SYNOPSIS :
Durant la Seconde Guerre mondiale,
Wladyslaw Szpilman, un célèbre pianiste juif polonais,
échappe à la déportation mais se retrouve
parqué dans le ghetto de Varsovie dont il partage les
souffrances, les humiliations et les luttes héroïques.
Il parvient à s'en échapper et se réfugie
dans les ruines de la capitale. Un officier allemand, qui apprécie
sa musique, l'aide et lui permet de survivre. |
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POINT DE VUE
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Roman Polanski n’est plus
malade, et son cinéma s’en ressent de plus en plus,
année après année, film après
film. Son dernier long-métrage, injustement récompensé
d’une palme d’or offerte en remerciement d’une belle carrière,
est malheureusement la victime de cet état de fait :
Polanski s’est remis de ses tourments, a oublié les
traumatismes de son enfance (juif polonais, il a grandi dans
le ghetto de Varsovie, qu’il décrit d’ailleurs dans
ce film), et ceux de sa jeunesse (la mort atroce de sa femme
Sharon Tate, poignardée lors d’une soirée par
les adeptes du gourou Charles Manson, le scandale sexuel qui
l’interdit aujourd’hui de fouler du pied le sol des Etats-Unis).
Le résultat, troublant, témoigne d’un manque
relatif d’originalité, de démence, et de ce
caractère glauque qui caractérisait des œuvres
aussi malsaines que Rosemary’s baby, Chinatown,
ou Le Locataire, film auquel on pense justement souvent
devant cette histoire d’un homme qui se cache des autorités
nazies en occupant un appartement situé en face du
quartier général allemand. Mais là où
Le Locataire était une incroyable parabole sur
la paranoïa et sur l’agoraphobie, Le Pianiste
se révèle au final n’être qu’une œuvre
académique, rarement étonnante, dans laquelle
Polanski se fait curieusement absent, comme manquant de cette
audace que requiert pareil sujet, et dont l’incroyable Liste
de Schindler bénéficiait. Là où
Cronenberg pénètre l’âme de son personnage
et livre avec le prochain Spider une œuvre parfois
morbide, justement à la manière du cinéaste
de Répulsion, Polanski préfère
rester à la surface des choses, se contentant d’illustrer
platement mais avec un métier certain le livre autobiographique
de Wladislaw Szpilman.
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Le potentiel était
pourtant là, et l’interprète principal, Adrien
Brody, l’a bien compris, agrémentant son jeu d’un regard
halluciné nous permettant de croire au tragique destin
du personnage. C’est probablement là que se situe la
réelle réussite du film, dans son interprétation
emportant le spectateur dans le tourbillon mortel qui figea
les victimes du nazisme dans cette posture pitoyable, grands
corps décharnés éternellement en sursis.
A ce jeu, le film lui même réussit malgré
tout à prendre un instantané de la période
trouble dans laquelle il se déroule. En quelques plans
placés au début du film, c’est tout un pan des
livres d’histoire qui est ici illustré : la montée
du nazisme en Pologne, la peur des futures victimes ne pouvant
croire à leur funeste destin, la ghettoïsation
des juifs, la survie dans le ghetto. Autant de scènes
" à faire " et que le cinéaste
fait correctement. Filmant l’errance et l’attente de ces corps,
montrant ce doute qui monte en eux, les assaille, le film
réussit parfois à faire transparaître
une émotion évidente, notamment dans ces scènes
où les personnages découvrent – comme au cinéma,
à travers cet écran que représente leur
fenêtre – les crimes nazis. Mais de Polanski et d’un
tel sujet, d’une œuvre à priori aussi cathartique,
l’on attendait autre chose qu’un classique film historique.
On attendait quelque chose de différent, une œuvre
poignante, troublante, glauque, dans laquelle Polanski se
serait entièrement livré. Un long-métrage
à l’image d’une filmographie contenant son lot de chefs
d’œuvre intemporels. Le Pianiste aurait dû devenir
l’œuvre maîtresse du cinéaste, sa pièce
angulaire, son œuvre charnière, libératrice,
celle qui nous aurait permis de comprendre le reste de ses
films. Il n’en est rien, Polanski est rentré dans les
rangs, il n’est plus malade, on est ravi pour lui et pour
sa famille.
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Titre :
Le Pianiste
Titre VO :
The Pianist
Réalisateur
: Roman Polanski
Scénario :
Ronald Harwood, Roman Polanski
D'après le livre
de : Wladyslaw
Szpilman
Acteurs :
Adrien Brody, Thomas Kretschmann, Emilia Fox,
Ed Stoppard
Photo
: Pawel Edelman
Musique
: Wojciech Kilar
Production
: RP Productions
Distribution
: Bac Distribution
Festival :
Cannes 2002 en sélection officielle (Palme
d’Or)
Pays :
France, Angleterre, Allemagne, Pologne
Sortie France
: 25 Septembre 2002
Année :
2001
Durée
: 2h 28
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