de son existence. La
cage , tout comme hier La vie sauve, carburent
tous deux à l'essence mélancolique des films
muets qui grondent de sons mystérieux et souterrains.
Oeuvres de fuite qui regardent notre enfance. Il s'agit là
ni plus ni moins de ressentir à plein sens la trajectoire
d'une silhouette féminine, fragile et déterminée,
de frôler une nuque blanche où reposent des cheveux
bruns et doux, de rêver le destin d'un pâle visage
endormi, où s'afficherait soudain le début d'un
sourire inquiet. La cage demande tout et ne demande
rien au spectateur. Juste de se laisser porter. Par les espaces
d'un western moderne et âpre, d'une géographie
imaginaire où s'aventurerait une fille en cavale de
soi, libérée enfin d'un lourd passé.
C'est un film qu'il faut voir, sentir, aimer.
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Titre : La Cage
Sélection officielle Festival de Locarno
Prix de la critique internationale Festival de
Locarno
Scénario et Réalisation
: Alain Raoust
Acteurs : Caroline
Ducey, Roger Souza, Nathalie Besançon,
Philippe Cariou, Marie-Yvonne Schiltz, Jean-Noël
Gayte, Beppe Clerici, Nicole Huc, Georges Garcin.
Photographie : Hélène
Louvart
Son : Georges Prat
Décors et costumes
: Françoise Arnaud
Montage : Sophie Deseuzes
Montage son et Mixage
: Jean-Marc Schick
Compositeur : Pascal
Humbert
Direction de production
: Nicolas Picard
Producteur : Paulo
Branco, Anne Ruscio
Musique originale :
Pascal Humbert
Une coproduction : Ahora
Film, Gémini Films, France
Distribution :
Gémini Films, France
Sortie France : 04 Septembre
2002
Soutien : CNC
Pays : France
Durée :
1h41
Année :
2001
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