SYNOPSIS : A
des milliers de kilomètres au sud de Buenos-Aires, trois personnages
voyagent le long des routes désertes de la Pantagoniedu Sud
: Don Justo, retraité de 80 ans et ex-propriétaire d’une droguerie
dirigée par son fils, s’enfuit de son domicile, pour échapper
à son emprise. Il part retrouver son chien disparu qu’un ami
prétend avoir aperçu à San Julian; Roberto, un représentant
de commerce de 40 ans, accomplit le même périple à bord de sa
vieille guimbarde, emportant avec lui une charge bien incommode
: un gâteau à la crème, cadeau d’anniversaire destiné au fils
(ou à la fille, il ne sait pas bien) d’une jeune veuve qu’il
convoite; et Maria, vingt-cinq ans, se retrouve avec sa petite
fille sur cette même route. Cette femme est arrivée gagnante
pour participer à la finale d’un jeu télévisé, dont le premier
prix est un robot ménager perfectionné. Maria décide de faire
ce voyage vers le lointain et fascinant monde de la télévision… |
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LONG WAY HOME
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Pour mettre en scène ces trois histoires
qui se croisent sur une même route, le cinéaste dit avoir
été influencé par Une histoire vraie de David Lynch
et Où est la maison de mon ami ? d’Abbas Kiarostami.
S’il est vrai qu’on reconnaît ci et là quelques-unes de ces
influences, le film auquel il faudrait le rapprocher serait
plutôt l’excellent Amours Chiennes de Alejandro Gonzalez
Inarritu. Il ne possède évidemment pas la même maîtrise, de
même qu’il ne recèle pas autant de violence, mais il partage
à sa manière le même goût pour le triptyque, forme décidément
récurrente en ce moment, et l’entrelacement d’histoires où
plusieurs personnages se rencontrent. On ne s’étonnera d’ailleurs
pas de l’une des trois histoires du film, tournant justement
autour de la relation entre un vieil homme et son chien qu’il
cherche désespérément et qu’il pense retrouver en effectuant
un voyage loin des siens.
Les trois personnages qui animent ces histoires partent sur
les routes pour changer de condition sociale (la jeune femme
qui participe au jeu télévisé), modifier le passé (le vieil
homme qui part à la recherche de lui-même pour exorciser ses
propres démons) et chercher l’amour (l’homme qui se prépare
à conquérir le cœur de celle qu’il aime). Ces trois histoires
à la fois pathétiques et drôles proposent des issues différentes
pour chacun des personnages (ça se finit bien pour certains,
moins pour d’autres). Ce voyage initiatique aura appris aux
personnages à mieux se connaître et à comprendre ce qu’ils
sont réellement. Comme si le cinéaste leur tendait un miroir
et leur demandait de se regarder dedans; ce qu’il fait d’ailleurs
dans une des plus belles scènes du film.
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Sous son apparence lymphatique et
anodine, le film assène de terribles vérités (les vieux qui
ne sont plus considérés comme des êtres humains; une jeune
femme exploitée dans un jeu télévisé minable…). En cela, il
n’en est pas moins doté d’une gravité latente. Par intermittences,
même s’il réussit à nous faire partager le désarroi de certains
de ses protagonistes, on peut regretter qu’il soit cependant
un peu trop démonstratif (comme pour la satire un peu facile
du monde cynique de la télé). Mais la forme, légère, met fréquemment
en valeur les saynètes cocasses et impertinentes et permet
d’oublier la mélancolie ambiante. On citera comme exemple
cet amusant parcours du combattant d’un représentant de commerce
qui doit faire toutes les boulangeries pour retoucher à un
triste gâteau d’anniversaire en forme de ballon. Le pathos
est également évité de justesse par une ironie sous-jacente
qui pimente l’ensemble (l’homme ne sait pas si l’enfant à
qui il va offrir le gâteau est un garçon ou une fille).
Le film a les qualités de ces défauts. Certaines séquences
sont plus inspirées que d’autres, de même que la partie road
movie n’évite pas toujours une certaine artificialité (écueil
assez typique du genre). Mais, même bancal, l’ensemble n’en
reste pas moins digne d’intérêt. On se dit alors que le cinéaste
a su fuir l’esbroufe comme la peste et capter avec sa caméra
minimas de belles historias pour donner lieu à un film résolument
mineur mais assurément touchant.
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Titre : Historias minimas
Réalisateur : Carlos
Sorin
Scénariste : Pablo Solarz
Acteurs : Javier Lombardo,
Antonio Benedictis, Javiera Bravo, Laura Vagnoni,
Mariela Diaz
Compositeur : Nicolas
Sorin
Directeur de la photographie
: Hugo Colace
Directeur artistique
: Margarita Jusid
Production : GuacamoleFilms
Distribution : Océan
Films
Date de sortie : 26
Mars 2003
Pays : Argentine
Durée : 1h 34mn
Année : 2002
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