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René (c) D.R. RENE
d’Alain Cavalier
Par Lydie FERRAN


SYNOPSIS : C’est l’histoire d’un homme gros qui veut maigrir. Il le fait pour éviter l’éclatement, pour séduire à nouveau, pour renaître (Re-né). Entre le personnage et le comédien qui l’interprète, il y a toutes les différences rencontrées dans un récit.

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ELOGE DE LA RONDEUR

" René ", le docu-fiction d’Alain Cavalier sur un cinquantenaire bien en chair, souffre paradoxalement, d’anorexie dramatique…

  René (c) D.R.

René, le dernier opus d’Alain Cavalier relève du genre docu-fiction et prend pour fil conducteur, le désir d’amaigrissement d’un homme gros, René, la cinquantaine, alias le comédien à l’embonpoint certain : Joël Lefrançois. Plus précisément, il déroule le fil d’un homme plutôt rond que gros. C’est bien de cela dont il s’agit en premier lieu dans ce film et qui demeure le plus intéressant : la forme, au sens médical, inévitable, mais aussi géométrique du terme car le fond, hélas, manque de profondeur…

Le sens médical est évident pour un personnage qui cherche à maigrir. Le réalisateur suit donc René dans sa vie quotidienne : visites chez le médecin, le kinésithérapeute, le magnétiseur. Le filmage se fait souvent en plans serrés voire même très serrés et dans un souci permanent de non esthétisme : nombreux gros plans sur le visage, la bouche, le ventre, les pieds, les mains, la chair du protagoniste.

" Un kilo en moins, c’est une victoire en plus " écrit une amie de René au dos de la balance électronique qu’elle vient de lui offrir. Tel est le combat de René qui pourtant, avec sa sympathie, sa bonne humeur, sa dynamique vie de comédien et de professeur de théâtre pour enfants, semble passer outre le plus souvent, son problème de surpoids, d’autant plus qu’il est entouré, qu’il est aimé.

Alors quel est le problème, le sujet réel du film ?

René (c) D.R.

Alain Cavalier le dissimule peut-être dans ce qui pourrait bien être, sous le prétexte (faux), le parti-pris du régime alimentaire, un éloge de la rondeur, à contre-courant de toutes les modes, à l’image même de la vie réelle du comédien Joël Lefrançois, loin, très loin de tout star-systèm…

En effet, la forme, au sens géométrique du terme surtout, habite l’image : assiettes, verres, haltères, fromages, hublot de machine à laver, décor de théâtre percé d’un rond où l’on passe la tête, chapeau…

René est rond et vit dans un monde rond, cercle originel de la Vie (le ventre de la mère), des planètes, de l’Univers…. La rondeur charnelle de René est celle du nourrisson. Il travaille d’ailleurs avec des enfants, ce qui est significatif. Pourquoi ne pas l’interpréter ainsi quand tout ou presque dans l’environnement de tout un chacun et ce, dès qu’il naît, est rond ? Une métaphore de la Vie, nous cacherait donc ce " René " qui cherche à renaître… renaître un peu moins rond… ? " Un petit 100 kg " lui suffirait, affirme-t-il…

Toutefois le sujet de la rondeur, de la grosseur, en filigrane donc, suffit-il, pour nous projeter dans le quotidien aussi simple et banal d’un homme qui vit avant tout sa vie, professionnelle, sentimentale, médicale ? Suffit-il à nous intéresser, à nous sensibiliser, à nous nourrir ? Telle est la question. En effet n’est-ce pas de cela dont il s’agit et que l’on vient chercher au Cinéma et dans un film : la nourriture, celle de l’esprit ? Cavalier nous y avait habitué. Or, ici, la pitance est bien maigre.