SYNOPSIS:
Une petite station balnéaire
longée d'une immense plage de galets. L'hiver, cette
ville en bord de mer a des aspects lunaires, tandis que l'été,
une foule de vacanciers et d'habitués se retrouvent sur
la plage. Au bout de celle-ci se situe une usine de traitement
de galets où travaille Marie, une jolie fille. Paul,
son petit ami, est épicier l'hiver et maître nageur
l'été. Préoccupé par sa mère
Rose, qui flambe sa retraite dans les machines à sous,
celui-ci ne comprend pas le tempérament rêveur
de Marie et l'étouffe de son amour maladroit. Un malaise
indicible étourdit peu à peu Marie. Les vacanciers
qu'elle croise au fil des saisons lui rappellent que ses rêves
de jeunesse sont ailleurs. Partir, quelle belle idée
! Et pourquoi pas avec Albert, un jeune cadre de l'usine qui
vient d'être renvoyé. Avec sa belle voiture de
sport, il a tous les traits du prince charmant.
Les tons gris, les galets,
l’arrière-saison déserte et froide. Ce bord
de mer là est immédiatement reconnaissable.
Mais à force de se montrer, de se désigner comme
étant le triste bord de mer de Normandie, il en devient
presque surréaliste. Sommes-nous finalement certains
de notre position ? Car la petite ville bordée
abrite un microcosme immuable ou presque, où les gens
naissent et meurent ou disparaissent, sans laisser de trace,
si ce n’est dans les esprits qui ne veulent pas l’avouer,
ne revenant qu’à l’état de fantôme citadin,
des corps sans âme.
Ce bord de mer pourrait être une île, ou un îlot
d’une autre dimension, à défaut d’être
d’un autre temps. Car c’est bien le temps que Julie Lopes-Curval
interroge tout au long de son film, de l’automne à
l’été, pendant lequel la ville et ses habitants
changent imperceptiblement. L’île semble dériver
au fil de l’eau, isolée, n’être reliée
au reste du monde que par un fils du pays devenu photographe
de mode (quel monde…). Un fils en fuite ramené par
une étrangère, qui n’entendait pas auparavant
les appels silencieux de sa mère décelant parmi
les galets gris une beauté insoupçonnée.
La réalisatrice joue avec ce gris faisant passer les
saisons mais pas cette couleur bâtarde qui reste immuable,
d’automne en été, éclipsée par
de rares rayons de soleil. Pourtant, sous l’œil du photographe,
le gris se fait bleu, le froid chaleur, et cette communauté
bien française voit sa plage habitée par une
mannequin africaine. L’appareil photo venu d’ailleurs fonctionne
comme un filtre révélateur des couleurs que
l’on croyait perdues, sinon inexistantes, du paysage et du
microcosme. Ainsi, ce sera l’étrangère, la citadine
qui ramènera couleur et vie. Et c’est dans une voiture
rouge qui lui fait écho que deux amants disparaîtront
littéralement de la région, et peut-être
même du film. Le va et vient de l’appartement à
l’usine, le cycle des saisons où un employé
de supermarché devient maître nageur, qui semblait
immuable voit ses horizons s’élargir sous la forme
improbable d’un habitant des mers.
Le cycle, c’est aussi celui de la vie :
donner naissance, élever, porter secours. Bulle Ogier
prend les traits d’une mère dont le mari défunt
a bâti l’usine de galet qui fait vivre la ville. Seule,
elle dilapide sa retraite au casino sous le regard désapprobateur
de ses enfants. Sa démarche, son allure et ses obsessions
enfantines nous font revenir en mémoire Gena Rowlands
et Une femme sous influence, une femme vivant dans
et pour son microcosme.
Le cycle, c’est aussi celui des passions
humaines, amours et amitiés qui vont et viennent :
partir, c’est un peu trahir. Et revenir ? Le va-et-vient
se dévoile salvateur pour la communauté, et
l’île abandonnée, ce bord de mer qui voudrait
voir ses enfants naître et mourir se voit sauvé
par un être à venir et un animal de légende.
Titre : Bord de mer Réalisateur :
Julie Lopes-Curval Scénario :
Julie Lopes-Corval avec la collaboration de François
Favrat Acteurs : Bulle
Ogier, Hélène Fillière, Ludmila
Mikaël, Jonathan Zaccaï, Patrick Lizana,
Liliane Rovere, Jean-Michel Noirey Chef opérateur :
Stephan Massis Chef décorateur
: Philippe Van Herwijnen Ingénieur du son :
Sophie Laloy Chef monteuse :
Anne Weil Musique : Naked,
Nicolas Gerber, Christophe Chevalier Production : Sombrero
Productions Producteur délégué :
Alain Benguigui Festival : Cannes
2002 – Quinzaine des réalisateurs (Caméra
d’or ) Distribution : Pyramide Sortie le : 04 décembre
2002 Durée : 1h 28
mn Pays : France Année :
2002