SYNOPSIS :
Il y a quelque chose dans
cette maison, quelque chose d’ancien et de sombre qui demeure
immobile, caché, silencieux. Terré dans l’obscurité depuis des
années car c’est l’obscurité qui lui donne corps. Et elle seule
peut l’aider à se matérialiser et à bouger. Cette chose attend
ainsi depuis plus de quarante ans, depuis que quelqu’un l’a
invoquée. Car cette maison abrite un terrible et cruel passé
au secret abominable ; il est question de sept enfants,
de gens sans visages… Une famille vient de s’installer dans
cette maison. Une famille avec un petit garçon et un père instable,
au bord de la crise de nerfs. Une cible parfaite. Au bon endroit
et au bon moment. Et si rien n’était fortuit? Si tout avait
été calculé depuis le début ? Comme dans un plan diabolique.
La maladie du père, la maison des cercles, les enfants…
Quel est le point commun entre Dark
Water, Darkness Falls et Darkness? Le mot
«dark» et une propension dans chacun de ces films à faire peur
avec le noir. Une peur qui remonte à l’enfance, qui ne date
pas d’hier certes, mais de plus en plus à la mode grâce à un
retour aux plaisirs simples et purement jouissifs du grand frisson
sans second degré ni cynisme. Jaume Balaguero n’est cependant
pas un opportuniste : il ressasse ce thème depuis La Secte
sans nom, son premier long-métrage, et s’inspire de ses
peurs enfantines pour nourrir la substance de ses scripts :
«J’imaginais des choses cachées dans le noir et qui n’apparaissent
que lorsque j’éteignais la lumière. Des choses invisibles, horribles.
Et même lorsque je rallumais la lampe de chevet, incapable de
vaincre ma peur, l’obscurité persistante dans les coins de la
pièce suffisait à me convaincre que ces choses vivaient, tapies
sous mon lit ou dans mon placard. M’espionnant. »
Vus leurs parcours respectifs, on serait tenté de d’établir
une analogie entre les cinéastes Alejandro Amenabar et Jaume
Balaguero, qui se tournent de plus en plus vers Hollywood. À
première vue, on pourrait penser que l’un suit l’autre, dans
l’ombre. Mais réflexion faite, ces deux cinéastes n’appartiennent
pas à la même école : Balaguero est plus à ranger du côté de
la fantastic factory de Brian Yuzna, avec Paco Plaza et Stuart
Gordon, tandis que les inspirations d’Amenabar se tournent plus
clairement vers Hitchcock et Buñuel. Par ailleurs, ils ont des
atmosphères particulières, propres et dissemblables. Peut-être
avons-nous un penchant plus explicite pour le cinéma d’Alejandro
Amenabar, qui non seulement a sorti plus de films, mais de surcroît
s’essaie à différentes sortes de fantastiques : l’onirisme avec
Ouvre les yeux/Abre los ojos, le malsain avec Tesis,
le gothique avec Les Autres/The Others.
Avec sa première Secte sans nom/Los
Sin nombre, on pouvait remarquer l’attirance du cinéaste
pour le morbide, les ambiances poisseuses et les dénouements
abrupts. Darkness, c’est La secte sans nom en
nettement plus abouti, en bien plus convaincant et en moins
gratuitement sadique. C’est davantage un film effrayant qui
ne propose pas de résolutions toutes faites afin de ménager
le maximum de surprises. Ainsi, il est quasiment impossible
de deviner le dénouement de l’intrigue (étrange et surprenant),
même si les figures imposées peuvent paraître grossières et
déjà vues.
Comme pour son premier film, Balaguero semble avoir eu les
coudées franches et la possibilité de remettre en scène ses
obsessions. La mise en scène, reflétant la pagaille intérieure
des personnages, tremble et se révèle ainsi d’une efficacité
totale pour instiller le trouble et la peur. Elle met en valeur
les nombreuses références qui parcourent le film, plus ou
moins volontairement : le canevas (la folie d’un père qui
jaillit au détriment de l’harmonie familiale), la mise en
forme (on fragmente le récit par jour) et les manifestations
fantastiques (les deux jumelles au bout d’un couloir) font
immédiatement penser au Shining de Kubrick, mais la
manière dont Balaguero filme évoque incidemment le travail
de Robert Mulligan sur L’autre (72), chef-d’œuvre du
genre fantastique, où là encore le noir n’a jamais été aussi
lumineux.