SYNOPSIS :
A 15 ans, Howie n’a rien pour être
heureux. Sa mère vient de mourir et son papa est trop
occupé à jouer les vilains escrocs pour lui prêter
la moindre attention. Du coup, il trompe son ennui et son désarroi
en allant cambrioler des maisons avec ses potes. Il tombe secrètement
amoureux de Gary, son meilleur ami, qui représente tout
ce qu’il aimerait être. Seulement voilà, le Gary
en question l’emmène voler la maison de Big John, une
personne étrange, avec qui il entretient des rapports
complexes. Fasciné et troublé par ce vieil homme,
Howie va se rapprocher progressivement et dangereusement de
lui… |
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POINT DE VUE
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Avec des thèmes
pareils (la pédophilie, l’homosexualité…), Michael
Cuesta aurait très facilement pu tomber dans le trash,
le sensationnalisme et la vilaine fiction putassière.
Il n’en est rien. L. I. E., le premier film de ce jeune
réalisateur, relève l’exploit d’aborder l’inabordable
sans complaisance, ni fausse note. Pour autant, l’expérience
n’a rien d’une partie de plaisir. En filigrane, Cuesta pose
la fameuse question de ce qu’il est possible de traiter au
cinéma. Le film y répond en jouant sur l’implicite
et l’allusif.
Avant d’être un film sur la pédérastie
comme on l’annonce partout (ce qui pouvait au départ
le rapprocher de La Vierge des tueurs de Barbet Schroeder),
L. I. E. parle d’abord de l’adolescence et du mal-être
inhérent à cette période en brossant
le portrait d’Howie, un jeune garçon qui cache en lui
la tristesse d’avoir perdu sa mère et d’être
confronté à un père qu’il ne connaît
pas. En manque de repères, il est à la recherche
d’un amour qu’on ne lui donne pas. Cette quête se fait
tout d’abord chez son copain Gary puis chez Big John, la seule
personne qui saura l’écouter et l’aimer. Le constat
est amer, dérangeant, mais du moins le comprend-on
(sans pour autant l’accepter) quand on connaît l’univers
particulièrement morne du protagoniste.
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En décrivant
le quotidien morose de Howie, Cuesta traite de l’ambiguïté
sexuelle, du refoulement des sentiments et de la quête
de soi dans un monde déshumanisé. Le délicat
passage à l’âge adulte est ici décrit
comme un chemin semé d’embûches dont le pédophile
est l’un des pièges. Le but de Cuesta n’est pas de
dénoncer la pédophilie. Son dessein consiste
à tracer le parcours d’un personnage vulnérable
qui se cherche et tente des expériences extrêmes
dont il sortira forcément grandi. Son parcours initiatique
est chaotique. Il est appuyé par la structure narrative
hybride du scénario qui scinde le film en deux parties
distinctes. A défaut d’être fluide, elle permet
au script d’être dense et foisonnant. Incidemment, cela
vient renforcer un trouble déjà présent
et instiller un malaise plus intense.
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