SYNOPSIS :
La vie de Barry Egan est simple. Entre
son travail et ses sept sœurs, le grand jeune homme na jamais
eu le temps de faire sa vie ou de tomber amoureux. Depuis qu'il
est tout petit, elles l'accaparent, le conseillent, le dirigent
sans répit. L'arrivée dune mystérieuse
femme et d'un harmonium pourraient bien changer tout cela. |
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POINT DE VUE
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Certains films ne
sont qu’œuvres de transparence, et prêtent le flanc
volontairement à la stupeur tant ils affichent une
douce naïveté. C’est le cas du 4ème film
de Paul Thomas Anderson, Punch Drunk Love (" Sonné
par l’amour "), œuvre qui ne cesse d’affirmer son plaisir
de la mise en scène.
Ce film, on pourrait le résumer comme l’histoire d’un
metteur en scène qui cherche à capturer un personnage
dans le champ de sa caméra ; un film d’apprentissage,
un film de dompteur. Un film qui de fait échappe à
un genre bien défini. Le pitch officiel dira qu’il
s’agit de l’histoire de Barry (Adam Sandler, étriqué
donc burlesque), médiocre manager d’une petite entreprise
de ventouses, matroné par sept sœurs envahissantes,
à la vie sentimentale inexistante, et dont le seul
centre d’intérêt semble être la collecte
de bons de réductions sur des paquets de pudding pour
gagner des miles d’avion gratuits. Homme allergique à
la société et à son entourage, qui se
débat au milieu des convenances, il exprime son malaise
en évitant la caméra. Il dodeline, tourne le
dos, s’isole, se réfugie dans les coins (le premier
plan du film le surprend au fond du champ, au bord du cadre)
; il trépigne, ne supporte pas de rester en place,
soumis à notre regard et à celui des autres,
oblige la caméra à user de constants panoramiques
pour le garder en vue.
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Mais un personnage
aussi retors, ça se dompte ; pour cela, des appâts
sont nécessaires, deux précisément :
la rencontre d’une femme déjà séduite
par lui (Emily Watson), et un chantage traumatisant qu’il
subit pour avoir pris contact avec un téléphone
rose. Il fait alors son apprentissage de l’amour et de la
colère. Il se met en mouvement, modifie ses gestes,
son attitude, dans son rapport à la caméra :
la course au bonheur commence. Le film devient la croisée
des chemins entre un film burlesque aux longues courses effrénées
(Buster Keaton bien sûr) et la comédie musicale
et sa déformation du réel. La mise en scène
transcende cette histoire en lui donnant un cadre cinématographique
approprié. Et ce qui devait être un film pathétique
glauque à la Todd Solondz, se transforme en bluette
légère et frénétique. Tout s’accélère,
se simplifie, se raccourcit (les distances, le temps), les
couleurs s’affichent en Technicolor (le bleu de son costume
contre le rouge de sa robe). La danse se met en place, les
premiers pas s’enchaînent timides, puis assurés.
Une mise en scène qui rejette toute prétention
visuelle, et se contente de démonter doucement son
récit par l’incrustation de tableaux de couleurs, et
par une musique étrange...
L’histoire d’une mise en scène qui se satisfait du
seul fait d’exister et qui justifie que l’on prenne autant
de plaisir à cette histoire d’amour. Mais à
ce niveau de jugement, il est plus sage pour le critique de
boucler son texte et de reconnaître la clairvoyance
du jury cannois qui a récompensé ce film, sans
compensation ni consolation, du prix de la mise en scène.
Pour une fois c’était logique.
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Titre :
Punch-Drunk Love
Réalisateur :
Paul Thomas Anderson
Scénariste :
Paul Thomas Anderson
Directeur de la photographie
: Robert Elswit
Acteurs :
Adam Sandler, Emily Watson, Philip Seymour Hoffman,
Luis Guzman, Julie Hermelin, Mary Lynn
Musique
: Jon Brion
Costumes
: Mark Bridges
Montage
: Leslie Jones, Dylan Tichenor
Décors
: William Arnold, Sue Chan
Œuvres d'art
: Jeremy Blake
Casting
: Cassandra Kulukundis
Effets spéciaux
visuels : Industrial
Light & Magic
Producteurs :
Joanne Sellar, Daniel Lupi, Paul Thomas Anderson
Production :
Revolution Studios, Columbia Pictures
Distribution :
Columbia TriStar Films
Festival :
Sélection officielle du festival de Cannes
2002
Sortie France :
22 janvier 2003
Durée
: 1h31
Année :
2001
Pays :
USA
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