SYNOPSIS :
Souad Ramsès III (J.P. Delahoussaye)
s’installe dans le magasin de son aïeul dans l’ignorance
des faits horribles qui s’y déroulèrent quarante
ans auparavant : des sacrifices humains en hommage à
la déesse Ishtar (cf. Blood Feast 1). Mais la
découverte de l’idole, toujours là même
après toutes ces années, l’envoûte et le
pousse à continuer l’œuvre entreprise par son grand-père.
Les meurtres de jeunes femmes reprennent… |
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POINT DE VUE
" L’avenir nous
dira si Jacky et Melissa (ses producteurs) entreront ou pas
dans l’Histoire du cinéma pour avoir produit ce film " :
c’est sur cette phrase que Herschell Gordon Lewis clôtura
la discussion qui prit place suite à la projection
de Blood Feast 2. Après le succès et
l’influence aussi phénoménale qu’inattendu du
premier opus, au vu de ces conditions de production comme
de ses outrances, la question ne manque pas de pertinence.
Alors, au sortir de cette avant-première mondiale (si
en avance même que c’est une copie vidéo qui
fut projetée dans l’absence actuelle d’une copie film),
que dire de Blood Feast 2, au-delà d’une réaction
épidermique aussi éphémère que
sans nuance ?
Le plus étonnant
sans doute est l’aspect anachronique du film, comme flottant
quelque part entre les premières productions Troma,
les films d’exploitation des années 60 et surtout le
trash " soft " dont John Waters s’est
fait une spécialité dans sa carrière
hollywoodienne. La caractéristique première
de toutes ces choses étant une conception du récit
avançant sans logique, au gré de scènes
plus ou moins bien agencées, et plus ou moins percutantes.
Ce principe du sketch, totalement absent du premier Blood
Feast qui se distingue au contraire par sa structure primitive
mais efficace, plombe cette suite en en accusant les faiblesses
de script. Mais on ne va pas voir Blood Feast 2 pour
assister à une leçon de scénario, donc
passons à ce qui importe : le gore, et l’humour.
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Gore, et même très
gore, le film l’est assurément : on s’épargnera
la litanie des mutilations, elles y sont toutes. Signalons
cependant une manœuvre encore inconnue du moins à nos
yeux, le curetage de cerveau au tire-bouchon. Un étrange
phénomène se produit dès que plus d’un
litre de sang est versé : toute velléité
de découpage disparaît, et ne reste alors que
des gros plans n’épargnant aucuns des détails
des opérations auxquelles se livrent avec brio Souad
Ramsès III. La qualité des effets spéciaux
aidant, les inserts gore semblent presque appartenir à
un autre film tant leur force jurent avec l’insouciance rigolarde
dans laquelle baigne le reste du métrage. Une musique
rock nappe le tout sans trop de conviction, ayant la délicatesse
d’être suffisamment insignifiante pour se faire oublier.
Avec une opiniâtreté étonnante au vu des
évolutions du gore vers la stylisation cartoonesque,
HGL le pratique comme on fait du porno : arrêt
du récit, découpage immuable, et insistance
sur des stimuli précis (aux râles mécaniques
du porno répond ici le pincement de la fibre du dégoût,
par force caresses gluantes pratiquées sur des organes
in identifiables).C’est d’ailleurs peut-être le plus
grand intérêt de Blood Feast 2 :
le gore y est pratiqué avec une froideur chirurgicale,
sans l’impurifier d’une tonalité comique ou angoissante.
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