SYNOPSIS :
À Naples, la guerre des gangs
fait une victime de trop : un ponte de la mafia new-yorkaise
est abattu. La riposte ne se fait pas attendre : le meilleur
tueur de l’organisation, Peter Marchiani (Yul Brinner) sort
de sa retraite et est dépêché sur place
pour appliquer la justice du milieu… Et sa vengeance personnelle,
puisque sa cible n’est autre que le meurtrier de son propre
frère. |
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POINTS DE VUE
Ayant œuvré dans
tous les genres, Antonio Margheriti l’entremetteur en laissa
un presque en jachère dans sa pourtant sur-abondante
filmographie : le Poliziechietti. L’Ombre d’un tueur
(1977) s’y rapporte pourtant, en contrebande, en empruntant
le chemin du " film de tueur ", sous-genre
éphémère lancé par le succès
de The Mechanic (Le Flingueur) avec Charles
Bronson. Ainsi, les topos évidents du Poliziechietti
se retrouvent ici, que ce soit le climat social de totale
corruption, le décor terne (Naples), et la forme documentarisante.
Mais au-delà du discours sécuritaire hystérique
du Poliziechetti, l’Ombre d’un tueur, par l’opération
d’hybridation qui le constitue, déplace le constat
politique pour l’ouvrir plus largement à la question
de la transmission de la violence.
Comme toujours chez Margheriti,
cinéaste du rapiècement d’un film par un autre,
les emprunts et les dérives, au détour d’une
scène de course hippique, d’un rendez-vous galant sur
un marché napolitain, d’une chasse à l’homme
volée à…Chasse à l’homme de Fritz
Lang, fragmente le film comme une promenade nonchalante dans
les contrées du cinéma populaire. Ainsi, Margheriti
travaille le personnage incarné par Yul Brinner comme
une figure fantomatique, spectre réduit à son
visage - l’acteur, la star employée comme blason, signe
extérieur de richesse. Rien d’étonnant à
cela, tant le physique parcheminé, comme momifié
du comédien s’y prête.
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Soit un tueur, incarné
par un Yul Brinner plus mort que vif, prenant sous son aile
un jeune " rookie " pour lui apprendre
les métiers des armes. La morale cynique du film de
Michael Winner trouve ainsi en Margheriti un critique lucide,
qui en perce ici les rouages : la transmission s’effectue,
non pas au nom de la morale putride du jeune loup contre le
vieux renard " à qui l’on ne la fait pas ",
mais en préservant la logique même de la situation,
le déséquilibre des forces qu’elle engage :
l’homme mûr trompera le jeune, usera de sa fougue, et
gagnera la belle. En plus, il lui ôtera par là
tout avenir en lui léguant le désir de vengeance.
Film à la limite de l’abstraction, L’Ombre d’un
tueur travaille son fond morbide dès son ouverture.
Succédant à un très long pré-générique,
tres moderne par cette longueur même, la micro-forme
du générique s’offre en pièce d’orfèvrerie.
Pourquoi une telle longueur ? Pour enchâsser le
générique du film : les éclats du
clignotement des split-screens opèrent ainsi comme
annonce de la séquence finale : c’est dans le
clignotement d’un feu d’artifice que Marchiani trouvera la
mort. Stridence de la mort du héros. Stridence comme
opération globale du cinéma post-hollywoodien ?
Le motif du trauma, opérant par la forme du flash-back,
et qui traverse tout le cinéma de genre italien post-hollywoodien,
de Argento à Leone, trouve ici une figuration que l’on
pourrait dire terminale : La coulure du souvenir, opérant
sur la pupille du tueur selon le phénomène du
phosphène, imprègne la chair même du support.
Par cette opération d’imprégnation, la marque
traumatique se fait dévorante : image puissante
d’un cinéma qui se sait à l’agonie, au point
qu’il bascule dans l’abstraction. Film d’initiation à
rebours, ou le mal s’offre comme seul avenir possible dans
une chaîne de malédiction, L’ombre d’un tueur
s’irise d’une mélancolie sèche.
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Titre : L’Ombre d’un Tueur
Titre VO : Con
La Rabbia Agli Occhi
Réalisateur :
Antonio Margheriti
Acteurs : Yul Brynner
, Barbara Bouchet, Martin Balsam, Massimo Ranieri,
Giancarlo Sbragia, Salvatore Borgese, Giacomo
Furia, Loris Bazzocchi, Rosario Borelli, Luis
Williams, Renzo Marignano, Tommaso Palladino
Caméra : Sergio
D’Offizi
Musique : Guido De Angelis,
Maurizio De Angelis
Production : Giovine
Cin.ca
Durée :
92 min.
Pays :1976
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