SYNOPSIS :
Dolls regroupe trois histoires d'amour inspirées
d'un spectacle de marionnettes : le Bunraku.
Dans la première, Matsumoto et Sawako forment un couple
heureux, mais les pressions exercées par leurs familles
vont les forcer à faire un choix tragique. Dans la deuxième,
Hiro, un chef yakusa, retourne dans un parc où il avait
l'habitude de voir sa petite amie et se souvient…Trente
ans plus tôt, le pauvre ouvrier qu'il était
a dû se séparer de la jeune fille pour intégrer
le milieu du crime. Dans la troisième, Haruna, dont le
visage est recouvert de bandages, passe le plus clair de son
temps à regarder la mer. Peu de temps auparavant, elle
était une grande star de la musique, habituée
à signer des autographes et à se montrer à
la télévision. Nukui est sans aucun doute son
plus grand fan et aujourd'hui, il compte bien le lui prouver.
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POINT DE VUE
Après la parenthèse américaine
de Aniki mon frère, Takeshi Kitano revient dans le
Japon d'aujourd'hui avec Dolls. Un ensemble de récits
inspirés des pièces du théâtre
Bunraku, écrites par Chikamatsu, avec pour thème
principal la tragédie amoureuse. Un Roméo
et Juliette à la Japonaise, qui constitue un des
films les plus sensibles et les plus contemplatifs de Kitano.
La première histoire décrit un amour passion
par la représentation métaphorique des deux
amants errants, attachés à une corde rouge,
figurant l'amour éternel jusqu'à la déchéance,
l'inertie et le silence total.
La deuxième montre que le temps n'est pas toujours
vainqueur des sentiments.
La troisième dénonce avec ironie l'amour idolâtre.
Une belle allégorie de l'amour comme perte de sens,
de l'amour aveugle. Trois histoires, trois variations pessimistes
sur ce que donne l'amour, mais aussi sur ce qu'il reprend.
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Kitano délaisse ainsi l'univers des
yakusas violents et développe, depuis 1997 (avec Hana
Bi) une forme poétique, picturale et spirituelle
de la représentation cinématographique. Son
regard se fait plus contemplatif, plus à l'écoute
des enfants (dans L'été dans Kikujiro)
ou des choses simples. Les plans se vident et s'étirent.
Le rythme s'alanguit, les dialogues se font de plus en plus
rares et la musique devient plus doucereuse. Une évolution
de style qui trouve son apogée dans Dolls.
Un style qui s'inspire directement du théâtre
Bunraku. Un théâtre inanimé de marionnettes,
chacune manœuvrée par trois personnes qui soignent
dans les moindres détails la synchronisation des gestes
des poupées, de la musique et de la narration.
Pour la première fois, le cinéaste puise dans
son patrimoine littéraire pour construire son intrigue
réversible, qui se nourrit d'une représentation
théâtrale sublime.
Le cinéaste reflète le rapport amour-mort en
utilisant la recherche d'une «cruauté dans la
beauté». Les émotions ne sont pas exprimés
par le dialogue mais par l'attitude et les gestes.
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