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Blood Feast 2 (c) D.R. ETRANGE FESTIVAL 2002

BLOOD FEAST 2

de M. Herschell Gordon Lewis
Par Yves GAILLARD


SYNOPSIS : Souad Ramsès III (J.P. Delahoussaye) s’installe dans le magasin de son aïeul dans l’ignorance des faits horribles qui s’y déroulèrent quarante ans auparavant : des sacrifices humains en hommage à la déesse Ishtar (cf. Blood Feast 1). Mais la découverte de l’idole, toujours là même après toutes ces années, l’envoûte et le pousse à continuer l’œuvre entreprise par son grand-père. Les meurtres de jeunes femmes reprennent…

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POINT DE VUE

  Blood Feast 2 (c) D.R.
" L’avenir nous dira si Jacky et Melissa (ses producteurs) entreront ou pas dans l’Histoire du cinéma pour avoir produit ce film " : c’est sur cette phrase que Herschell Gordon Lewis clôtura la discussion qui prit place suite à la projection de Blood Feast 2. Après le succès et l’influence aussi phénoménale qu’inattendu du premier opus, au vu de ces conditions de production comme de ses outrances, la question ne manque pas de pertinence. Alors, au sortir de cette avant-première mondiale (si en avance même que c’est une copie vidéo qui fut projetée dans l’absence actuelle d’une copie film), que dire de Blood Feast 2, au-delà d’une réaction épidermique aussi éphémère que sans nuance ?

Le plus étonnant sans doute est l’aspect anachronique du film, comme flottant quelque part entre les premières productions Troma, les films d’exploitation des années 60 et surtout le trash " soft " dont John Waters s’est fait une spécialité dans sa carrière hollywoodienne. La caractéristique première de toutes ces choses étant une conception du récit avançant sans logique, au gré de scènes plus ou moins bien agencées, et plus ou moins percutantes. Ce principe du sketch, totalement absent du premier Blood Feast qui se distingue au contraire par sa structure primitive mais efficace, plombe cette suite en en accusant les faiblesses de script. Mais on ne va pas voir Blood Feast 2 pour assister à une leçon de scénario, donc passons à ce qui importe : le gore, et l’humour.

Blood Feast 2 (c) D.R.
Gore, et même très gore, le film l’est assurément : on s’épargnera la litanie des mutilations, elles y sont toutes. Signalons cependant une manœuvre encore inconnue du moins à nos yeux, le curetage de cerveau au tire-bouchon. Un étrange phénomène se produit dès que plus d’un litre de sang est versé : toute velléité de découpage disparaît, et ne reste alors que des gros plans n’épargnant aucuns des détails des opérations auxquelles se livrent avec brio Souad Ramsès III. La qualité des effets spéciaux aidant, les inserts gore semblent presque appartenir à un autre film tant leur force jurent avec l’insouciance rigolarde dans laquelle baigne le reste du métrage. Une musique rock nappe le tout sans trop de conviction, ayant la délicatesse d’être suffisamment insignifiante pour se faire oublier. Avec une opiniâtreté étonnante au vu des évolutions du gore vers la stylisation cartoonesque, HGL le pratique comme on fait du porno : arrêt du récit, découpage immuable, et insistance sur des stimuli précis (aux râles mécaniques du porno répond ici le pincement de la fibre du dégoût, par force caresses gluantes pratiquées sur des organes in identifiables).C’est d’ailleurs peut-être le plus grand intérêt de Blood Feast 2 : le gore y est pratiqué avec une froideur chirurgicale, sans l’impurifier d’une tonalité comique ou angoissante.