SYNOPSIS : El Bola, un garçon de 12 ans, passe son temps à jouer à des
jeux dangereux avec ses copains quand son père ne l’exploite
pas dans sa boutique de quincaillerie. Il doit subir les mauvais
traitements de celui-ci lorsqu’il rentre à la maison. L’arrivée
d’Alfredo dans sa classe, un garçon venu d’une famille plus
libre et ouverte, va changer sa vision du monde.
Ces temps-ci, le cinéma semble vouloir
donner la parole aux préadolescents. Que ce soit dans Moi
César, 10 ans½, 1m39 de Richard Berry ou Clément d’Emmanuelle
Bercot, les 10-12 ans se retrouvent au premier plan sur des
sujets plutôt délicats. Ici c’est la violence quotidienne qui
est en cause, avec le rapport entre un jeune garçon battu par
son père et la découverte d’un autre mode de vie, plus ouvert
et plus libre, à travers son nouvel ami.
Ce qui frappe en premier lieu, c’est la mise en scène, qui se
met réellement au niveau des enfants qui font le film. On sent
la proximité et la complicité qui unit le réalisateur et ses
jeunes comédiens, tous débutants et choisis dans la rue, notamment
le héros, Juan José Ballesta, dont la gravité et la justesse
de ton laissent penser qu’il n’est pas totalement étranger à
la situation dépeinte. Le point de vue du film est le sien,
celui d’un gamin pas gâté par la vie, et il ne s’encombre jamais
de considérations psychosociales lourdes qui l’éloigneraient
de ce qu’est la perception d’un enfant de cet âge-là.
Si les scènes sont parfois fortes et
impressionnantes lors des conflits entre « El Bola »
et son père, jamais la mise en scène d’Archero Mañas ne cède
au misérabilisme ou à l’apitoiement, ni ne fait appel à un sentiment
de pitié chez le spectateur. Il choisit toujours de montrer
les choses telles qu’elles sont : dures et cruelles mais
provoquant les mêmes sentiments que ceux du personnage, c'est-à-dire
une rage et une révolte intérieure, non un désespoir mélancolique.
Le réalisateur choisit de montrer la fascination des enfants
pour les tatouages, métaphore réussie de blessures volontaires
à la douleur éphémère, en opposition avec les coups portés de
façon gratuite et folle par le père, qui laisseront des marques
elles aussi indélébiles mais beaucoup plus traumatisantes.
Endurci, ballotté entre la fragilité d’un corps encore frêle
et le désir de le mettre à l’épreuve, le personnage traverse
le film avec une pudeur confondante.
Avec des effets simples, comme les jeux suicidaires auxquels
participe le héros ou ses provocations répétées, il montre le
mal-être d’un écorché vif qui finira peut-être, grâce à la parole
et à la compréhension, par panser des plaies trop profondes
pour son jeune âge.
Titre : El Bola Réalisateur : Achero
Mañas Scénario : Achero Mañas Acteurs : Juan
José Ballesta, Pablo Galan, Alberto Jimenez, Manuel
Moron Photo : Juan Carlos
Gomez Musique : Eduardo Arbide Production : Tesela
P.C. Distribution :
Les Films du Safran Sortie : 30 avril
2003 Pays : Espagne Année : 2001 Durée : 88 min