L'HOMME EST UN LOUP
POUR L'HOMME
Une banale queue de poisson,
une rencontre fortuite entre deux hommes d’affaires pressés.
Et tout dérape. Telle est la trame du film.
En l’espace d’une longue
journée, le spectateur va ainsi vivre les réactions
en chaîne dispropor-tionnées, provoquées
par ce banal accrochage et découvrir la nature violente
cachée en ces deux hommes, qui tentent le tout pour
le tout pour survivre. Tous les coups sont permis.
Gavin Banek, partenaire
d’une firme d’avocats, doit déposer à la cour
du tribunal des papiers qui lui permettront de ne pas finir
ses jours en prison. Quant à Doyle Gipson, il a rendez-vous
au tribunal pour arranger la garde partagée de ses
fils alors que sa femme veut les emmener en Oregon où
il ne pourra plus les voir.
C’est en plaçant
ces personnages dans ces urgences du destin que le film va
développer un propos intéressant sur la manière
dont nous gérons nos pulsions, les conséquences
de nos gestes, de nos décisions et les effets qu’ils
peuvent provoquer autour de nous. Mais le film ne va pas au
bout de ses promesses et ce propos accrocheur se trouve parasité
par des actions invraisemblables, des coïncidences forcées
et une fin trop prévisible, classiquement positive.
La force et l’intérêt
du film repose essentiellement sur ses personnages :
leurs caractéristiques et leurs comportements. Ils
se présentent comme des antihéros, des individus
pas foncièrement méchants mais avec des faiblesses
humaines, ce que l’on ne voit que très rarement dans
une production hollywoodienne.
Chacun a peur et veut sauver
sa peau. Alors, ils agissent sans réfléchir,
à l’instinct et perdent le contrôle de leurs
gestes et de leurs émotions. Ils mettent leur propre
intérêt avant celui des personnes qui les entourent.
A chaque décision, ils font des mauvais choix qu’ils
regrettent mais leur instinct prend le dessus : prendre la
bonne décision est alors au-dessus de leurs forces.
Comme le montage très
serré nous le suggère, la relation entre les
deux personnages devient un jeu dangereux et violent, et au
fur et à mesure que la violence va crescendo, la tension
monte, jusqu’à la scène finale où les
deux protagonistes se retrouvent, scène fatale qui
fait retomber l’ensemble si bien construit comme un soufflé.
Car Dérapages
incontrôlés aurait pu être un
grand film si les auteurs avaient été au bout
de leurs convictions de départ et n’avaient changé
la fin prévue au départ pour boucler l’intrigue,
sacrifiant proprement tout ce qui a été entrepris
dans tout le film, et lui ôtant son impact et son message.
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