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Invasion (c) D.R. INVASION
d’Hugo Santiago
Par Johannes HONIGMANN


SYNOPSIS : Dans une ville "imaginaire" d’Amérique latine, Aquilea, les premiers signes d’une invasion se font jour. Pour lutter contre les envahisseurs, une poignée de rebelles, sous les ordres d’un vieil homme, entre en résistance.

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POINT DE VUE


  Invasion (c) D.R.

Ce film magistral, considéré en Argentine comme l’une des plus beaux fleurons de la riche cinématographie locale, sortira bientôt en France, 33 ans après sa réalisation et au terme d’une existence rocambolesque, marquée par l’interdiction, la destruction partielle et la restauration miraculeuse. Magistral, Invasion l’est par sa virtuosité technique, l’excellente qualité de sa direction d’acteurs et de son interprétation, et par ses superbes images d’un noir et blanc très expressif. Le thème, celui d’une ville encerclée par des ennemis inconnus, reconnaissables à leurs imperméables beiges, et qui s’infiltrent partout, contrés par une poignée d’hommes d’une part et, dans une perspective d’avenir, par une résistance armée en formation d’autre part, est passionnant à souhait, et on peut distinguer la touche borgésienne dans ce portrait de l’inéluctable fin qui n’est pourtant, à sa façon, qu’un début. Cependant, il ne faudrait pas exagérer la présence de la patte du romancier dans le scénario. Borges fait ici du " Borges light " - le dialogue est souvent d’une causticité très jamesbondienne (il faut voir la scène de la porte fermée, ou celle de la moto, qu’on pourrait croire issues de certains OSS 117 ! ), voire, parfois, d’une insignifiance qui confine à la lourdeur : Borges s’amuse et se distrait, transposant plus son style parodique que celui, beaucoup plus connu, qui a fait sa réputation, celui de " L’Aleph ", fait d’encyclopédisme et de mysticisme.

Le film est avant tout un film d’action, aux séquences d’action, justement, très nombreuses et très spectaculaires. Toutes les séquences mettant en scène le héros, Herrera (Lautaro Murua, grandiose, mais épouvantablement vieilli et enlaidi depuis La maison de l’ange, douze ans plus tôt), sont du pur James Bond : de l’allure du héros (habillé de noir, souple, brutal) à son caractère (loyal, téméraire, impitoyable, pince sans rire), en passant par la façon de le filmer en action, ou tout à coup entouré d’ennemis plus nombreux. La séquence de torture renvoie directement à Goldfinger, et, de façon générale, ce sont Goldfinger et Bons Baisers de Russie, les deux James Bond les plus présents. Quant aux nombreuses séquences, aussi belles qu’inquiétantes, de manœuvres des engins ennemis, elles ont le rythme contemplatif et la poésie macabre des séquences équivalentes (déplacements des plongeurs, du sous-marin) d’Opération Tonnerre. Et puis, le vieil homme qui chapeaute et commande tout, n’est-il pas, un peu, M ?