LA MORT SE FEND LA GUEULE
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Le premier Destination Finale était
un modèle de série B honnête qui démontrait qu’avec une idée
originale et des effets spéciaux puissants, on pouvait signer
un thriller fantastique exemplaire. Autant le dire : le fait
de donner une suite à cette histoire de survivants qui tentent
d’échapper à leur destin et qui sont rattrapés par la mort
n’était pas une bonne nouvelle. D’autant plus mauvaise qu’on
craignait franchement que le procédé au départ original laisse
place à une impression de profonde lassitude et transforme
cette sequel en succédané débile pour ados en mal de frayeurs.
Bonne surprise : il n’en est rien. Non seulement ce film n’a
rien de honteux, mais en plus il relève plus qu’honnêtement
le défi qui lui était imposé.
Comme en réaction contre l’horreur implicite lancée par les
succulents films d’Hideo Nakata (Ring; Dark Water)
puis, par extension, des œuvres comme Le Projet Blair Witch
et Sixième sens qui usaient de cette forme, on
assiste depuis quelque temps à un retour à la série B fonctionnant
intégralement au premier degré. Malgré une richesse thématique
et de nombreux sous-entendus, Jeepers Creepers, exquise
surprise de l’an passé, ressortait le boogeyman du placard
et faisait partie de ces étonnants petits films qui ont relancé
cette mode. A l’instar de Maléfique, le premier long
de Eric Valette qui affirme qu’il est enfin possible de signer
des bons films d’horreur dans l’Hexagone, Destination Finale
2 s’inscrit dans cette veine. Son histoire est placée
dans un contexte artificiel et ne se soucie jamais de la vraisemblance.
Mais, en même temps, on ne demande pas au cinéaste de donner
de la profondeur aux personnages, évidemment tous stéréotypés
à outrance, ni même de mettre de la subtilité dans son scénario.
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Destination Finale 2 n’est
donc pas un film qui révolutionne le genre mais il refuse
le concentré cynique (très en vogue depuis le Scream
de Wes Craven) et préfère choisir la voie (réjouissante)
du pastiche qui rigole ouvertement avec le genre sans pour
autant cracher dans la soupe. Comme dans le premier Destination
Finale, c’est la Mort en personne qui se charge du sort
des protagonistes. Elle ne veut pas qu’ils échappent à leur
destin. En toute logique et avec une décontraction totale,
la Mort est donc venue régler leur compte. Mais attention,
quand la Mort a décidé de se débarrasser de quelqu’un, elle
le fait et jusqu’au bout. On se rend par ailleurs compte
qu’elle possède un certain sens de l’humour et sait profiter
à bon escient de chaque élément dont elle dispose. Que ce
soit des pâtes jetées à la poubelle, des troncs d’arbre
sur un camion, des échelles un peu trop rouillées, une séance
chez le dentiste ou des pigeons qui partent en vrille (un
peu comme le cheval dans Le Cercle), rien ne lui
résiste. En gros, si elle est contre vous, vous êtes fatalement
mal barrés et quoi que vous fassiez, l’issue sera la même.