SYNOPSIS :
Après une jeunesse difficile, Antwone Fisher, un jeune Noir de 24 ans,
s’engage dans la marine américaine. Mais ce dernier, connaissant
certaines poussées de violence, est sujet à de nombreuses sanctions.
Suite à un conflit avec un officier, il est rétrogradé et se
retrouve forcé de consulter un psychiatre de la Navy,
Jerome Davenport. Ce dernier doit déterminer en trois séances
l’avenir du jeune homme. Refusant de s’expliquer sur ses problèmes,
Antwone s’enferme dans le silence. Davenport permettra-t-il
à Antwone d'exorciser son enfance et d'en évacuer les terribles
séquelles ?
Malcolm X, que Denzel Washington a incarné
dans le film éponyme de Lee, déclarait : "Si la chatte
met ses petits au monde dans le four cela en fait-il des biscuits
? ». Les films réalisés par des acteurs ne sont souvent
que des films d’acteurs. Antwone Fisher, mis en scène
par le même Denzel Washington, a pour cadre l’US Navy et ne
présageait - a priori - que le naufrage de ce mélodrame Hollywoodien.
Pourtant, c’est en définitive une œuvre forte, tirée d’une histoire
vraie écrite par Antwone Fisher, basée sur sa propre vie, dont
on sort bouleversé.
Après une énième bagarre, Antwone, interprété par Derek Luke,
est envoyé chez le psychiatre de la Navy (Denzel Washington).
Ce dernier est confronté au mutisme de son patient, séance après
séance, mais il réussit à engager le dialogue. La thérapie est
ponctuée de flash-back, Antwone raconte sa naissance à Cleveland,
en prison, alors que sa mère y est incarcérée, et la mort de
son père, abattu par une ex-petite amie. Il révèle aussi son
enfance difficile dans sa famille d’adoption, marquée par la
violence et l'abandon. Son caractère taciturne et fougueux émane
d’un passé rude, de l'abus et de la haine. Sa mère adoptive,
Mme Tate (Novella Nelson) est une afro-américaine qui, par des
châtiments corporels, répercute sur ses enfants l’hostilité
raciale qu’elle a endurée.
Antwone Fisher, s’il célèbre la
famille américaine à travers une histoire dramatique au sein
de la communauté afro-américaine, est une œuvre poétique, qui
possède une indéniable puissance émotionnelle et laisse difficilement
sans réaction, tant les éléments scénaristiques et la réalisation
émeuvent. Derek Luke, par son interprétation formidable, nous
fait partager la rage qui ronge Antwone Fisher.
Washington derrière la caméra se mue en conteur, il nous gratifie
de touches lyriques personnelles -trop peu nombreuses - qui
sont de parfaites réussites. Le film s’ouvre ainsi sur une scène
onirique somptueuse, au cours de laquelle un jeune garçon découvre
un banquet où il est accueilli par de nombreux convives comme
l’hôte principal. Ces images résonnent à travers le film comme
des manques et donnent des indications à Antwone sur ce qu’il
cherche. Son voyage personnel s’engage grâce à son psychiatre,
qui endosse le rôle de père, l’aidant à exorciser les démons
qui le hantent. Cette catharsis lui permet de renaître.
Si ce premier film est une réussite, on regrette quelques maladresses
de mise en scène qui le font parfois trébucher sur les canons
du genre mélodramatique. Lorsque Washington peint une atmosphère
plus dépouillée, sans s’abandonner aux sacro-saints artifices
des films hollywoodiens, (notamment la scène magnifique, pleine
de retenue, où Antwone découvre sa famille et sa vraie mère),
il met en place une mise en scène intimiste ensorcelante.
Titre : Antwone
Fisher Réalisateur
: Denzel Washington Acteurs
: Derek Luke, Denzel Washington, Joy
Bryant, Salli Richardson Scénario
: Antwone Fisher Photo
: Philippe Rousselot Musique
: Mychael Danna Production
: Lane/Todd Black Distribution
: UFD Durée
: 1h 57 mn Pays
: Etats-Unis Sortie le
: 16 avril 2003 Année
: 2002