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Arrête-moi si tu peux (c) D.R. ARRETE-MOI SI TU PEUX !
de Steven Spielberg
Par Romain LE VERN


SYNOPSIS : Frank Abagnale est un drôle de bonhomme. Tout d’abord, il a différentes identités : il est à la fois Frank Abagnale, mais aussi Frank Williams, Robert Montjo et Frank Adams. A seize ans, le bonhomme doit survivre par ses propres moyens suite à la séparation brutale de ses parents. De fait, il s’invente des diplômes prestigieux, de nouveaux noms et change de vie comme de chemise (il est aujourd’hui médecin alors qu’hier il était pilote de ligne et demain il sera avocat…). Il fabrique aussi des centaines de chèques et encaisse pour plus de 2, 5 millions de dollars à travers les Etats-Unis et dans vingt-six pays. Qui pourra l’arrêter ? Peut-être bien Carl Hanratty qui, dans l’ombre, le surveille, l’épie et traque sa route. Il peut cependant toujours essayer de l’attraper…

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UNE EQUIPE QUI NE POUVAIT QUE GAGNER

  Arrête-moi si tu peux (c) D.R.

L’intrigue de Arrête-moi si tu peux s’inspire de l’histoire vraie de Frank W. Abagnale, ancien escroc qui est devenu aujourd’hui l’un des plus grands spécialistes de la lutte contre la fraude, l’arnaque et le détournement de fonds. Le bonhomme, campé présentement par Di Caprio, a eu une vie trépidante et occupé les fonctions de pilote d’avion, docteur et avocat. Spielberg fut tellement passionné par la vie de cet homme qu’il a décidé d’en faire un film.

Sorti peu de temps après l’excellent Minority Report, Arrête-moi si tu peux risque de souffrir de la comparaison avec le précédent masterpiece du maître. Mais il serait bon de ne pas se mélanger les pinceaux : les deux films n’ont d’une part rien à voir et au contraire se complètent. En effet, Catch me if you can fait montre d’une positivité ambiante qui fait un joli contraste avec la noirceur de Minority Report. C’est pour cela que les deux films gagnent à être associés, parce que tous les deux, à leur façon, confirment une nouvelle fois que Spielberg est un grand cinéaste qui aime (et sait) alterner les fictions de genres diamétralement opposés (alors que Minority Report était un grand film de SF, Arrête-moi si tu peux est une comédie loufoque).

Arrête-moi si tu peux (c) D.R.

Sur le vieux principe du jeu du chat et de la souris, Spielberg filme une histoire à la fois simple et curieuse qui ne se prend jamais vraiment au sérieux. Dans cette manière de procéder aussi désinvolte que charmante, le cinéaste réalise une comédie habilement construite par une équipe qui ne peut pas perdre. Les acteurs y sont d’ailleurs pour beaucoup dans l’intérêt de l’affaire. Outre le plaisir qu’ils éprouvent à tourner chez Spielberg, ils confèrent au film une énergie irrésistible et communicative. Après le Gangs of New York du père Scorsese, Léonardo Di Caprio, rajeunit pour l’occasion (il a 16 ans dans le film), poursuit son come-back fracassant. Dans la peau de cet imposteur farfelu, il confirme encore une fois qu’il est un brillant acteur à l’aise dans tous les registres. Face à lui, Tom Hanks est méconnaissable en flic opiniâtre et rigoriste qui traque le jeune escroc comme un prédateur, sa proie. Les seconds couteaux (excellent Christopher Walken) s’en sortent également plus qu’honorablement et assurent eux aussi quelques très bons moments.

En dépit de sa durée, Arrête-moi si tu peux est un film mineur et pourtant pas dépourvu d’ambition. Il sonne certainement moins profond que les précédents films du cinéaste presque tous révolutionnaires. Ici, il faudra se contenter d’une fiction azimutée qui déride savamment les zygomatiques. On peut s’en satisfaire ou non mais le film fait ce qu’on lui demande, c’est-à-dire divertir, et remplit plus qu’honnêtement son cahier des charges. Mieux : il nous donne envie d’en savoir plus sur la vie fascinante de cet homme qui a passé sa vie à tromper son monde et appris à devenir un adulte trop tôt. C’est d’ailleurs là où le bât blesse et où Spielberg ajoute une pointe d’amertume à son bel ensemble. Car le personnage est un adolescent qui n’a pas eu l’impression de vivre cette période essentielle et qui passe son temps à faire les quatre cents coups pour mieux cacher sa profonde mélancolie.