SYNOPSIS :
"Je suis ce que l'on pourrait appeler
un fils à maman". Elling, petit bonhomme anxieux
aux allures de garçonnet vient de perdre sa mère.
Il a vécu quarante ans avec cette femme qui régimentait
totalement sa vie. Maintenant, il est complètement désorienté.
Les services sanitaires et sociaux de la ville d'Oslo (Norvège)
le placent dans une institution pour personnes souffrant de
légers désordres mentaux. Il partage la chambre
d'un colosse aux pieds d'argile, Kjell, qu'Ellling surnomme
l'"orang-outan". Les deux principales préoccupations
de ce dernier se situent au niveau de la ceinture : nourriture
et sexe, même si, également quadragénaire,
Kjell n'a encore jamais pratiqué la chose. Une amitié
va rapidement naître entre les deux hommes. Elling délecte
son compagnon de chambrée de récits imaginaires
dans lesquels actions rocambolesques et femmes aussi plantureuses
que peu farouches ont la vedette. Deux ans plus tard, les mêmes
services sociaux décident de placer le duo dans un appartement
géré par la municipalité. L'heure de la
réhabilitation a sonné et il est temps pour les
deux compagnons de voler de leurs propres ailes. Cette tache
se révélera un véritable parcours du combattant
pour ces assistés de la vie. Ils seront épaulés
par un jeune animateur social, Frank Asli, qui essaiera de remuer
l'indolence des compères. Un seul objectif : réussir
leur intégration sinon retour à la case départ. |
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LES GENS ANORMAUX N'ONT RIEN D'EXCEPTIONNEL
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Disons le tout de go, Elling
n'est pas un film qui restera dans les annales du cinéma
mondial comme étant une œuvre d'exception. L'ambition
du réalisateur, Petter Næss, ne s'est d'ailleurs
jamais située à ce niveau-là et le spectateur,
en entrant dans la salle, sait à quoi s'en tenir. Elling
est une comédie sociale suffisamment intelligente pour
concilier les attentes d'une audience de cinéma d'auteur
et d'un public plus large. Elle se situe ainsi dans la lignée
des films de Robert Guédiguian, le côté
vindicatif en moins (quoique). Petter Næss utilise,
jusqu'à la trame, toutes les ficelles d'un thème
souvent utilisé au cinéma : le duo composé
de personnages que tout, ou presque, oppose. Différents
mais complémentaires, Elling et Kjell surmonteront
ensemble les difficultés de la vie quotidienne. Comme
le réalisateur le spécifie "mon but était
de montrer comment on peut arriver à vaincre ses peurs
et à transcender ses propres défis. Et à
côté de cela, voir en quoi comment l'amitié
peut y contribuer." Elling, agoraphobe, confirme : "il
y a des gens qui vont skier au pôle Nord et moi, je
suis incapable de franchir le seuil d'un restaurant".
Heureusement, le solide Kjell est là pour l'aider.
Avant d'être porté à l'écran, Elling
avait fait, un an auparavant ses preuves sur les planches.
La pièce, Frères de sang, était
elle-même inspirée d'un roman éponyme
très populaire d'Ingvar Ambjornsen. Devant le succès
rencontré, Petter Næss a repris les acteurs de
la pièce, Per Christian Ellefsen et Sven Nordin, qui
jouent respectivement Elling et Kjell. Næss, certainement
conscient que le jeu d'acteur est différent d'un médium
à l'autre, explique ainsi : "Dans un premier temps,
j'avais voulu faire le film avec d'autres acteurs. Mais, n'étant
pas parvenu, au bout de deux mois de recherche, à rencontrer
des personnes qui collent bien aux personnages du film, je
me suis résolu à travailler avec les comédiens
de la version théâtrale du roman." Cela se
ressent d'ailleurs à l'écran où l'on
a l'impression que certaines scènes sont surjouées,
victimes du jeu "expressionniste" des acteurs de théâtre.
Axel Hellstenius, le scénariste du film, connaît
bien l'univers d'Ingvar Ambjornsen pour avoir adapté
quelques-unes de ses œuvres au théâtre. Il a
étoffé la trame de la pièce qui, huis
clos oblige, se jouait exclusivement dans l'appartement des
deux compères. Il y a intégré notamment
les scènes qui se déroulent dans la somptueuse
campagne norvégienne. C'est pour dire que toute la
petite troupe se connaissait bien. Le processus "Elling" ne
s'arrête d'ailleurs pas là. Kevin Spacey, qui
a apprécié le film lors de sa présentation
à la dernière cérémonie des Oscars
où il concourrait dans la catégorie "meilleur
film étranger", a racheté les droits pour en
réaliser une adaptation américaine. Le verra-t-on
bientôt endosser les habits étriqués d'un
petit personnage agité ?
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