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La 25e Heure (c) D.R. LA 25e HEURE
de Spike Lee
Par Alexandre TYLSKI
du Laboratoire de Recherches
en Audiovisuel de l’Ecole Supérieure
d’Audio Visuel de Toulouse


SYNOPSIS : QUE RESTERA-T-IL ? Adaptation du roman de David Beniof (24 heures avant la nuit, 2001), le nouveau film de Spike Lee est politique, nécessairement, mais il ne s’agirait pas d’oublier au fond, le talent inestimable de Spike Lee cinéaste, créateur d’ambiances sonores et d’images, directeur d’acteurs hors pair. La 25ème heure est un film magnifique. 

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  La 25e Heure (c) D.R.

Spike Lee évoque souvent son amour des détails affirmant qu’ils font selon lui toute la différence entre les bons films et les grands films. Dans le générique d’ouverture de La 25ème Heure, les toits des buildings de Manhattan au loin fument imperceptiblement dans la nuit. Un simple détail mais, pourtant, la cité de verre nous semble fumer encore après « le passage » d’un grand et funèbre brasier. Spike Lee, observateur-né de la Cité, scrutera alors sans cesse dans son film les restes d’une ville (d’un monde) et de Monty (Edward Norton). Le réalisateur new-yorkais raconte : 

« Quand on me demande de quoi parle La 25e heure, je réponds qu’Edward Norton est un dealer qui passe ses dernières 24 heures de liberté dans le New York d'après le 11 septembre (...). Même si le roman et le scénario ont été écrits avant le 11 septembre, nous savions qu'il fallait inclure l'évènement dans le film. Il ne s'agissait pas d'être démonstratif mais d'inclure cette nouvelle réalité dans le climat, dans le décor. Ignorer ce qui s'est passé et ce que cela a changé dans la ville est impossible. Ne pas en tenir compte, ne pas le présenter dans le contexte aurait été au moins une erreur, au pire un mensonge. Nous avons intégré les conséquences de cette tragédie au scénario, et c'est devenu un élément qui a été incorporé à la photo et même dans le dialogue »

La 25e Heure (c) D.R.

Alors que certains n’ont pas hésité à parler de « plans trop longs » dans La 25ème Heure, il nous a semblé au contraire que Spike Lee ne cherchait pas le « speed » propre à la vie new yorkaise, mais s’attardait dans la bonne distance sur les visages marqués, inquiets, soupesant chaque parole et chaque geste et dépeignant un monde mort cherchant à se reconstruire. Le film démarre sur un chien blessé (que Monty va recueillir) sur une route en chantier. Puis c’est un plan séquence sur deux amis discutant près d’une fenêtre de l’avenir de Monty : la caméra avancera vers la fenêtre, exécutant alors un panoramique vers le bas dehors et « dévoilant » ground zéro, les restes des Twin Towers. Le son est alors à son apogée, strident même. C’est un réveil brutal, une secousse, une chute, un coup du destin pour les spectateurs, à nouveau.