SYNOPSIS :
Stockholm 1975. Une communauté
hippie vit dans une promiscuité insouciante et joyeuse,
où les couples se font et se défont, ne mangent
pas de viande et ont juré la perte du Grand Capital.
Un jour, la sœur de l’un d’eux, battue par son mari, débarque
avec ses deux enfant. Son arrivée impromptue va bouleverser
la vie des uns et des autres. |
....................................................................
|
POINT DE VUE
Les années 70, c'est
l'ère psychédélique, la crise générale
de l'énergie, le ralentissement économique,
la création de Greenpeace par l'université de
British Columbia, les groupes de "design radical", les "brutalistes"
et les "éco-architectes". C'est le massacre des Palestiniens
en Jordanie, la marche internationale des femmes pour une
maternité libre, le coup d'état au Chili, les
grandes grèves ouvrières en France, la "Révolution
des œillets" au Portugal, la démission des colonels
en Grèce et celle de Richard Nixon outre-Atlantique.
Le rêve américain s'évanouit au Viêt-nam,
Soljénitsyne publie l'Archipel du Goulag et
l'Espagne entre dans une nouvelle ère avec la mort
de Franco.
Dans ce climat de revendication
politique permanente, on assume les transgressions et l'innovation
sexuelle est plus qu'une expérience. Les plaisirs multiples
deviennent faciles, puis évidents. Vitupérant
une société fondée sur la répression
sexuelle comme sur l'aliénation du travail, les communautés
s'organisent un peu partout dans le monde occidental. S'il
y a les fuites écologiques inspirées ou non
par le mythe agricole, il y a également les collectifs
citadins. La communauté Tillsammans décrite
par Lukas Moodysson appartient à cette dernière
catégorie. Aire de repli, abri contre le système
et ses multiples dérives, zone libérée,
paradis de tous les possibles, elle est également un
nœud de heurts et de contradictions. Tout est intense, mais
tout est dans le même temps amour et conflit. La vie
communautaire a ses travers, cela s'entend. Si chacun jouit
de son espace propre, la frontière de l'existence privée
est extrêmement ténue, les désirs des
uns et des autres sont étalés au grand jour
et passés à la moulinette. On s'empoigne pour
des légumes ou une assiette à laver, et si l'on
s'accorde volontiers à dire que la jalousie est un
carcan humiliant, les frustrations, les déceptions
et les colères abondent. On trouve de tout dans la
communauté Tillsammans : des végétariens
intégristes, ceux pour qui les excursions hors du couple
sont difficilement envisageables, des partisans de toutes
les expériences, un adepte maniaco-infantile de la
lutte permanente contre le Grand Capital. Dans cette quête
éperdue d'un antimodèle où se meuvent
d'incorrigibles idéalistes, les enfants, issus ou non
du groupe, n'appartiennent à personne et s'éduquent
comme ils le peuvent. Lorsqu'Elisabeth débarque de
son espace traditionnel et découvre ce qui ressemble
à la fois à une chefferie, une tribu primitive
et un havre de paix loin du tumulte, elle a soudain l'impression
d'avoir pris le maquis...
|