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Cypher (c) D.R. CYPHER
de Vincenzo Natali
Par Romain LE VERN


SYNOPSIS : Lassé de son mariage banal et d’une petite vie de comptable de banlieue, Morgan Sullivan décide de s’engager au service de Digicorp, une mystérieuse société spécialisée dans le renseignement industriel. Son nouveau métier est aussi excitant qu’original : il doit se rendre à différents salons et séminaires pour espionner la concurrence. Sous une fausse identité, il démarre une nouvelle existence et voyage énormément. La séduisante Rita, qu’il croise régulièrement, lui apprend qu’il est manipulé et que tout ce qu’il croit vivre n’est qu’une mise en scène, destinée à lui laver le cerveau dans un but moins avouable...

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LA VIE N’EST QU’UNE ILLUSION

  Cypher (c) D.R.
Souvenez-vous : Vincenzo Nataliavait signé un premier Cube particulièrement détonnant et troublant, dans lequel des personnages venus d’horizons tous azimuts (un flic, un architecte, une étudiante en mathématiques, une psychologue et un autiste) étaient enfermés dans une prison surréaliste dont ils devaient à tout prix s’échapper, quitte à utiliser des moyens douteux. Ce Cube permettait au cinéaste de décrire avec acuité la noirceur de la situation et de mettre ainsi en pratique le fameux « L’enfer, c’est les autres ». Plus qu’une éclatante réussite qui nous montrait avec brio que la science-fiction pouvait se passer de toute l’artillerie pyrotechnique, Cube annonçait la naissance d’un futur grand cinéaste.

Le moins qu’on puisse dire de son second film, c’est qu’il ne manque pas d’ambition. Moins substantiel mais tout aussi stimulant d’un point de vue formel que Cube, Cypher est un film étrange, voire déjanté, dans lequel le cinéaste met en scène les pérégrinations pas toujours placides d’un homme qui ne contrôle plus sa vie et qui, peut-être, est au centre d’une effroyable machination. Rien que dans son exposition, fluide et inspirée, le cinéaste nous fait pénétrer dans un monde sordide dans lequel on ne sait pas si cela vaut encore la peine de faire confiance aux gens. C’est étouffant et angoissant, comme si nous nous étions égarés dans un labyrinthe ou, pire, dans le cerveau d’un personnage schizophrène. On se pose alors des questions sur les intentions du film, quand va-t-il se mettre à décoller et quelle va en être la destination. Délicieusement abscons et parfaitement intrigant, le film multiplie les personnages ambigus, les rencontres hasardeuses, les digressions oniriques montées cutà la Requiem For a Dream… On nage dans un délire surréaliste et efficace où l’on court le grand risque de se perdre et où rien ne fonctionne comme prévu, comme en témoigne cette scène incroyable de la conférence où le protagoniste comprend qu’il est le jouet d’une manipulation et découvre l’envers d’un décor qu’il croyait réel.