SYNOPSIS:
Will Dormer, flic de Los Angeles,
est envoyé en Alaska en compagnie de son équipier
Hap Eckhart pour enquêter sur le meurtre d'une jeune fille
de 17 ans. Alors qu'un jour ils traquent le présumé
meurtrier, Will tue accidentellement son collègue, avec
lequel, depuis quelques jours, il ne s'entendait plus vraiment.
Ce qui n'arrange pas vraiment la situation de Will.
Insomnia, nouveau
film de Christopher Nolan, après le surestimé
Memento, s'attache à nous raconter l'histoire
d'un homme déboussolé. Si l'action d’Insomnia
se situe en Alaska, ce n'est pas un hasard : là-bas,
il y fait 6 mois jour et 6 mois nuit. Et à la période
où Will enquête, le soleil ne se couche pas.
Difficile donc pour lui de dormir (malgré son nom de
famille !) essayant tant bien que mal de contrer les
lumières du soleil traversant la fenêtre de sa
chambre. Plus la vérité est difficile à
accepter pour lui, plus la mise en abyme du personnage de
Pacino se fait de plus en plus forte.
La présence des éléments naturels est
importante dans le film. La scène dans laquelle Will
tue Hap se déroule dans un épais brouillard,
comme si Will était handicapé ou habité
par des événements passés qui l'ont marqué
: il ne semble pas tout à fait tranquille. La présence
de la nature se remarque aussi dans la scène où
Will s'entretient avec la meilleure amie de la victime :
le vent est fort et Will semble porter par l'élan que
génère ce souffle.
Dans la courte mais jolie poursuite
sur les rondins de bois, Will tombe à l'eau et se retrouve
coincé sous de gigantesques troncs d'arbres. Alors
qu'il est sous l'eau dans l'obscurité, il cherche à
remonter à la surface vers une lumière presque
inaccessible qui traverse l'eau entre les arbres flottants
(triste ironie du sort pour celui qui fuyait la lumière
dans sa chambre !). Will est en eaux troubles, les bruits
du quotidien l'agressent, que ce soit le ventilateur ou la
machine à café. Sa conscience le perturbe, les
flashs qui lui parviennent par intermittences cabossent la
narration et interrogent le spectateur sur leur nature et
leur origine, ils annoncent l'explication qui interviendra
à la fin. Pour lui, il est difficile de poursuivre
un meurtrier alors qu’il a lui-même tué. C'est
précisément ce point que lui rappelle le tueur,
interprété par Robin Williams. Il lui fait comprendre
qu'ils sont tous les deux embarqués dans la même
galère, amplifiant ainsi les tensions psychologiques
auxquelles Will est confronté. On pourrait même
comparer cette ambivalence au thème de la culpabilité
(et des problèmes éthiques et moraux qu'elle
pose) chère à Fritz Lang.
Le film de Nolan se termine un peu sèchement dans une
scène de fusillade très classique. Dans cette
séquence, Pacino trouve ce qu'il cherchait depuis le
début de son enquête : le grand sommeil. Et ce
n'est pas non plus un hasard, quand on sait que Le Grand
Sommeil d’Howard Hawks, archétype même du
film noir, se passe essentiellement la nuit, contrairement
à Insomnia. Dans le dénouement, Will
Dormer rejoint la nuit, terrain idéal du polar. Nolan
rend alors un vibrant hommage au classique film noir hollywoodien
des années 40. Plutôt habile.
Titre : Insomnia Réalisateur :
Christopher Nolan Scénariste :
Hillary Seitz Directeur de la photographie :
Wally Pfister Acteurs : Al Pacino,
Robin Williams, Hilary Swank, Maura Tierney, Martin
Donavan, Nicky Katt, Paul Dooley, Jonathan Jackson,
Katharine Isabelle, Jay Brazeau Francis Compositeur : David
Julyan Costumier : Tish
Monaghan Monteur : Dody
Dorn Chef décorateur :
Nathan Crowley Producteur : Broderick
Johnson, Andrew A. Kosove, Edward McDonnell, Paul
Junger Witt Production : Section
Eight, Alcon Entertainment Distribution :
Warner Bros Producteur exécutif :
George Clooney, Charles J.D. Schlissel, Steven
Soderbergh, Tony Thomas, Kim Roth Coproducteur :
Emma Thomas Producteur associé :
Steven P. Wegner, Ben Cosgrove Sortie : 06 Novembre
2002 Durée : 1h 56mn Année :
2002 Pays : USA