SYNOPSIS :
Au travers du surgissement soudain d’une vieille gloire
de studio, quasi-spectre issu d’un passé oublié,
on observe crûment le dérèglement entraîné
par ce personnage sur un tournage contemporain. |
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POINT DE VUE
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Réalisé après Dark Water, The
Last Scene s’offre à priori comme un hommage poignant
rendu par Hideo Nakata à l’ancien système des studios ;
cinéaste fortement influencé par le cinéma « occidental »,
Nakata s’inscrit ici dans un genre inhabituel dans le contexte
du cinéma japonais, celui du « film dans le film ». Au
travers du surgissement soudain d’une vieille gloire de studio,
quasi-spectre issu d’un passé oublié, Nakata observe crûment
le dérèglement entraîné par ce personnage sur un tournage
contemporain.
L’argumentaire fantastique n’est jamais loin ici (mais The
Last Scene est un mélodrame), car Nakata a bien compris
que les figures du surgissement, de l’apparition, sont les
plus à même d’exprimer l’angoisse propre à la création :
c’est en ayant « oublié » la mise en danger qu’il
y a à faire un film que, selon Nakata, le cinéma japonais
contemporain se délite (voir avec quelle hargne il croque
le personnage du jeune réalisateur issu du clip, superficiel
et arrogant). La description que fait Nakata d’un tournage
contemporain est ainsi terrifiante, où le code a remplacé
jusqu’à l’absurde toute velléité de sens. On découvre ainsi
une facette encore méconnue du talent du cinéaste, celui de
dépeindre des univers grotesques, ou la caricature se
complexifie d’inquiétude face au chaos - hiérarchique, affectif
- qui règne dans le petit monde décrit ici. Le constat de
la dilapidation d’un héritage artisanal baigne The Last
Scene d’une mélancolie qui pourrait être taxé de conservatisme,
si les dérives des jeux de pouvoir d’un système paternaliste
et hypocrite comme l’étaient celui des studios n’étaient pas
soulignées.
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Le passé regorge lui aussi de dysfonctionnement
et d’abus de pouvoir, mais c’est dans l’attachement au
professionnalisme, à l’intérêt supérieur qu’est le film, que
quelque chose adviendra. Mais au-delà de l’opposition entre
évocation nostalgique du passé et description amère du présent,
The Last Scene travaille ce qui pourrait être le danger
fondateur du cinéma, la confusion ontologique entre réalité
et fiction : Au final, il ne restera que le sentiment
poignant d’une erreur tragique, celle là même du personnage
de l’acteur, convaincu que du gâchis de sa vie naîtra l’émotion.
Il n’y arrive pas, hésite et se trompe. Impitoyable, le regard
de Nakata donne à voir cet échec. L’art n’est pas la vie.
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Titre : The Last Scene
Réalisateur : Hideo Nakata
Acteurs : Johnny
Yoshinaga, Hidetoshi Nishijima, Mayumi Wakamura
Pays : Corée, Japon
Année : 2002
Durée : 98 mn
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