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Demonlover (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2002

DEMONLOVER

d’Olivier Assayas
Par Florence POMMERY


SYNOPSIS : Diane travaille dans une multinationale présidée par Henri Volf. Le site Internet Mangatronics a recruté Diane comme espionne industrielle pour faire échouer la négociation de Volf avec le site concurrent : Demonlover. Les liens de Demonlover avec des sites violents et illégaux fragilisent leur dossier auprès du groupe de Volf, qui ignore l’existence de ces sites secrets.

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SEXE, MENSONGES ET SNUFF MOVIES

Le réalisateur français Olivier Assayas livre un cyber polar troublant et fascinant où pouvoir et manipulation, mensonges et séduction s’entremêlent à la frontière du réel et du virtuel. Une intrigue éclatée pour un voyage étrange et sensoriel plastiquement maîtrisée flirtant allégrement du côté de Mullohand Drive et de Lost Higway. Un Assayas magistral donc mais trop ambitieux qui se perd dans une intrigue confuse et réprime le côté expérimental de son film par un réalisme exacerbé.

  Demonlover (c) D.R.
Deux ans après Les Destinées Sentimentales, Olivier Assayas change de registre et revient avec Demonlover au genre plus contemporain du polar, sur fond de manipulation et d’espionnage industriel dans le monde de l’Internet.

Très attendu et déjà très controversé, Demonlover se présente d’emblée comme un film atypique. Il possède une esthétique futuriste sensuelle et machiavélique imprégnée d’un parfum de folie et de paranoïa très à la mode au cinéma ces temps- ci (voir le très angoissant Photo Obsession de Mark Romanek).Le film possède la particularité d’avoir un univers graphique fort associé à une intrigue qui devient de plus en plus touffue au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire. Il provoque ainsi une perte des repères narratifs et sonores chez le spectateur qui fait écho au cinéma de David Lynch.

La musique et la bande son s’intègrent en effet parfaitement au processus expérimental du film et y participent activement. Avec un rock bruitiste aux sons très saturés, les musiciens du groupe Sonic Youth ont su créer une véritable osmose stylistique accentuant toute la folie et la violence contenue dans le film et illustrant le monde irréel des images montrées.

Demonlover (c) D.R.
En accordant une grande importance à la dimension plastique de son film, Assayas prend toutefois le risque de le rendre factice et vide. Le cinéaste combine ainsi maladroitement la dimension réaliste du monde des finances et de l’entreprise et ses expérimentations graphiques, rendant l’ensemble chaotique, indéfinissable, inclassable et très surprenant. (Un mélange singulier qui est aussi peut être l’un des attraits principal du film.)

Le polar requiert un traitement nerveux et efficace, rapide et tendu. Assayas l’a compris mais la plupart du temps, sa mise en scène reste trop plate par rapport à la violence et à la noirceur de l’intrigue. Les détails réalistes qu’il s’acharne à restituer ne sont pas réellement nécessaires dans un polar virtuel traitant d’univers parallèles. Ils ne contribuent en rien à la construction de l’univers froid et inquiétant de Demonlover. Certes, le réalisateur justifie ce choix en invoquant l’appartenance de ses protagonistes à un monde virtuel mais cette obstination à rendre " ultra réaliste " le film pour révéler son appartenance à un monde virtuel ralentissent le récit et freinent la dynamique du film, créant des scènes ennuyantes dignes d’un film d’entreprise.