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Long Island Express (L. I. E.) (c) D.R. FESTIVAL DE DEAUVILLE 2002

LONG ISLAND EXPRESS
(L. I. E.)

de Michael Cuesta
Par Romain LE VERN


SYNOPSIS : A 15 ans, Howie n’a rien pour être heureux. Sa mère vient de mourir et son papa est trop occupé à jouer les vilains escrocs pour lui prêter la moindre attention. Du coup, il trompe son ennui et son désarroi en allant cambrioler des maisons avec ses potes. Il tombe secrètement amoureux de Gary, son meilleur ami, qui représente tout ce qu’il aimerait être. Seulement voilà, le Gary en question l’emmène voler la maison de Big John, une personne étrange, avec qui il entretient des rapports complexes. Fasciné et troublé par ce vieil homme, Howie va se rapprocher progressivement et dangereusement de lui…

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POINT DE VUE

  Long Island Express (L. I. E.) (c) D.R.

Avec des thèmes pareils (la pédophilie, l’homosexualité…), Michael Cuesta aurait très facilement pu tomber dans le trash, le sensationnalisme et la vilaine fiction putassière. Il n’en est rien. L. I. E., le premier film de ce jeune réalisateur, relève l’exploit d’aborder l’inabordable sans complaisance, ni fausse note. Pour autant, l’expérience n’a rien d’une partie de plaisir. En filigrane, Cuesta pose la fameuse question de ce qu’il est possible de traiter au cinéma. Le film y répond en jouant sur l’implicite et l’allusif.

Avant d’être un film sur la pédérastie comme on l’annonce partout (ce qui pouvait au départ le rapprocher de La Vierge des tueurs de Barbet Schroeder), L. I. E. parle d’abord de l’adolescence et du mal-être inhérent à cette période en brossant le portrait d’Howie, un jeune garçon qui cache en lui la tristesse d’avoir perdu sa mère et d’être confronté à un père qu’il ne connaît pas. En manque de repères, il est à la recherche d’un amour qu’on ne lui donne pas. Cette quête se fait tout d’abord chez son copain Gary puis chez Big John, la seule personne qui saura l’écouter et l’aimer. Le constat est amer, dérangeant, mais du moins le comprend-on (sans pour autant l’accepter) quand on connaît l’univers particulièrement morne du protagoniste.

Long Island Express (L. I. E.) (c) D.R.

En décrivant le quotidien morose de Howie, Cuesta traite de l’ambiguïté sexuelle, du refoulement des sentiments et de la quête de soi dans un monde déshumanisé. Le délicat passage à l’âge adulte est ici décrit comme un chemin semé d’embûches dont le pédophile est l’un des pièges. Le but de Cuesta n’est pas de dénoncer la pédophilie. Son dessein consiste à tracer le parcours d’un personnage vulnérable qui se cherche et tente des expériences extrêmes dont il sortira forcément grandi. Son parcours initiatique est chaotique. Il est appuyé par la structure narrative hybride du scénario qui scinde le film en deux parties distinctes. A défaut d’être fluide, elle permet au script d’être dense et foisonnant. Incidemment, cela vient renforcer un trouble déjà présent et instiller un malaise plus intense.