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Un homme sans l'occident (c) D.R. UN HOMME SANS L’OCCIDENT
de Raymond Depardon
Par Florence POMMERY


SYNOPSIS : Raymond Depardon adapte le récit d’un officier méhariste du début du XX e siècle et raconte la vie de Halifa, un des derniers hommes libres du Sahara. Elevé par des chasseurs, il devient guide, puis guerrier, victime de "rezzous" aussi implacables et imprévisibles que l’Harmattan, ce vent dévastateur et aveuglant.

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POINT DE VUE

  Un homme sans l'occident (c) D.R.

Après le monde rural de Profils Paysans, Raymond Depardon s’essaie à l’adaptation littéraire avec le roman éponyme de Diego Brosset et nous propose un voyage initiatique dans les dunes du désert du Sahara. Avec Un homme sans l’Occident, le photographe français réussit à dresser un beau portrait d’homme libre, mais ne parvient pas à éviter les pièges de l’adaptation littéraire.

Sous un soleil de plomb, l’Harmattan, vent destructeur, balaye le sable brûlant des dunes, aveuglant les trois hommes jugés sur de maigres dromadaires. Assoiffés et fatigués, ils font une halte protégeant l’enfant qui les accompagne. Là, au milieu du désert, une mort certaine les attend, sauf pour l’enfant qui survivra. Ce moment est celui de la renaissance pour Halifa qui sera recueilli par des chasseurs. Le début d’une vie : celle d’un homme libre dont le spectateur suivra le parcours initiatique durant tout le film. Une vie, qui, de l’enfance à la vieillesse, s’inscrit dans le sable et dans le vent.

Un homme sans l'occident (c) D.R.

Guidé par le récit littéraire omniprésent en voix off, le spectateur retrouve le personnage d’Halifa adulte et apprend pourquoi il décide de devenir chasseur, puis comment il s’initie au métier sous la direction d’un ancien qu’il quitte pour devenir un guerrier. Conçu comme un conte moderne, le documentaire détient une force poétique due en grande partie à son esthétique et à ses sublimes paysages épurés. Les dunes de sable chaud, s’étendant à l’infini, nous plongent dans un univers aride et sec, coloré en blanc et noir, qui incite à la rêverie et respire la liberté et la pureté.

Ce qui transparaît surtout dans Un homme sans l’occident ce sont les thèmes récurrents qui jalonnent l’œuvre cinématographique et photographique de Depardon. L’errance, par exemple, chère au cinéaste qui reprend ici la notion d’errant par la représentation de peuples nomades. Le personnage d’Halifa erre dans le no man’s land que symbolise le désert. Il ne se fixe nulle part, ne peut pas s’arrêter de voyager, changeant plusieurs fois de lieu et de métier.