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Daredevil(c) D.R. DAREDEVIL
de Mark Steven Johnson
Par Anthony SITRUK


SYNOPSIS : Enfant, Matt Murdock a été aveuglé par un isotope radioactif qui a développé ses autres sens au-delà de la moyenne. Combattant hors pair, aidé par un sens radar comparable à celui des chauve-souris, il se transforme la nuit en un justicier sanguinaire, Daredevil. Alors que la journée, il essaye de respecter la justice (il est avocat), il devient juge, juré et bourreau la nuit. La rencontre avec la belle Elektra lui donnera un tourment supplémentaire. Amoureuse de Matt, elle considère Daredevil comme l’assassin de son père et veut à tout prix sa mort.

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POINT DE VUE

  Daredevil(c) D.R.

A l’origine de DareDevil, il y a un matériau extraordinaire, celui d’une bande dessinée parmi les meilleures jamais écrites, qui décrit les tourments d’un personnage particulier partageant sa vie entre faiblesses (de jour) et pouvoirs (de nuit). A la croisée de Batman (pour l’aspect sombre, parfois proche du gothique) et de Spiderman (costumé de rouge, le super héros se ballade de building en building), DareDevil  dépasse en profondeur, sous la plume de Franck Miller, tout ce qui s’est déjà fait par le passé. Le personnage n’est plus seulement un héros, et encore moins « l’homme sans peur » du titre. Il accède au statut de véritable être humain, avec ce que cela comporte de problèmes, de défauts, de faiblesses. Les combats sont de moins en moins présents, et les épisodes concentrés sur la vie publique de Matt se font de plus en plus nombreux. Dans cette optique finalement assez proche de celle des X-Men (des personnages réalistes bombardés dans un univers qui pourrait véritablement être le nôtre), l’adaptation cinématographique promettait, à l’origine, d’être extraordinaire. A la profondeur du personnage pouvait succéder le spectaculaire des combats. Le comic movie parfait. Las, rien qu’à voir la tête de Ben Affleck, interprète du rôle-titre, on comprendra aisément qu’il n’en est rien et que le film ne restitue à aucun moment la richesse du matériau original.

Daredevil(c) D.R.

Parce qu’à l’origine de DareDevil, il y a également le désir de certains dirigeants de la Fox d’égaler les recettes astronomiques du splendide Spider-Man de Sam Raimi en imposant à un pauvre cinéaste déjà peu compétent quelques scènes supposées obligatoires à tout carton commercial. DareDevil débarquant dans un bar miteux sur une musique « metal » (The Crow), DareDevil sautant du haut d’un immeuble, la caméra virevoltant autour de lui (Blade 2), DareDevil se baladant de corde en corde (Spider-Man)… Grappillant un peu partout de quoi saccager consciencieusement son métrage, Mark Steven Johnson, qu’il soit entièrement responsable du naufrage ou pas, prouve son incapacité totale à retranscrire à l’écran une bande dessinée manifestement mal assimilée. A l’image, le résultat tient de la misère la plus complète. Systématiquement placé entre deux chaises (d’un côté un DareDevil humain, de l’autre une avalanche d’images de synthèse), le métrage propose un catalogue de détails stupéfiants susceptibles de faire s’esclaffer des salles entières. Affichant une coupe de cheveux proche de celle d’un chanteur des années 80 tendance Wet Wet Wet, Ben Affleck joue les aveugles de pacotille, louchant quand il faut, regardant le ciel dans chaque conversation, jouant de la canne blanche avec dextérité. Elektra devient une bimbo blonde fortement éloignée de l’image d’amazone dangereuse qu’elle avait dans le comic book. De véritable psychopathe, elle devient ici une jeune dévergondée tentant dans un effort pathétique de venger la mort de son père.