SYNOPSIS :
Impliqué dans le posage de
bombes artisanales dans des centres commerciaux, Andreas Baader
(Frank Gering) décide, accompagné par quelques
militants extrémistes et son égérie amoureuse
Gudrun Ensslin (Laura Tonke), de fonder un groupe terroriste,
" Fraction Armée Rouge ", prônant
la révolution par la violence urbaine. Des banlieues
allemandes aux plateaux de la Syrie, le groupe fait son apprentissage
terroriste, et entreprend une série d’actions violentes
en vue de réunir les fonds nécessaires à
leur projet. En passant dans l’illégalité, Baader
et son groupe deviennent les ennemis publics n°1, et c’est au
terme d’une traque minutieuse que la police finira par les abattre. |
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POINT DE VUE
En parlant d’images, de
celles qui se montrent et se refusent, dans une cinématographie
et dans une culture, Baader de Christopher Roth se
présente en avatar curieux des biopics flamboyants
d’un Oliver Stone. Baader assemble ainsi des fragments
reconstitués du parcours du leader de " Fraction
Armée Rouge ", de la constitution du groupe
en 1968 jusqu’à la mort du terroriste, en en passant
par la forme du polar dans la relation ambivalente qui se
noue entre Baader et son ennemi juré, le chef de la
police.
Film " Rock n’Roll "
dans la lignée des Doors, Baader donne
à voir l’histoire contemporaine et ses soubresauts
comme l’ère du tout image : à chaque instant,
le film met ainsi en abyme le parcours de ses personnages
en les renvoyant aux représentations de leurs temps,
allant en vrac des expérimentations et icônes
godardiennes aux stéréotypes visuels du thriller
italien, des formes chaotiques du reportage " vérité "
aux photos d’un David Bailey. Poussant plus loin encore que
Stone l’idée d’une époque condamnée par
une sorte " d’exigence mythique ", Christopher
Roth applique jusqu’au bout une politique formelle de l’iconisation
à tout prix et sans distance.
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La question de savoir si
cette méthode trouve une pertinence alors qu’elle est
appliquée, non plus à une rock star, mais à
une figure politique et criminelle majeure de ces trente dernières
années est cependant problématique. Dans un
traitement partagé entre mythification et une certaine
bouffonnerie (volontaire ?) dans l’outrance pompière,
Baader reste au final énigmatique dans ses fins :
ainsi, on n’entendra rien ou presque de l’idéologie
de la violence révolutionnaire de la Fraction Armée
Rouge, réduite à quelques slogans-chocs, tandis
que l’attitude de l’Etat et de sa police est soigneusement
retranscrite dans toutes ces modulations, de la curiosité
enthousiaste à la détermination meurtrière.
D’autre part, le recours
aux clichés les plus éculés du thriller
confère au film un côté " bis "
dans le mauvais sens du terme, car dénué et
pour cause de la sauvagerie conservatrice des Polizietti italiens
dont Baader s’inspire plus ou moins ouvertement.
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Titre :
Baader
Réalisateur
: Christopher Roth
Scénario :
Christopher Roth, Moritz von Uslar
Acteurs :
Franck Giering, Frank Giering, Vadim Glowna, Jana
Pallaske, Birge Schade, Michael Sideris, Laura
Tonke
Directeurs de la Photographie :
Bella Halben, Jutta Pohlmann
Monteurs :
Barbara Gies, Christopher Roth
Musique :
Beethoven, Can, Suicide, Trans Am
Directeur de production :
Oliver Kroenke, Tobias Nolte, Attila Saygel
Producteur :
Stephan Fruth, Mark Glaeser, Christopher Roth
Production :
72film, Berlin, in co-production with Leading
Edge, Barcelona, Spiel.Film, Munich
Festival :
Berlin 2002 (compétition)
Année :
2002
Durée
: 2h 09
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