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Le Fils (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2002

LE FILS

de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Par Marc LEPOIVRE


SYNOPSIS : Olivier est formateur en menuiserie dans un centre de réinsertion sociale. Un jour, la directrice lui demande d'accueillir Francis, un adolescent désireux d'apprendre les métiers du bois. Olivier refuse, prétextant qu'il a déjà trop d'apprentis. Le jeune garçon est alors placé dans l'atelier de soudure. Qui est Francis ? Pourquoi Olivier se met-il à le suivre dans les couloirs de l'établissement, dans les rues de la ville, jusqu'à son immeuble ? Pourquoi est-il ainsi attiré par lui ? Et pourquoi semble-t-il le craindre à ce point ?

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UN CORPS DE CINEMA

  Le Fils (c) D.R.
Avec Le fils, les frères Dardenne restent plus que jamais fidèles à leur méthode et à leur univers. Une nouvelle fois, ils abordent le monde du travail à travers un récit d’une grande âpreté et d’une absolue simplicité, tendu vers un seul but. Olivier est professeur de menuiserie dans un centre de formation ; Après l’avoir refusé, il finit par intégrer dans son atelier Francis, un jeune apprenti… Toute l’histoire va se focaliser sur leur relation, entre attraction et répulsion. Olivier semble curieusement attiré par Francis ; il l’observe, l’épie, le guette.

Le fils fait nettement écho à La promesse : on retrouve des personnages masculins et la thématique de la filiation. La structure narrative elle même est comparable : un récit qui avance tout droit, sans temps mort, sans graisse, en équilibre précaire sur la corde raide, suspendu à une parole finale qui doit faire éclater la vérité et du même coup terminer l’histoire. Dans La promesse, le mouvement éperdu du récit et des personnages trouvait son point de résolution avec la phrase finale du jeune garçon par laquelle il disait la vérité à la mère noire au sujet de son mari décédé. Dans les deux cas, l’objet du secret est le même : la mort.

Le Fils (c) D.R.
Comme toujours, les frères Dardenne montrent un talent fou pour s’élever à une dimension abstraite et métaphysique à partir d’éléments très concrets et matériels, filmés dans un style documentaire. En l’occurrence, le travail du bois dans un atelier de menuiserie. Mais les titres de leurs films, très génériques, indiquent bien que le fond du propos est de toucher à une vérité universelle voire archaïque, proche du mythe ou du conte (comme dans certains westerns, genre de prédilection des frères Dardenne). Dans Le fils, la relation filiale s’inscrit dans un rapport d’initiation maître/apprenti, mais la transmission du métier du bois s’accompagne d’une transmission plus intérieure, plus profonde, engageant la vérité de l’être.

Mais ce qui fait le prix et la singularité du Fils, c’est bien sûr la performance sidérante d’Olivier Gourmet. Rarement un prix d’interprétation à Cannes nous aura paru autant justifié. En un certain sens, on peut voir Le fils comme un documentaire sur l’acteur Olivier Gourmet, ou plus exactement sur son corps d’acteur, en acte. Sa performance est avant tout physique, voire sportive. Sans cesse en mouvement, c’est son corps qui aimante la caméra et donc tire le récit : il faut le voir porter une planche sur l’épaule, en escalader à l’angle d’un mur, faire des abdos dans sa cuisine, courir, sauter, presque danser. A son corps si singulier et un peu massif, il imprime une grâce et une légèreté proprement stupéfiante. Il s’agit d’un jeu pleinement cinématographique, qui invente un corps de cinéma : sa façon d’occuper l’espace, d’investir le plan, d’habiter le cadre selon une logique de rupture et de déséquilibre voulue par les frères cinéastes. Si l’interprétation d’Olivier Gourmet est si magistrale, ce n’est pas en tant que performance isolée du reste du film (comme parfois certains grands numéros d’acteurs) mais parce quelle s’intègre parfaitement à la mise en scène des frères Dardenne : elle participe à ce souci de passer par l’extériorité et le physique pour aller vers l’intérieur et le métaphysique. Sans discours, sans grande déclamation ou envolée lyrique, c’est par son corps seul qu’Olivier Gourmet convoque les grands thèmes immémoriaux, aux confins de la vie et de la mort, de la vengeance, du pardon et de la rédemption.



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Titre
 : Le Fils
Réalisateur : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne
Scénariste : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne
Directeur de la photographie : Alain Marcoen
Acteurs : Olivier Gourmet, Morgan Marinne, Isabella Soupart, Rémy Renaud, Nassim Hassaïni, Kevin Leroy, Félicien Pitsaer, Annette Closset, Fabian Marnette, Jimmy Deloof, Anne Gérard
Ingénieur du son : Jean-Pierre Duret
Chef monteur : Marie-Hélène Dozo
Cadreur : Benoît Dervaux
Producteur : Luc Dardenne, Jean-Pierre Dardenne
Production : Les Films du Fleuve, Archipel 35
Exportation : Celluloïd Dreams
Distribution : Diaphana
Pays : Belgique, France
Sortie : 23 Octobre 2002
Année : 2001
Durée : 1h 43