SYNOPSIS :
Jay (Jason Mewes) et Silent Bob (Kevin
Smith) vivent dans le New Jersey, adossés à la
vitrine d’une supérette. Mais un événement
majeur va les forcer à s’en décoller, et à
entreprendre la plus grande aventure de leurs misérables
existences : un de leurs amis , scénariste de comics,
a en effet vendu la licence de leurs propres personnages au
studio Miramax, qui s’apprête à en réaliser
une adaptation cinéma. Et à l’idée de se
faire agoniser d’injures sur internet pour tous les " nerds "
de la planète, les deux branquignols pondent le plan
du siècle : aller à Hollywood, et empêcher
coûte que coûte ce tournage infâme. Sur la
route, ils découvriront les lois de la vie, l’amour,
un singe, et… Matt Damon. |
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POINT DE VUE
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Depuis Dogma, on
était sans nouvelles de Kevin Smith, occupé
qu’il était à scénariser (entres autres
comics) les aventures de l’aveugle justicier Matt Murdock,
alias Daredevil. Smith put y déverser ses questionnements
théologiques sans honte ni pudeur, et surtout sans
crainte de voir se profiler à nouveau les réactions
virulentes et haineuses que suscita son hérétique
dernier ouvrage cinématographique. Dès lors,
Jay and Silent Bob peut se voir dans une logique purement
auto-masturbatoire : une " blow face "
obsessionnelle charriant des quintaux d’insanités salaces
et de références régressives au no man’s
land sub-culturelle des années 80, de Scoubidou
à Star Wars : des références
littéralement alignées, sans que ne s’élève
un soupçon de nostalgie ou de distance. Elles sont
juste là, fourmillantes au détour de chaque
image, sans même chercher à faire rire :
leur présence suffit à ce pur bonheur de cinéphile
qu’est la reconnaissance. Dès lors, tout comme Wayne’sWorld,
dont le film de Smith constitue un quasi remake, Jay and
Silent Bob est une sorte de long hululement de pur oubli
du réel, dans les brumes marijeannées, érudites
et libidineuses qui nimbent le souvenir, si douloureux et
si doux, des images de l’adolescence masculine. Ce n’est pas
une, mais des dizaines de madeleines proustiennes dont nous
gavent M. Smith.
Les références,
la jouissance de la bêtise, s’offrent dans une mise
en scène inexistante, réalisation sans finesse
d’idioties aussi fugitives qu’une idée saugrenue jaillie
des tréfonds d’une soufflette. On a cité Wayne’s
World : c’est aussi Captain Orgazmo et autres
parangons de l’idiotie comme posture artistique qui pourraient
être convoqués. A cet égard, Smith va
plus loin encore, puisqu’il parvient plus souvent à
ne pas être drôle (ce qui est une qualité
dans ce genre-là).
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La différence majeure
avec ces modèles est qu’ici, Smith s’exprime en tant
que fan : posture éminemment périlleuse
du squatter de vidéo-club devenu réalisateur
hollywoodien. Pour mieux appuyer ce qui semble être
pour lui l’escroquerie du siècle (son propre film,
et sa propre carrière), Smith assemble une dernière
séquence, se situant dans des imaginaires studios Miramax,
qui dépeint en quelque croquis les cinéastes
" honorables " : l’artiste Gus Van
Sant comptant ses billets verts, un savoureux Chris rock en
" director " afro-américain marchant
à la paranoïa anti-blanc, un Wes Craven qui s’en
fout. Autant d’images de la maturité professionnelle
passées au grand-angle déformant de l’adolescent
Smith, entre admiration et mépris.
Alors bien sûr
Jay & Silent Bob ressemble beaucoup à une
mauvaise plaisanterie, à un alignement futile de gags
scatologiques. Mais c’est en endossant la panoplie d’un sociopathe
défini par, plus que la cinéphilie, l’inculture
et la frustration sexuelle, la dépendance au " pote "
dans toute son ambiguïté sexuelle, que Smith localise
une certaine confusion adolescente. La lucidité joyeuse
avec laquelle il la donne à voir perdure, émeut.
Son auto-critique faite, reste à voir la suite. Mais,
c’est désormais officiel, Kevin Smith ne réalisera
pas le prochain Star Wars.
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Titre VO : Jay and Silent Bob strike
back
Titre : Jay
& Bob contre-attaquent
Réalisateur :
Kevin Smith
Scénariste :
Kevin Smith
Directeur de la photographie
: Billy Clevenger, Jamie Anderson, Kevin Smith,
Scott Mosier
Acteurs : Jason
Mewes, Kevin Smith Silent, Ben Affleck Holden,
Jeff Anderson, Brian O'Halloran, Jason Lee Brodie,
Carrie Fisher, Matt Damon, Alanis Morissette,
Shannon Elizabeth, Eliza Dushku, Ali Larter, Will
Ferrell, Judd Nelson, Seann William, Jon Stewart,
Gus Van Sant, Chris Rock Chaka, Jamie Kennedy,
Wes Craven, Shannen Doherty, Mark Hamill Cocknocker,
Morris Day, Jason Biggs, Matt Damon, James Van
Der Beek, Diedrich Bader
Compositeur : James
L. Venable
Chef décorateur
: Robert Holtzman
Producteur : Scott
Mosier, Laura Greenlee
Producteur exécutif
: Harvey Weinstein, Bob Weinstein, Jonathan Gordon
Production : Miramax
Films, U.S.A. Dimension Films, View Askew Prods
Distribution : TFM Distribution,
France
Date de sortie : 06
Novembre 2002
Durée : 1h 44mn
Pays : USA
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