SYNOPSIS : Monty, un trafiquant de drogue
dilettante à New York, est condamné à sept ans de prison. Pour
ses dernières 24 heures de liberté, il va s’entourer de ceux
qui ont jalonné son existence : son père, ses deux meilleurs
amis, sa fiancée (qu’il soupçonne de l’avoir dénoncé) et ses
relations interlopes. Une façon de remettre au clair son entière
existence et de trouver un soutien avant le moment fatal.
Monty (Edward Norton) décide sur un
coup de tête de secourir un chien blessé et abandonné sur
une sordide route new-yorkaise. Peu importe son rendez-vous
d’affaires avec des truands. Seule compte sur l’instant cette
simple compassion passagère, s’offrir le plaisir de sauver
une vie, par caprice.
Générique. New York, la nuit. Plans sur des projecteurs géants
qui érigent dans le ciel deux tours de lumières, configurant
les jumelles perdues. De la vie à la mort ; finie l’insouciance,
place à la tragédie, aux fantômes. Place au deuil.
Car pour Monty, les choses aussi vont changer. Son destin
est en sursis : un sursis de 24 heures avant de rejoindre
la prison pour sept années, qui résonnent comme une condamnation
à mort.
Si rien ne sera plus comme avant à New York, cette évidence
semble devenir un fait cinématographique. C’est le cas de
Spike Lee, éloigné des strictes revendications afro-américaines
depuis Summer of Sam, qui a soumis le premier la ville
aux caméras après les attentats du 11 septembre 2001 pour
cette 25ème heure. Avec une question difficile :
comment filmer dorénavant New York, comment affronter sa meurtrissure,
celle de ses habitants ? Ce, sans tomber dans le film
pompier, sans verser dans la propagande ou le pathos. Spike
Lee propose de parler du présent, et de l’acceptation de la
fatalité. Pour cela, il propose une histoire générique. De
ces histoires qui font figure de métaphore.
Une histoire qui regroupe diverses
figures sociales (le courtier, le prof, le dealer, le tenancier
de bar, la Lolita, le flic, le truand), diverses origines
culturelles (irlandaises, juives, WASP, russes, portoricaines,
noires), divers conflits internes (l’arrivisme, la frustration,
le mensonge, l’aveuglement). Et un personnage central figurant
les Etats-Unis et ses contradictions (à la fois honnête et
truand). Toute cette multiplicité est soumise à un événement
majeur. Un vaste prisme qui converge vers une inévitable attitude :
porter le deuil. Le film traîne une fatalité, que ne peuvent
détourner les événements de la journée : rythme lent,
triste, musique sombre. Il n’y a qu’un pas de l’esprit à franchir
pour rétablir ces éléments dans le contexte de l’après-11
septembre. Une cité repliée sur elle-même, réduite à quelques
lieux, loin de son expansivité d’antan. Et chacun de réagir
comme il le peut : lâcheté, courage, responsabilité,
fuite : pour apprendre à souffrir ensemble.
Un film synecdoque où se lit l’Amérique actuelle, le bouleversement
de ses fondements et sa sinistrose actuelle. Un point de vue
neutre, sans discours politique ou social ; aucune responsabilité
n’est mise en jeu, aucune culpabilité n’est invoquée. Il est
trop tard pour cela. Et même si Monty saura celle ou celui
qu’il l’a donné, cela ne changera rien à son état d’esprit.
Affronter ce qui l’attend, non sans avoir impliqué physiquement
et moralement ses proches : afin de mieux leur permettre
de faire avec lui ce travail de deuil.
Un état des lieux sans concessions, d’une étonnante distance.
Un film surprenant par sa sobriété qui n’a d’autres prétentions
que la clarté. Un film blessé qui entrevoit la vie à suivre
dans sa 25ème heure.
Titre : La 25ème Heure Titre V.O. :
25th Hour Réalisateur :
Spike Lee Scénariste : David
Benoiff Acteurs : Edward
Norton, Philip Seymour Hoffman, Barry Peppe, Rosario
Dawson, Anna Paquin Image : Rodrigo Prieto Musique : Terence Blanchard Production : Touchstone
Pictures Distribution : GBVI Sortie : 12 mars
2003 Pays : USA Durée : 2h14