SYNOPSIS :
Trois
amis d’enfance, le Muet, le Fonceur et Gueka, n’ont qu’une obsession
: se procurer un costume taillé par un couturier occidental qui, pensent-ils, leur ouvrira les portes
de l’âge adulte, mais aussi de la grande vie. Après avoir tenté
en vain de le voler, à force d’amasser de l’argent en faisant
des petits boulots, ils finissent par se le procurer et par
le porter à tour de rôle, chacun ayant une bonne raison d’essayer
de paraître et de plastronner. Perdus tous trois dans des histoires
compliquées avec leurs parents, beaux-parents et grands-parents,
ils tentent de trouver une échappatoire à leurs problèmes en
paradant… |
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PLUS
PAPA QUE LUNA
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Quatre
ans après le mignon Luna Papa (1999) qui témoignait
de l’imagination débridée de son auteur, Bakhtiar Khudoinazarov
revient avec une toute autre histoire. Visiblement calmé et
donc moins hystérique qu’à l’accoutumée, le cinéaste emprunte
des sentiers plus ordinaires et met en scène un bel hymne
à l’amitié. Alors, certes, on l’accorde : le sujet - les potes
confrontés à des événements qui vont les rendre adultes -
n’est pas foncièrement original et peut n’inspirer que très
moyennement au départ. Mais ce serait mal connaître le talentueux
réalisateur qui n’a pas dans ses habitudes de faire dans la
convention. Son histoire est suffisamment bien écrite pour
qu’elle se laisse suivre sans ennui.
Plus simplement, le cinéaste bâtit une étonnante fiction dans
laquelle il filme le quotidien dans ce qu’il a de plus absurde.
La première scène du film, où un vieil attardé se fait humilier
gratuitement avec sa chèvre par une bande de jeunes, résume
parfaitement l’état d’esprit du film. Même si le fond est
très cruel, le cinéaste fait tout pour que l’humour prenne
fréquemment le dessus. La scène qui illustre peut-être le
mieux cette volonté du réalisateur est celle du braquage du
magasin : deux des trois compères ignorent tout du complot
et la caissière de service est manifestement enceinte. Ce
qui pourrait être franchement dramatique est en fait irrésistiblement
spirituel. Et inversement.
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Ne pas
en conclure que Le Costume est une comédie, loin de
là. Ni même un drame. C’est juste un film intense qui concilie
adroitement moments drôles et parenthèses émouvantes. Une
tragi-comédie qui porte un regard tendre et jamais cynique
sur les actes souvent maladroits de ses protagonistes. Le
moment où ils parviendront à avoir ce costume tant rêvé sera
une transition dans leur vie mais aussi pour le film. Le scénario
éclate alors le groupe si bien uni pour s’intéresser aux parcours
individuels de chaque personnage, tous pourvus d’événements
peu ou prou douloureux (prison, conflits générationnels, retrouvaille
avec un père qui n’assume pas son rôle, amour non réciproque,
vengeance froide…). En ne laissant jamais ses personnages
au triste état d’archétype et en approfondissant un peu plus
ce qui se trame sous les apparences, le cinéaste évite autant
que possible les clichés du genre en restant constamment juste
et en sachant être émouvant sobrement, sans tirer lourdement
sur la corde sensible. Accessoirement, il confirme après Loin
du Paradis, mélo superbe qui multiplie les clins d’œils
à Douglas Sirk, que les plus belles scènes de cinéma sont
résolument celles qui se passent sur le quai d'une gare.
Alors, soit, même si cette fois-ci, il n’y a pas de fœtus
en guise de narrateur et même si on peut regretter que le
film ne soit pas encore plus fantaisiste, cette histoire de
potes confrontés aux délicates vicissitudes de la vie est
transcendée par une interprétation d’ensemble d’excellente
facture et recèle de très grands moments d’émotion et de drôlerie
pure. Le résultat est simplement jubilatoire.
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Titre : Le Costume
Réalisateur : Bakhtiar
Khudojnazarov
Scénario : Oleg
Antonov
Acteurs : Yasenko
Peaky, Povolotsky Geka , Kokorin Dumbo, Panin
Platon, Dapkunaite Asya, Fomenko Botya
Photo : Vladimir
Klimov
Directeur artistique :
Alexander Shchurikhin
Musique : Daler
Nazarov
Montage : Andrei
Vernidub
Son : Rustam Akhadov
Costumes : Svetlana
Titova
Producteurs : Ruben
Dishdishyan, Bakhtiar Khudojnazarov
Producteur exécutif :
Rusht Rushtov
Co-production :
Paradis Films, Orly Films, Central Partnership,
0.0.0. Viss Pandora FilmProduktion, Poetiche Cinematografiche
Sortie française : 30
avril 2003
Pays : Russie
Année : 2002
Durée : 1h48
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