SYNOPSIS :
Une jeune héritière
(Jane Birkin), une famille d’aristocrate décadent et
désargenté, un gorille et une série de
meurtres atroces évoluent dans les méandres
d’un château gothique. |
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POINT DE VUE
Film anachronique une fois
replacé dans son contexte (1973 !), La Morte
negli occhi del gatto (préférons le poétique
titre italien, d’une littéralité confondante,
au grotesque Les Diablesses) pourrait s’offrir
comme limite ultime du fantastique gothique, courant artistique
plutôt que genre, après son grand basculement
dans le thriller " Alla Argento ".Son
statut de " véhicule " pour le
couple Birkin-Gainsbourg est, de par le caractère éphémère
même de l’enjeu, l’occasion pour Margheriti de livrer
une réflexion amusée sur le genre qu’il travaille
ici une ultime fois.
Réalisé juste
après le mythique diptyque " Andy Warhol ",
La Morte… témoigne ainsi, plus peut-être
que les sommaires Blood for… et Flesh for…,
de la posture paradoxale du cinéaste, presque unique
dans les annales du cinéma populaire : à
la fois artisan du médiocre, et commentateur lucide
et un brin dandy des errements hybrides du cinéma populaire.
Conscient de la dévastation du thriller gothique qu’entérina
Argento, Margheriti fait donc ici œuvre d’antiquaire :
La Morte…juxtapose ainsi, dans un grand mouvement ludique,
un demi-siècle de topos de la production populaire,
du singe meurtrier à la machination, de la belle héritière
au détective nonchalant (plus que de coutume encore,
puisque ici il s’agit de Serge Gainsbourg), voire, au détour
d’un plan ou d’un geste, la silhouette hiératique de
l’Homme sans nom et l’élégance bondienne.
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Partagé entre l’ancien
et le nouveau, l’atmosphère sensuelle et perverse du
" gothique à taffetas " dont Margheriti
signalait d’ailleurs déjà l’obsolescence en
1961 dans Danse Macabre, film littéralement
hanté par le souvenir du gothique, et la fascination
distanciée et obsessionnelle pour les chairs agressées,
La Morte… Impose une alternative joyeuse aux constats
d’agonie du cinéma populaire que signa, dans les dernières
années de sa vie, Mario Bava. On pense en particulier
à son Baron Blood, qui consistait aussi en un
retour sur le gothique. Mais alors que le maestro faisait
preuve d’une tendance à la nostalgie élégiaque
dans la convocation des figures gothiques, Margheriti saupoudre
son oeuvrette d’images incongrues, poussant le palimpseste
vers l’absurde. Ainsi, c’est un chat qui sera le témoin
de toute l’affaire, et qui s’offre au final, plus que la translucide
Jane Birkin, comme le protagoniste véritable de ce
théâtre de guignols.
Notons d’ailleurs que, dans le brassage figuratif à
la limite du nonsense qu’est ce film, La morte negli occhi…
annonce, prophétique dans ses images cliniques de cadavre
putréfié, la réaction aux arabesques
stylisées du Giallo argentesque que constituera le
film de zombie.
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Titre : Les Diablesses
Titre VO : La
morte negli Occhi del Gatto
Réalisateur :
Antonio Margheriti
Scénario : Giovanni
Simonelli, Antonio Margheriti
Acteurs : Jane Birkin,
Serge Gainsbourg, Anton Diffring, Venantino Venantini,
Francoise Christophe, Hiram Keller, Dana Ghia,
Doris Kunstmann, Luciano Pigozzi, George Korrado,
Bianca Doria, Tom Felleghi, Franco Ressel, Alessandro
Perrella, Bruno Boschetti
Producteur : Luigi
Nannerini
Monteur : Giorgio Serralonga
Musique : Riz Ortolani
Année :
1973
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