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Blanche (c) D.R. BLANCHE
de Bernie Bonvoisin
Par Nicolas JOURNET


SYNOPSIS : XVIIe siècle. Alors qu’elle n’est âgée que de quatorze ans, Blanche de Péronne assiste au meurtre de ses parents par le capitaine KKK, chef des Escadrons de la mort, la milice privée du cardinal Mazarin. Quinze années plus tard, Blanche trouve enfin le moyen de venger la mort de ses parents. Sur les conseils d’un mercenaire solitaire dénommé Étranger et avec l’aide de la bande de brigands qu’elle dirige, elle décide de braquer un convoi destiné au cardinal. L'embuscade réussit et Blanche entre en possession de deux objets d’importance : une substance farineuse appelée poudre du Diable et une lettre codée. Le règlement de comptes va pouvoir commencer.


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IMMACULEE DECEPTION

  Blanche (c) D.R.
Tout se présentait plutôt bien. Le casting était prestigieux. La présence au générique d’acteurs tels que Gérard Depardieu, Carole Bouquet, Jean Rochefort ou José Garcia pouvait être considéré comme un bon présage.

Certes, la qualité des acteurs ne fait pas un bon film, mais on pouvait présupposer, peut-être avec un peu de naïveté, que les comédiens de renom précédemment cités n’étaient pas là par hasard. Qu’ils avaient choisi de tourner dans Blanche parce qu’ils avaient aimé l’histoire, parce qu’ils avaient apprécié le scénario écrit par Bernie Bonvoisin.

Le troisième film de l’ex-chanteur de Trust se présentait donc sous de bons auspices. L’augure semblait d’autant plus favorable que dans ses deux précédentes réalisations Bernie Bonvoisin s’était distingué par l’originalité de ses dialogues. Dans Les démons de Jésus ou Les grandes bouches, l’artiste multicarte avait su créer une atmosphère très particulière grâce au parlé plus que fleuri des personnages qu’il mettait en scène.

Depuis la grande période Michel Audiard, ce genre de cinéma aux dialogues ciselés avait disparu de nos écrans. En remettant au goût du jour cette recette un peu passée de mode, Bernie Bonvoisin s’exposait donc aux comparaisons quelque peu hâtives de journalistes trop pressés. Le comparer d’emblée à Michel Audiard, comme ont pu le suggérer certains commentateurs, ne tenait pas la route : ce n’est pas cas parce qu’un apprenti scénariste mitonne des dialogues en argot qu’il doit être placé sur le même plan que le cuistot en chef. Mais loin de réfuter ces analogies douteuses, Bernie Bonvoisin s’est copieusement servi du parallèle établi entre son œuvre et celle d’Audiard. Il faut dire qu’avec un tel héritage en poche, il entrait en possession d’un outil marketing plutôt efficace.

Blanche (c) D.R.
D’ailleurs, Luc Besson qui est plutôt doué en matière de marketing ne s’y est pas trompé. Même si le réalisateur du Grand Bleu se plante quelques fois, il n’a pas vraiment la réputation de mettre ses économies dans n’importe quel film.

Pourtant il a décidé de produire Blanche par l’intermédiaire de sa société Europacorp, à qui l’on doit des films comme Le Baiser du Dragon ou Yamakasi. Dès le départ, le film de Bernie Bonvoisin présentait donc à ses yeux un attrait financier non négligeable.

Seulement, son impact économique reposait sur une comparaison osée entre le style d’Audiard et celui de Bonvoisin. Blanche joue incontestablement sur le registre de la nostalgie, sur des références du cinéma français des années 60. Mais s’exposer au prisme de la comparaison était un risque bien présomptueux.

L’aura d’Audiard plane bien sur le film de Bernie Bonvoisin, mais il s’agit plus d’une menace, d’une épée de Damoclès prête à s’abattre à tout instant sur la tête des auteurs que d’une véritable source d’inspiration.