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Frida (c) D.R. FRIDA
de Julie Taymor
Par Claudia COLLAO


SYNOPSIS : Frida retrace la vie que Frida Kahlo (Salma Hayek) partagea ouvertement et courageusement avec Diego Rivera (Alfred Molina), formant avec lui un couple qui allait bouleverser et éblouir le monde de l’art.

Qu’il s’agisse des relations complexes qu’elle entretint toute sa vie, Diego Rivera -à la fois son mentor et mari -, de sa liaison secrète et controversée avec Léon Trotski ou de ses provocantes amours féminines, Frida Kahlo - révolutionnaire politique, artistique et sexuelle - vécut sa vie comme elle l’entendait : pleinement.

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POINT DE VUE

« Avec joie j’attend le départ...et j’espère bien ne jamais revenir... »
Frida

  Frida (c) D.R.

Voici les derniers mots qu’inscrit Frida Kahlo dans son journal intime, en 1954.

Derniers mots de celle qui se disait être née en 1910, l’année de la Révolution mexicaine, celle qui  fut renversée par un tramway et restera handicapée toute sa vie dans de perpétuelles souffrances, femme-muse du peintre pygmalion Diego Rivera, amante de Trotski, d’André Breton, admirée de Picasso, Kandinsky et Muray, a définitivement marqué toute la culture latino-américaine.

Frida Kahlo est l’un des peintres les plus populaires d’Amérique du Sud. S’attaquer à un tel sujet était de l’ordre du pari perdu d’avance.

Quiconque croise l’image d’un tableau de Frida Kahlo conserve en mémoire des images obsédantes. Comme une blessure perpétuellement mise à vif qui hante tout imaginaire cauchemardesque.

Le pari pris par Julie Taymor et son interprète-productrice Salma Hayek de réaliser une biographie hollywoodienne de ce mythe latino-américain communiste demeura de l’ordre de la folie. Le film n’échappe pas au genre. Les événements se succèdent dans la vie de Frida au sens le plus hollywoodien du terme. C’est peut-être, dans un premier temps, au travers une touche toute particulière apportée à la partition musicale que le sujet va à la rencontre du film. Si un titre est tout spécialement composé pour le film, interprété par le mythique Caetano Veloso et Lila Downs dans l’esprit proche des chants traditionnels mexicains, les autres éléments musicaux sont un hommage à la tradition mexicaine.

Frida (c) D.R.

Le spectateur croise la vedette portoricaine Chavela Vargas qui apparaît en « guest star » dans le film, chantant « La llorona », textuellement « la pleureuse ». Tandis que « La bruja », la sorcière, chant traditionnel mexicain chanté puis évoqué à plusieurs reprises était l’une des chansons préférées de Diego Rivera.

Si elle est difficilement évoquée dans le film, l’identité toute mexicaine du sujet semble prédéfinir le film. L’ambiance restituée demeure ainsi, loin des clichés « mexicanisants » habituels. Décors naturels, où les couleurs éclatantes sont autant de symptômes représentatifs d’une force et d’une pauvreté que l’héritage vivant d’un pays en lutte perpétuelle contre lui-même. Quelques instants fugaces sont touchés par la grâce. Lorsque Trotski et Frida gravissent une à une les marches d’une pyramide aztèque jusqu’à arriver à son sommet, où rien ne subsiste sauf un ciel qui les écrase de tous son bleu. La séquence entière justifie tous les dialogues amoureux formulables mais surtout l’alliance amoureuse d’un pays à une idéologie utopique.