SYNOPSIS :
Un été étouffant
et humide à Séoul. Un voyage en montagne vers
les temples de Kangwon pourrait bien être ce qu’il faut
pour se remettre d’une rupture. Ou peut-être pas. Au lendemain
d’une histoire d’amour avec un homme marié, son professeur
à l’université, Jisook et deux de ses amies décident
de partir en vacances à Kangwon. Bien que Jisook soit
la seule femme que Sangkwon ait aimée, il semble s’être
difficilement remis de leur rupture et cherche un poste de professeur
titulaire. Son voyage à Kangwon coïncide avec celui
de Jisook. Leur nouvelle rencontre à la montagne se soldera
par un échec. Ils se trouvent confrontés tous
les deux à une situation identique : après s’être
enivrés avec des amis, ils flirtent sans enthousiasme.
Finalement, ils repartent de Kangwon plus seuls que jamais…
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FAUSSE BOUFFEE
D’OXYGENE
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Le province de Kangwon
est un lieu de villégiature près de Séoul,
réputé pour ses montagnes et ses parcs nationaux,
où les gens viennent pour changer d’air. Ici, c’est
surtout un lieu secret, confiné, dans lequel les personnages
viennent oublier leur condition, se chercher puis se perdre.
C’est en quelque sorte l’équivalent de l’île
dans le sublime film sud-coréen du même nom signé
Kim-Ki-Duk sauf qu’ici, il n’y a malheureusement pas de Hee-Jin
qui pratique le sadomasochisme pour prouver qu’elle aime,
ni de lac, ni de poissons qui nagent sans les flancs…
Le pouvoir de la province de Kangwon est le second
volet de la trilogie de Hong Sang-Soo, avant La vierge
mise à nue par ses prétendants et après
Le jour où le cochon est tombé dans le puits.
En comparaison, il est le plus faible des trois, à
la fois sur le plan formel mais aussi sur le fond. L’idée
de départ n’était pourtant pas inintéressante
: dans ses trois films, le cinéaste filme l’apparent
insignifiant pour révéler les meurtrissures
enfouies chez chaque personnage. Ici, dans Le Pouvoir...,
tout tourne autour de la mélancolie qui ronge les êtres
et le temps qui passe malheureusement trop vite. En définitive,
il possède deux films en un. Et c’est d’ailleurs ici
que les problèmes commencent. En établissant
une césure ostensible et artificielle, le réalisateur
déstructure son récit pour le rendre inutilement
alambiqué et complexe, sans raison apparente si ce
n’est pour sur-signifier l’effet de la temporalité.
C’est d’autant plus regrettable que pendant toute une première
partie, le cinéaste excellait à instaurer une
atmosphère bizarre et autopsiait assez finement tout
ce qui fait le charme des amours adolescentes. Puis, passée
une séquence émouvante dans un car où
une jeune ado, à la fois très déçue
et très triste, se met à pleurer, il y a un
plan noir : le temps a passé, les personnages ont changé
et le film assume très mal la transition…
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Cela rend le film
encore plus fastidieux et moins captivant. Au grand risque
même de provoquer un réel désintéressement.
La mise en scène, uniquement constituée de plans
fixes tantôt hypnotiques tantôt lassants, traduit
le singulier manque de maîtrise formelle du cinéaste
qui ne parvient pas à faire ressortir le trouble, ni
l’aspect mystérieux de son histoire, alors que ce n’était
pas le cas pour les deux autres films de la trilogie. Collant
probablement trop à la réalité (c’est
l’une des obsessions du cinéaste) et refusant de céder
à la fantaisie (c’est ici son gros défaut),
le film demeure trop austère et bride toute forme d’émotion.
En guise de substance, le cinéaste abuse d’ellipses
au détriment même des dialogues qui deviennent
fades et propose des considérations ennuyeuses sur
la solitude et l’amour. Pour plus de créativité,
on regardera donc du côté du cochon et
de la vierge, nettement plus inspirés sur ce
plan. Voyage singulier mais horriblement prosaïque, ce
second film de la trilogie de Hong Sang-Soo provoque au final
plus d’ennui que de fascination, voire la migraine. L’acide
acétylsalicylique est fortement recommandé.
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Titre : Le Pouvoir de la province de
Kangwon
Réalisateur :
Sang-Soo Hong
Scénariste :
Sang-Soo Hong
Acteurs : Baek Jong-hak,
Younhong Oh, Kim Yoosuk, Jaehyun Chun, Hyunyoung
Park, Sunyoung Im
Directeur de la photographie
: Kim Young-Cheul
Distribution : ASC Distribution
Date de sortie : 26
Février 2003
Durée : 1h 48mn
Pays : Corée
Année : 1996
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