SYNOPSIS:
Dans la grande ville, deux amis d’enfance
se retrouvent pour évoquer leurs souvenirs. Leurs retrouvailles
font surgir les images de leur dernier été passé
dans leur village natal, un petit port de pêche, et surtout
la découverte d’un monde secret habité par la
mystérieuse Mari.
Faisant office de pionnier,
l’Etrange Festival Strasbourg projeta en film de clôture
le Grand Prix du Festival d’Annecy 2002, premier exemple
" d’œuvre " issu des productifs studios
d’animation coréen plus connus comme sous-traitants
pour la production d’animation télévisuelle
(de South Park aux séries japonaises).
Vraisemblablement conçu
dans le souci de rallier le public le plus large possible,
et pourquoi pas de concurrencer le cinéma d’animation
japonais sur son propre terrain, Mari Iyagi s’inscrit
dans un univers de féerie enfantine " universaliste ".
Les leçons de Myazaki ont été retenues,
et le public occidental ne sera pas dépaysé
devant cette variation sur l’air de la nostalgie de l’enfance
et de ses contrées imaginaires, convoquant scrupuleusement
les incontournables du genre. Si l’on pense beaucoup à
Mon ami Totoro, dans l’inscription de l’imaginaire
au sein même du familier (là le grand arbre
du jardin, ici un phare abandonné), c’est L’Histoire
Sans Fin, un autre classique de l’art enfantin, qui
est convoqué avec le plus d’insistance, la confusion
entre réalité et imaginaire se résolvant
en effet dans la victoire de " l’autre monde ".
On pourrait ajouter, dans le registre des influences possibles,
les créations éthyliques du Philémon
de Fred, certaines créatures évoquant lointainement
le loufoque Simbabad de Bagdad.
Au sein du carcan rigide
du conte de fée, Mari Iyagi glisse cependant
quelques touches de pittoresque paillard dans la description
des médiocres loisirs de cette communauté de
pêcheurs, réjouissantes par leurs raretés
dans le domaine du film d’animation grand public.
Mais au-delà de son schéma
initiatique balisé, c’est avant tout dans sa forme
que Mari Iyagi constitue une curiosité, voire
un possible chef d’œuvre. Fondé sur le principe de
la rotoscopie, privilégiant la fluidité du
mouvement au détriment de la stylisation, et l’aplat
de couleur plutôt que le contour, Mari Iyagi
offre une esthétique d’animation des plus originales,
où la dimension éthérée du souvenir
trouve une figuration convaincante à défaut
d’être " jolie ". Pour boucler
le jeu des comparaisons, inévitables au vu du film,
l’inscription dans un contexte maritime offre au film une
réelle originalité dès lors que l’on
évoque Myazaki, dont l’œuvre s’enracine dans un univers
profondément terrien. Le recours aux aplats, si souvent
associés dans l’esprit du spectateur aux expérimentations
low fi des séries MTV - à laquelle
se réfèrent d’ailleurs les créateurs
du film notamment dans les silhouettes d’arrière-plan
- est littéralement ennobli par la somptuosité
et l’expressivité des rendus lumineux. Mari Iyagi
cultive ainsi une beauté de l’élémentaire
marin jamais oublieux de l’ambivalence de cette poétique,
où le ludique est toujours prêt à basculer
dans l’angoisse d’une stase éternelle. Dès
lors, le motif de l’entrelacement du rêve et de la
réalité outrepasse son rôle de procédure
dépaysante à connotation merveilleuse ;
et Mari Iyagi parvient à donner à voir
cette vérité profonde de l’enfance, contrée
où l’appréhension du monde s’opère
dans une perpétuelle fascination pour les miroitements
du réel.
Titre : Mari Iyagi Réalisateur :
Lee Sung-gang Scénario :
Kang Soo-jung, Seo Mi-ae, Lee Sung-gang Voix : R. Duk-hwan,
L. Byung-hun, A. Sung-gi, B. Jong-ok, C. Hang-sun
Chef opérateur :
Kwon Kun-uk Monteur : Park
Gok-ji Musique : Lee Byeong-woo Producteur exécutif
: Cha Sung-jae, Choi Jae-won Producteur : JO
Seong-won Production : Siz
entertainment Pays : Corée
du Sud Année :
2001