POINT DE VUE
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Comment un tout
petit film indépendant, adapté d’un one woman show
par l’actrice principale elle même, a-t-il pu se hisser aussi
facilement à la convoitée première place du box-office des
films indépendants aux Etats-Unis ? Devant le caractère
indolore du film, la question mérite d’être posée tant la
réponse paraît mystérieuse. Pourtant, ce plébiscite pour le
film revêt un caractère finalement assez logique, et il n’est
pas interdit de chercher les raisons de ce succès du côté
de l’actuel goût des Américains pour tout ce qui glorifie
leur pays. Décrivant un melting-pot réussi, symbolisé par
l’intégration parfaite d’une famille immigrée dans la société
américaine, le film évite soigneusement tout aspect caricatural
ou satirique des mœurs grecques. Systématiquement gentil,
le cinéaste et la scénariste montrent un monde de pacotille
dénué de tout enjeu, de tout conflit, de tout problème. La
jeune fille est grosse, timide, et mal fagotée ? Pas
grave, en cinq minutes, le régime fait son effet. Elle tombe
amoureuse d’un bellâtre américain inaccessible ? Trois
scènes plus tard, il la demande en mariage ? Le père
s’oppose à un mariage entre sa fille et un non grec ?
Sa femme réussit à la convaincre dès le premier argument.
Tout le film est construit sur ce principe. Les problèmes
n’existent pas, tout le monde il est beau, quel que soit le
sexe, la couleur, l’origine, et la place sociale.
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Oui, mais. Le défaut
de ce genre de film, c’est qu’à force de ne vouloir taper
sur personne, il en finit par devenir tout sauf intéressant.
L’on manque pourtant réellement d’arguments pour le critiquer,
tant le métrage est correct d’un point de vue technique (tout
au plus pourrait-on lui reprocher un manque flagrant de rythme).
Les acteurs sont tous excellents, l’histoire en vaut bien
une autre, le couple fonctionne à merveille, et les gags sont
bien souvent drôles… Mais il flotte sur le film un parfum
de superficialité, qui empêche le spectateur d’adhérer pleinement.
La comédie romantique a depuis longtemps dépassé le stade
visé par le film, et des œuvres comme Marie à tout prix,
Le Mariage de mon meilleur ami, ou même le récent Joue
la comme Bekham, avaient réussi à transcender les règles
de base du genre. En mettant en scène des personnages imparfaits,
aux défauts certains, en faisant preuve d’un humour parfois
irrévérencieux, ils avaient su proposer autre chose que le
strict enjeu des préparatifs du mariage. Dans le film de Joël
Zwick, il n’y a finalement rien d’autre que ce fameux mariage,
justement. Jusqu’au bout, on attendra qu’un quelconque événement
vienne bouleverser un tant soit peu les rouages de la machine,
mais cette espérance sera déçue rapidement, et le film se
clôt tel qu’il a commencé, dans le calme le plus complet.
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Titre : My
big fat greek wedding
Réalisation
: Joel Zwick
Scénario
: Nia Vardalos
Photographie
: Jeff Jur
Monteur :
Mia Goldman
Costumes
: Michael Clancy
Mixage
: Tom Mather, Paul Timothy Garden
Musique
: Chris Wilson, Alexander Janko
Production
: Playtone, Homebox-office
Distributeur
: Metropolitan
Sortie France
: 5 février 2003
Durée
: 1h35
Pays
: USA
Année
: 2002
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