SYNOPSIS :
Dans une ville "imaginaire" d’Amérique latine, Aquilea,
les premiers signes d’une invasion se font jour. Pour lutter
contre les envahisseurs, une poignée de rebelles, sous
les ordres d’un vieil homme, entre en résistance. |
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POINT DE VUE
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Ce film magistral, considéré
en Argentine comme l’une des plus beaux fleurons de la riche
cinématographie locale, sortira bientôt en France,
33 ans après sa réalisation et au terme d’une
existence rocambolesque, marquée par l’interdiction,
la destruction partielle et la restauration miraculeuse. Magistral, Invasion
l’est par sa virtuosité technique, l’excellente qualité
de sa direction d’acteurs et de son interprétation,
et par ses superbes images d’un noir et blanc très
expressif. Le thème, celui d’une ville encerclée
par des ennemis inconnus, reconnaissables à leurs imperméables
beiges, et qui s’infiltrent partout, contrés par une
poignée d’hommes d’une part et, dans une perspective
d’avenir, par une résistance armée en formation
d’autre part, est passionnant à souhait, et on peut
distinguer la touche borgésienne dans ce portrait de
l’inéluctable fin qui n’est pourtant, à sa façon,
qu’un début. Cependant, il ne faudrait pas exagérer
la présence de la patte du romancier dans le scénario.
Borges fait ici du " Borges light " -
le dialogue est souvent d’une causticité très
jamesbondienne (il faut voir la scène de la porte fermée,
ou celle de la moto, qu’on pourrait croire issues de certains
OSS 117 ! ), voire, parfois, d’une insignifiance qui confine
à la lourdeur : Borges s’amuse et se distrait,
transposant plus son style parodique que celui, beaucoup plus
connu, qui a fait sa réputation, celui de " L’Aleph ",
fait d’encyclopédisme et de mysticisme.
Le film est avant tout un film d’action, aux séquences
d’action, justement, très nombreuses et très
spectaculaires. Toutes les séquences mettant en scène
le héros, Herrera (Lautaro Murua, grandiose, mais épouvantablement
vieilli et enlaidi depuis La maison de l’ange, douze
ans plus tôt), sont du pur James Bond : de l’allure
du héros (habillé de noir, souple, brutal) à
son caractère (loyal, téméraire, impitoyable,
pince sans rire), en passant par la façon de le filmer
en action, ou tout à coup entouré d’ennemis
plus nombreux. La séquence de torture renvoie directement
à Goldfinger, et, de façon générale,
ce sont Goldfinger et Bons Baisers de Russie,
les deux James Bond les plus présents. Quant aux nombreuses
séquences, aussi belles qu’inquiétantes, de
manœuvres des engins ennemis, elles ont le rythme contemplatif
et la poésie macabre des séquences équivalentes
(déplacements des plongeurs, du sous-marin) d’Opération
Tonnerre. Et puis, le vieil homme qui chapeaute et commande
tout, n’est-il pas, un peu, M ?
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