Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Jay & Bob contre-attaquent (c) D.R. JAY & BOB
CONTRE-ATTAQUENT

de Kevin Smith
Par Yves GAILLARD


SYNOPSIS : Jay (Jason Mewes) et Silent Bob (Kevin Smith) vivent dans le New Jersey, adossés à la vitrine d’une supérette. Mais un événement majeur va les forcer à s’en décoller, et à entreprendre la plus grande aventure de leurs misérables existences : un de leurs amis , scénariste de comics, a en effet vendu la licence de leurs propres personnages au studio Miramax, qui s’apprête à en réaliser une adaptation cinéma. Et à l’idée de se faire agoniser d’injures sur internet pour tous les " nerds " de la planète, les deux branquignols pondent le plan du siècle : aller à Hollywood, et empêcher coûte que coûte ce tournage infâme. Sur la route, ils découvriront les lois de la vie, l’amour, un singe, et… Matt Damon.

....................................................................

POINT DE VUE

  Jay & Bob contre-attaquent (c) D.R.
Depuis Dogma, on était sans nouvelles de Kevin Smith, occupé qu’il était à scénariser (entres autres comics) les aventures de l’aveugle justicier Matt Murdock, alias Daredevil. Smith put y déverser ses questionnements théologiques sans honte ni pudeur, et surtout sans crainte de voir se profiler à nouveau les réactions virulentes et haineuses que suscita son hérétique dernier ouvrage cinématographique. Dès lors, Jay and Silent Bob peut se voir dans une logique purement auto-masturbatoire : une " blow face " obsessionnelle charriant des quintaux d’insanités salaces et de références régressives au no man’s land sub-culturelle des années 80, de Scoubidou à Star Wars : des références littéralement alignées, sans que ne s’élève un soupçon de nostalgie ou de distance. Elles sont juste là, fourmillantes au détour de chaque image, sans même chercher à faire rire : leur présence suffit à ce pur bonheur de cinéphile qu’est la reconnaissance. Dès lors, tout comme Wayne’sWorld, dont le film de Smith constitue un quasi remake, Jay and Silent Bob est une sorte de long hululement de pur oubli du réel, dans les brumes marijeannées, érudites et libidineuses qui nimbent le souvenir, si douloureux et si doux, des images de l’adolescence masculine. Ce n’est pas une, mais des dizaines de madeleines proustiennes dont nous gavent M. Smith.

Les références, la jouissance de la bêtise, s’offrent dans une mise en scène inexistante, réalisation sans finesse d’idioties aussi fugitives qu’une idée saugrenue jaillie des tréfonds d’une soufflette. On a cité Wayne’s World : c’est aussi Captain Orgazmo et autres parangons de l’idiotie comme posture artistique qui pourraient être convoqués. A cet égard, Smith va plus loin encore, puisqu’il parvient plus souvent à ne pas être drôle (ce qui est une qualité dans ce genre-là).

Jay & Bob contre-attaquent (c) D.R.
La différence majeure avec ces modèles est qu’ici, Smith s’exprime en tant que fan : posture éminemment périlleuse du squatter de vidéo-club devenu réalisateur hollywoodien. Pour mieux appuyer ce qui semble être pour lui l’escroquerie du siècle (son propre film, et sa propre carrière), Smith assemble une dernière séquence, se situant dans des imaginaires studios Miramax, qui dépeint en quelque croquis les cinéastes " honorables " : l’artiste Gus Van Sant comptant ses billets verts, un savoureux Chris rock en " director " afro-américain marchant à la paranoïa anti-blanc, un Wes Craven qui s’en fout.  Autant d’images de la maturité professionnelle passées au grand-angle déformant de l’adolescent Smith, entre admiration et mépris.

Alors bien sûr Jay & Silent Bob ressemble beaucoup à une mauvaise plaisanterie, à un alignement futile de gags scatologiques. Mais c’est en endossant la panoplie d’un sociopathe défini par, plus que la cinéphilie, l’inculture et la frustration sexuelle, la dépendance au " pote " dans toute son ambiguïté sexuelle, que Smith localise une certaine confusion adolescente. La lucidité joyeuse avec laquelle il la donne à voir perdure, émeut. Son auto-critique faite, reste à voir la suite. Mais, c’est désormais officiel, Kevin Smith ne réalisera pas le prochain Star Wars.



Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir




Titre VO
 : Jay and Silent Bob strike back
Titre : Jay & Bob contre-attaquent
Réalisateur : Kevin Smith
Scénariste : Kevin Smith
Directeur de la photographie : Billy Clevenger, Jamie Anderson, Kevin Smith, Scott Mosier
Acteurs : Jason Mewes, Kevin Smith Silent, Ben Affleck Holden, Jeff Anderson, Brian O'Halloran, Jason Lee Brodie, Carrie Fisher, Matt Damon, Alanis Morissette, Shannon Elizabeth, Eliza Dushku, Ali Larter, Will Ferrell, Judd Nelson, Seann William, Jon Stewart, Gus Van Sant, Chris Rock Chaka, Jamie Kennedy, Wes Craven, Shannen Doherty, Mark Hamill Cocknocker, Morris Day, Jason Biggs, Matt Damon, James Van Der Beek, Diedrich Bader
Compositeur : James L. Venable
Chef décorateur : Robert Holtzman
Producteur : Scott Mosier, Laura Greenlee
Producteur exécutif : Harvey Weinstein, Bob Weinstein, Jonathan Gordon
Production : Miramax Films, U.S.A. Dimension Films, View Askew Prods
Distribution : TFM Distribution, France
Date de sortie : 06 Novembre 2002
Durée : 1h 44mn
Pays : USA