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Les Diablesses (c) D.R. LES DIABLESSES
d'Antonio Margheriti
Par Yves GAILLARD


SYNOPSIS : Une jeune héritière (Jane Birkin), une famille d’aristocrate décadent et désargenté, un gorille et une série de meurtres atroces évoluent dans les méandres d’un château gothique.

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POINT DE VUE

  Les Diablesses (c) D.R.
Film anachronique une fois replacé dans son contexte (1973 !), La Morte negli occhi del gatto (préférons le poétique titre italien, d’une littéralité confondante, au grotesque Les Diablesses) pourrait s’offrir comme limite ultime du fantastique gothique, courant artistique plutôt que genre, après son grand basculement dans le thriller " Alla Argento ".Son statut de " véhicule " pour le couple Birkin-Gainsbourg est, de par le caractère éphémère même de l’enjeu, l’occasion pour Margheriti de livrer une réflexion amusée sur le genre qu’il travaille ici une ultime fois.

Réalisé juste après le mythique diptyque " Andy Warhol ", La Morte… témoigne ainsi, plus peut-être que les sommaires Blood for… et Flesh for…, de la posture paradoxale du cinéaste, presque unique dans les annales du cinéma populaire : à la fois artisan du médiocre, et commentateur lucide et un brin dandy des errements hybrides du cinéma populaire. Conscient de la dévastation du thriller gothique qu’entérina Argento, Margheriti fait donc ici œuvre d’antiquaire : La Morte…juxtapose ainsi, dans un grand mouvement ludique, un demi-siècle de topos de la production populaire, du singe meurtrier à la machination, de la belle héritière au détective nonchalant (plus que de coutume encore, puisque ici il s’agit de Serge Gainsbourg), voire, au détour d’un plan ou d’un geste, la silhouette hiératique de l’Homme sans nom et l’élégance bondienne.

Les Diablesses (c) D.R.

Partagé entre l’ancien et le nouveau, l’atmosphère sensuelle et perverse du " gothique à taffetas " dont Margheriti signalait d’ailleurs déjà l’obsolescence en 1961 dans Danse Macabre, film littéralement hanté par le souvenir du gothique, et la fascination distanciée et obsessionnelle pour les chairs agressées, La Morte… Impose une alternative joyeuse aux constats d’agonie du cinéma populaire que signa, dans les dernières années de sa vie, Mario Bava. On pense en particulier à son Baron Blood, qui consistait aussi en un retour sur le gothique. Mais alors que le maestro faisait preuve d’une tendance à la nostalgie élégiaque dans la convocation des figures gothiques, Margheriti saupoudre son oeuvrette d’images incongrues, poussant le palimpseste vers l’absurde. Ainsi, c’est un chat qui sera le témoin de toute l’affaire, et qui s’offre au final, plus que la translucide Jane Birkin, comme le protagoniste véritable de ce théâtre de guignols.

Notons d’ailleurs que, dans le brassage figuratif à la limite du nonsense qu’est ce film, La morte negli occhi… annonce, prophétique dans ses images cliniques de cadavre putréfié, la réaction aux arabesques stylisées du Giallo argentesque que constituera le film de zombie.



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Titre
 : Les Diablesses
Titre VO : La morte negli Occhi del Gatto
Réalisateur : Antonio Margheriti
Scénario : Giovanni Simonelli, Antonio Margheriti
Acteurs : Jane Birkin, Serge Gainsbourg, Anton Diffring, Venantino Venantini, Francoise Christophe, Hiram Keller, Dana Ghia, Doris Kunstmann, Luciano Pigozzi, George Korrado, Bianca Doria, Tom Felleghi, Franco Ressel, Alessandro Perrella, Bruno Boschetti
Producteur : Luigi Nannerini
Monteur : Giorgio Serralonga
Musique : Riz Ortolani
Année : 1973