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Maléfique (c) D.R. MALEFIQUE
d’Eric Vallette
Par Romain LE VERN


SYNOPSIS : Une cellule. Quatre détenus. Carrère, chef d’entreprise accusé d’escroquerie. Marcus, 35 ans, transsexuel en cours de métamorphose. Pâquerette, 20 ans, attardé mental. Lassalle, 60 ans, intellectuel, meurtrier de sa femme. Derrière une pierre de la cellule mystérieusement descellée, ils découvrent un livre : le journal d’un détenu. Danvers, qui occupait ce lieu au début du siècle. Ce journal renferme des formules aux pouvoirs magiques qui permettraient de s’évader…

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WISHMASTER AU PAYS DE LA ZONZON

Malgré quelques belles exceptions (Les Amants Criminels, Baxter, Baby Blood…) et des cinéastes téméraires (pour ne citer qu’eux: Alain Robak, Sarah Levy, Yann Piquier…), le fantastique a toujours été un genre sous-estimé et de surcroît sous-exploité dans notre bon vieux cinéma Hexagonal. Autant enlever les soupçons immédiatement : Maléfique est effectivement une série B étonnante qui crée la bonne surprise. Pour retrouver un film aussi réussi et audacieux que celui-ci, il faut remonter en 1994 et le très étrange Parano, film à sketches détonnant, drôle et terrifiant qui racontait diverses histoires partant généralement d’une situation banale de la vie de tous les jours pour doucement mais sûrement les faire glisser sur les chemins de l’angoisse pure. Même si l’ensemble n’était pas complètement maîtrisé, on se souvient quand même de l’originalité de l’ensemble et de l’atmosphère si particulière qui rappelait, entre autres, le meilleur des Carpenter (L’antre de la folie, pour ne citer que lui). Depuis, malgré quelques Bee Movies - dont le plus réussi demeure Un jeu d’enfants de Laurent Tuel -, on ne peut malheureusement pas encore parler d’un réel enthousiasme pour le genre. Avec son scénario aussi malin que redoutable, Maléfique, prix du jury au dernier festival de Gérardmer, pourrait changer la donne et bousculer quelque peu la pusillanimité des producteurs.

Sur le papier, Maléfique n’a rien pour soulever l’euphorie : vu son contexte (une prison) et l’argument de base (un livre avec des incantations de magie), on suppose très vite le précipité simpliste, les effets minimalistes et le passage en revue de tous les codes du film carcéral. A l’écran, le résultat est heureusement plus stimulant. On le sait depuis Jeepers Creepers (et cela a été confirmé, il y a peu par quelques récentes séries B, à l’instar de l’amusant Destination Finale 2), on assiste à un véritable revival du film fantastique dépourvu de cynisme, et nageant dans les eaux limpides du premier degré. Maléfique n’échappe pas à la règle. A défaut de révolutionner le genre, le film fuit comme la peste les dérivations superfétatoires et se contente d’aller à l’essentiel. C’est amplement suffisant.

L’intérêt de Maléfique ne réside pas seulement dans une atmosphère savamment distillée et une mise en scène très inventive (les effets spéciaux sont à ce sujet brillants). Savoir où le cinéaste compte nous emmener est précisément ce qui titille notre attention tout le long du métrage. Le fait que cela se passe dans un espace confiné (une cellule) permet au cinéaste d’analyser les rapports de force entre quatre personnages différents : un père de famille à qui son fils manque et qui ne trouve du réconfort qu’auprès d’un jouet; un travesti qui fait de la muscu dans l’unique but de s’évader; un simplet qui ne contrôle pas bien ce qu’il fait; et un vieil homme qui a tué sa femme. L’arrivée du livre mystérieux va être l’élément décisif qui va exacerber encore plus gravement les tensions. Au fur et à mesure que Valette autopsie son petit monde trop tranquille pour être honnête, on finit par comprendre que les dominés et les dominants ne sont peut-être pas ceux qu’on pense.

C’est justement à partir de ce moment-là que l’on commence à avoir vraiment peur et à observer de plus près les personnages, à remarquer leurs attitudes qui trahissent parfois un peu trop ce qu’ils désirent. En partant de la fiction zonzon, Valette nous fait progressivement croire en l’incroyable avec une espèce de fausse naïveté aussi dérangeante que séduisante. On se laisse prendre au piège avec une certaine délectation jusqu’à ce que la révélation finale troublante montre qu’il faut toujours s’attendre à l’imprévu et ne jamais se fier aux apparences. Sans pour autant bouleverser les codes du genre mais en n’oubliant jamais de jouer avec eux, Eric Valette livre une fiction délicieusement parano qui joue avec les nerfs de ses personnages et à fortiori ceux du spectateur. Belle démonstration.




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Titre
: Maléfique
Réalisateur : Eric Valette
Acteurs : Clovis Cornillac,  Gérard Laroche,  Philippe Laudenbach,  Dimitri Rataud
Scénario : Alexandre Charlot, Franck Magnier
Photo : Jean-Marc Bouzou
Musique : Eric Sampieri
Festival : Gerardmer 2003
Distribution : Mars Films
Sortie le : 07 mai 2003
Durée : 1h 30 mn
Pays : France
Année : 2002